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Battue par son mari, elle ne savait plus quoi faire


Photo d'illustration
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RAIATEA, le 02/11/2016 - Une jeune femme de 29 ans s'est fait tabasser mardi soir par son conjoint, à Raiatea. Perdue avec son fils de 4 ans, elle ne savait plus vers qui se tourner et a contacté la rédaction de Tahiti Infos. Nous l'avons dirigée vers l'association Vahine Orama no Raromatai. Une plainte devrait être déposée dès aujourd’hui à la gendarmerie. En 2015, l'association Vahine Orama no Raromatai a logé une quinzaine de femmes avec leurs enfants dans des hébergements différents.

"Il m'a tabassé et il m'a dit que si je racontais à ma famille ou à la sienne, il allait nous tuer, moi et notre enfant." Hinano* vit un calvaire depuis trois semaines. Tous les soirs, elle se fait battre par son mari, mais mardi dernier, ça a été la fois de trop. La jeune femme, âgée de 29 ans, s'est taillée les veines "suite à sa détresse et aux coups qu'elle a reçus", raconte Marion Dusserre, secrétaire de l'association Vahine Orama no Raromatai.

Perdue avec un enfant de 4 ans à ses côtés, Hinano ne sait plus quoi faire. Elle contacte notre rédaction afin de trouver une solution à sa détresse : "J'habite à Fetuna et je suis venue à Uturoa. J'attends de me calmer avant d'aller voir ma maman", dit-elle en sanglot au téléphone.

L'association Vahine Orama a ensuite pris le relais et a organisé une rencontre avec la jeune femme et son petit. "Elle avait des traces de coups sur le corps avec un bandage sur le poignet droit", décrit Marion Dusserre. "Son tane la bat tous les soirs sur fond d'alcool et de paka", poursuit-elle.

Les menaces de mort sont courantes dans ces cas-là : "C'est quasiment systématique. Les hommes violents qui frappent leur compagne ne veulent pas que ça se sache. Ils savent que ce n'est pas bien et qu'ils pourront être embêtés par la justice. Ils menacent en disant que si jamais la femme en parle, la famille et elle vont en pâtir", explique la secrétaire de l'association Vahine Orama no Raromatai.

Des propos et des coups qui ont été portés devant l'enfant du couple : "Il est traumatisé. Il a assisté à plusieurs scènes de violence. Je lui ai proposé d'aller voir une équipe pluridisciplinaire, avec une psychologue qui intervient tous les 15 jours à Raiatea. Quand il y a des enfants qui souffrent de violences au sein de la famille, on les fait intervenir. Ils font un excellent travail. Nous avons aussi une psychologue qui travaille beaucoup avec nous. On lui fait venir nos mamans. D'ailleurs, la jeune maman est d'accord pour y aller. Elle est un peu détruite moralement", raconte Marion Dusserre.

Du coup, une plainte devrait être déposée à la gendarmerie, ce jeudi. "Ensuite, les forces de l'ordre vont convoquer le tane en question et lui expliquer de manière sévère que ce n'est pas normal et légal, et que s'il recommence, il peut avoir à faire à la justice", indique Marion Dusserrre, en insistant notamment sur le fait que le mari violent pourra aussi être suivi par leurs services. "Il y a des hommes, avec qui on travaille, qui ont déjà battu leurs femmes et qui connaissent ce genre de situation. Ces hommes sont d'accord pour discuter avec les tane violents. Maintenant, je ne suis pas sûre qu'il le fasse."

Cependant, la balle est aujourd'hui entre les mains de Hinano*. S'il elle veut aller au bout de sa démarche pour mettre fin à ses violences, il va falloir qu'elle franchisse le pas. "Souvent, on s'attend à ce que les femmes réagissent de manière plus rapide. Maintenant, on n'a pas le droit de s'immiscer dans leur vie, on est là pour leur venir en aide. Par contre, j'ai peur qu'elle se fasse taper puisqu'il fait ça tous les soirs quand il revient. S’il revient pour l'embêter, d'abord, elle aura sa famille qui est déjà au courant, son frère aussi sait, et elle a notre numéro. Sa belle-sœur doit nous contacter s'il devient violent et on fera intervenir les gendarmes."

Des situations comme celles-là, Marion et les membres de l'association Vahine Orama en voient systématiquement. Aux Raromatai, en 2015, l'association Vahine Orama a fait une trentaine d'intervention. Elle a placé également une quinzaine de femmes avec leurs enfants dans des hébergements différents.




*Prénom modifié

Que risque l’auteur des violences ?

Tout dépend du degré de gravité des violences et des circonstances de leur commission :
• une peine de trois ans d'emprisonnement est encourue si les violences commises sur le conjoint ou le concubin ont entraîné une incapacité totale de travail inférieure ou égale à 8 jours ou n'ont entraîné aucune incapacité de travail. La peine est portée à 5 ans ou 7 ans si les violences sont accompagnées d'une ou plusieurs autres circonstances aggravantes.
• une peine de 5 ans d'emprisonnement est encourue si les violences commises par le conjoint ou le concubin ont entraîné une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours. La peine est portée à 7 ans ou 10 ans si les violences sont accompagnées d'une ou plusieurs autres circonstances aggravantes.
• une peine de 20 ans de réclusion criminelle si ces violences consistent en un viol commis par le conjoint ou le concubin.
• le meurtre par conjoint ou concubin est puni de la réclusion criminelle à perpétuité.
Source : ministère de la Justice

Contact

Vahine Orama no Raromatai : 87 25 32 32
Vahine Orama Moorea : 87 38 02 77
Vahine Orama Tahiti iti : 87 38 02 74
Vahine Orama Tahiti nui : 87 72 14 78


le Mercredi 2 Novembre 2016 à 16:58 | Lu 16189 fois
           



Commentaires

1.Posté par Mathius le 02/11/2016 18:59 | Alerter
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Toujours la pareils, comment enrayer ce fléau de la société polynesienne sans créer de veritables structures d'hygiènes mentales infantiles,? L'alcool et le pakalolo a créer un phénomème de sociophatie chez les 25 à 60 ans qui engendre de plus en plus de psychophates et les gouvernements sont tous complices de se fléau qui crée plus mort que les effets nucléaires. Serais-ce pour cela que les églises ne prennent pas leurs responsabilités et que la presse ferme les yeux sur les causes réelles de ce fléau social? Surtout j'espère qu'ils auront suffisamment de pudeur pour ne pas parler d'un restant de pratique culturelle de bons sauvages chez ces détraqués de l'humanité.

2.Posté par . le 02/11/2016 21:48 | Alerter
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Il faut se faire battre une seconde fois pour qu'une sanction soit appliquer ??? Allô !!! On va où là ???
Et si c'était la dernier fois ?!?

3.Posté par circonspect le 03/11/2016 04:25 | Alerter
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J'habite Faa'a depuis 50 ans et le nouveau comportement très violent de mon voisin vis avis de sa famille lorsqu'il a consommé alcool + Pakalolo lors d'une bringue est inadmissible,
comme le dit Mathius c'est vraiment actuellement le fléau majeur qu'il faut tous combattre avec l’appuie des église.
Le peace and love des années 70 est bien loin ! ...

4.Posté par simone grand le 03/11/2016 08:14 | Alerter
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Voilà un beau combat pour l'association 193. Au moins c'est un pb actuel et tangible.

5.Posté par visiteur le 03/11/2016 09:11 | Alerter
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Pour une femme battue, il est difficile de quitter son conjoint et son foyer et ce pour diverses raisons : Il se peut qu'elle ait tellement investie d'argent dans la construction de la maison qu'elle se voit mal tout laisser derrière elle, qu'elle soit sans ressources/ sans emploi, qu'elle n'ait aucun soutien de la part de sa famille, qu'elle n'ait pas ou peu de vie sociale ( avec peu d'amis sur qui compter), qu'elle aime encore son mari tout simplement et qu'elle pense que tout pourra s'arranger, qu'elle soit croyante et que divorcer et quitter son foyer seraient un pêché, et qu'elle ne se voit pas faire sa vie sans lui..., qu'elle ait des enfants et qu'il soit donc plus difficile de tout quitter..., qu'elle se voit mal tout recommencer., qu'elle ait "peur" de vivre seule.., qu'elle ne sache pas où aller..., qu'elle éprouve de la "honte" vis à vis des "autres" et qu'elle veuille se convaincre mais aussi convaincre les autres que "tout va bien"..., l'insularité fait que tout le monde se connait et que de nombreuses personnes se soucient du regard des autres,... Beaucoup d'entre elles sont "dépendantes" de leurs mari, parfois financièrement, et plus encore affectivement. Le cycle de la violence conjugale est presque toujours le même : Le mari violent crée des tensions et fait peur à la victime. La violence explose. Peu de temps après, le mari violent retourne vers sa femme et tente de se justifier, fait parfois croire à sa victime que c'est de sa faute à elle, en la culpabilisant. Il émet des regrets, demande "pardon", et va parfois jusqu'à dire qu'il ne recommencera pas. La victime culpabilise. Après quoi, elle accepte de rester à ses côtés, le couple se retrouve dans une phase dite "Lune de Miel" et tout parait rentrer dans l'ordre. L'épouse victime espère alors que son mari va changer et essaie de se convaincre qu'il ne recommencera pas. Puis, la même situation finit par se répéter. Parfois, certains couples arrivent à s'en sortir alors que d'autres non. Alors à toutes ces femmes dans ce cas : La seule manière de s'en sortir, lorsque ce schéma se répète et que VOUS vivez le cycle de la violence conjugale, est de quitter votre foyer, et d'aller chercher de l...

6.Posté par Numéric le 03/11/2016 10:11 | Alerter
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si on fair rien! battre sa femme deviendra une tradition du fenua!

7.Posté par TEIKI le 03/11/2016 11:57 | Alerter
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c'est un reste de la culture primitive que certains admirent

8.Posté par simone grand le 03/11/2016 15:34 | Alerter
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Nadine Trintignant s'est laissée battre à mort par Bertrand Cantat.
Etre sous emprise, ça doit exister, ou quelque chose comme ça.

9.Posté par TOM le 03/11/2016 15:51 | Alerter
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Bah, la routine, les politiques et le justice s'en foutent royalement. Au pire il fera 6 mois de prison ...

10.Posté par emere cunning le 07/11/2016 10:31 | Alerter
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@ Numéric,
Que dis tu de la France, PAYS DES DROITS DE L’HOMME, où une femme MEURT tous les TROIS JOURS de violences conjugales, est violée toutes les SIX MINUTES ? Plus qu’une tradition, serait ce que c’est désormais inscrit dans l’ADN des français ? Et des gaulois que nous serions ?
Mea maita’i paha e mamu noa to ‘oe vaha.