Brexit: Theresa May se lance dans une bataille parlementaire


Londres, Royaume-Uni | AFP | mardi 13/11/2017 - La Première ministre britannique Theresa May entame mardi une bataille parlementaire majeure, avec la reprise des débats sur le projet de loi destiné à mettre fin à la suprématie du droit européen au Royaume-uni dans le cadre du Brexit.

Ce texte crucial qui doit permettre au Royaume-Uni de continuer à fonctionner normalement lorsqu'il aura effectivement coupé le cordon avec l'Union européenne, fin mars 2019, avait été approuvé par un premier vote au Parlement britannique en septembre.
Mais son examen détaillé a pris du retard, que l'exécutif a justifié par la nécessité de prendre le temps d'étudier les nombreux amendements déposés.
Cent quatre-vingt-huit pages d'amendements au projet de loi ont été déposées, qui seront débattues au cours des prochaines semaines.
Le gouvernement risque une potentielle défaite sur certains amendements-clés, si des rebelles du Parti conservateur font alliance avec des députés du Labour, principal parti d'opposition. La Première ministre ne dispose en effet que d'une courte majorité au Parlement, grâce à son alliance avec le DUP nord-irlandais.
Cette épreuve de force intervient au moment où la Première ministre, affaiblie par les élections législatives de juin, peine à affirmer son autorité au sein même de son gouvernement.
Deux ministres ont dû démissionner ces dernières semaines, l'un touché par un scandale de harcèlement sexuel, l'autre accusée de mener une diplomatie parallèle avec Israël. Et le gouvernement se déchire ouvertement, entre "Brexiters" prêts à une rupture nette avec Bruxelles et partisans d'une approche plus accommodante. 
Deux poids-lourds chez les "Brexiters" de son équipe, les ministres des Affaires étrangères Boris Johnson et de l'Environnement Michael Gove, ont exigé la préparation sérieuse et détaillée de l'hypothèse d'une sortie de l'UE sans accord avec celle-ci, d'après le journal Mail on Sunday. 
  - 29 mars 2019, 23H GMT -  
La Première ministre subit également de plus en plus de pression de Bruxelles. Le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit, Michel Barnier, a donné deux semaines aux Britanniques pour clarifier leurs engagements sur les termes du divorce, s'ils veulent obtenir d'ici à la fin de l'année le feu vert de Bruxelles en vue de l'ouverture des négociations commerciales sur l'après-Brexit.
Dans la bataille parlementaire qui s'annonce, le premier accrochage devrait avoir lieu mardi, lorsque le Parti travailliste cherchera à faire voter un amendement qui prolongerait l'appartenance du Royaume-Uni au marché unique et à l'union douanière et la compétence de la Cour européenne de justice, lors de la période de transition.
Celle-ci débuterait après la sortie du pays de l'UE pour une durée d'environ deux ans. Mais le gouvernement a insisté sur le fait que le Royaume-Uni serait totalement hors de l'UE dès sa sortie, prévue le 29 mars 2019 à 23H00 GMT.
Cette précision dans la date, qui fera l'objet d'un amendement au projet de loi, a irrité certains députés conservateurs.
L'un d'eux, l'ancien ministre de la Justice, Dominic Grieve, a déclaré à l'AFP que cet amendement était "totalement inutile et contre-productif" et supprimait toute marge de manoeuvre en cas de retard des négociations.
Les votes les plus tendus devraient intervenir les prochaines semaines, quand Grieve et d'autres députés conservateurs tenteront de réduire les pouvoirs que le texte confère au gouvernement pour modifier les lois européennes au fur et à mesure qu'elles sont transférées.
A la veille du débat, le gouvernement a semblé faire une concession aux rebelles en promettant que les députés pourront voter sur l'accord de sortie de l'UE.
Pour Keir Starmer, référent en matière de Brexit pour le Labour, cela marque "un recul significatif de la part d'un gouvernement faible, au bord de la défaite".
Toutefois, le ministre en charge du Brexit, David Davis, a reconnu que même si les députés s'opposaient au texte, le Royaume-Uni quitterait de toute façon l'UE le 29 mars 2019.

le Mardi 14 Novembre 2017 à 04:06 | Lu 431 fois