Boxe Thaï – Portrait Anna Yon Yue Chong : « J’ai démissionné pour vivre ma passion »

Anna Yon Yue Chong a démissionné de son poste de conseillère bancaire pour vivre sa passion pour la boxe thaïlandaise. Après une défaite lors des Jeux d’Asie courant 2017, elle décide de partir pour la Thaïlande pour se perfectionner. Actuellement à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, elle nous a accordé une interview exclusive pour nous en dire un peu plus sur son parcours hors du commun.


"Je voulais avoir ce feu, moi aussi, dans le regard"
Anna Yon Yue Chong est en Thaïlande depuis novembre pour perfectionner son niveau en boxe thaïlandaise. Elle a participé à quatre combats et a obtenu quatre victoires. Blessée aux côtes lors de son troisième combat, elle s’est accordée un peu de repos. Elle ne devrait affronter qu’une seule adversaire avant son départ de Thaïlande pour la Nouvelle Zélande. Elle participera le 17 mars prochain à la soirée « Knees of Fury » à Hamilton. SB
 
Parole à Anna Yon Yue Chong :
 
Peux tu te présenter ?
 
« Anna Yon Yue Chong, j’ai bientôt 29 ans, et je suis de Arue. Niveau boulot, j’ai un parcours d’auditrice comptable et financière, mon dernier poste était celui de cadre dans une banque de la place. Au niveau du sport, j’adore la boxe thaïlandaise - et le balltrap -, je participe aux compétitions locales chaque fois que j’en ai l’occasion. »
 
Qu’est ce qui t’a amenée vers les arts martiaux ?
 
« En 2012, j’ai été fascinée par le parcours d’Anne Caroline Graffe. Voir une Tahitienne, représenter la France, arriver en finale des Jeux Olympiques, ça m’a tellement impressionnée que j’ai décidé de me mettre au sport en club. Je voulais avoir ce feu, moi aussi, dans mon regard. Le sport a également été une belle façon pour moi de m’intégrer à Levallois-Perret, je venais de m’y installer pour ma dernière année d’études en France. J’avais simplement pris la liste des différents clubs de sport de la ville, fermé les yeux et pointé au hasard : muay thaï ! »
 
« J’ai tout de suite accroché à cet art martial, le rythme et les mouvements des combattants me font toujours penser à un fauve qui guette et chasse sa proie, c’est trop beau. Et pour progresser, cela demande un engagement complet : de la passion, du respect, de la discipline, du mental, surtout cette soif de progresser et d’être forte, qui permet de tenir la distance et rester déterminée. L’esprit sportif m’apporte énormément dans ma vie, je vais jusqu’au bout des choses, je ne lâche rien. »

Après ses quatre victoires en Thaïlande, Anna va combattre en Nouvelle Zélande
Comment as-tu pu t’organiser pour arriver en Thaïlande ?
 
« A Tahiti, j’avais dû mettre la boxe thaï de côté quelques années, faute de compétitions féminines, et surtout, mon travail était ma priorité absolue. L’an dernier, j’ai décidé de faire un break, peu après avoir perdu mon père. Il fallait que je me consacre du temps. Alors j’ai pris la décision de mettre ma carrière professionnelle entre parenthèses et j’ai démissionné pour vivre ma passion. »
 
« Ce n’est pas facile à faire, quitter un bon poste, intéressant et bien rémunéré, mais il faut savoir s’écouter. L’organisation était donc simple, j’avais un peu d’épargne pour pouvoir me permettre de partir à l’aventure. Heureusement pour moi, le coût de la vie ici est très abordable. Et les combats rapportent un peu d’argent, ça paie mon ma’a ! »
 
Comment se passe la vie à Chiang Mai, le quotidien ?
 
« Je suis à Chiang mai depuis novembre dernier. Ma routine s’articule autour de l’entraînement. J’ai deux sessions par jour, composées de course à pieds, frappe au sac, passage aux paos, exercices techniques, sparring. En moyenne, cela représente six heures de sport par jour. Les entraîneurs me poussent toujours quand ils voient que j’atteins ma limite mentale, ils savent que mon corps peut tenir, surtout ces jours où je suis particulièrement fatiguée, et que je ne pense pas y arriver. Ça forge ! »
 
« Je prends juste le temps de sortir manger chez ma famille thaï qui tient un snack pas loin, d’aller me faire masser quand c’est nécessaire, d’aller encourager ma team quand il y a des combats. Plus rien de superflu, j’ai besoin de toute mon énergie pour progresser, je veux faire de la compétition, pas du tourisme. J’ai aussi appris la lecture du combat thaï, la domination est jugée différemment, j’adore leur vision, et ça me permet de penser le combat autrement. » Propos recueillis par SB

Anna est actuellement à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande

Rédigé par SB le Mercredi 14 Février 2018 à 13:33 | Lu 2744 fois