Baby Maoni continue de pêcher “de temps en temps” devant chez lui, à Teahupo’o (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 1er septembre 2025 – À l’occasion de son 87e anniversaire, Baby Maoni a accepté de replonger dans ses souvenirs, de ses premières sessions de pêche sous-marine à l’adolescence jusqu’aux compétitions de 1973 à 1988, période marquée par deux titres de champion de France. Connecté à l’océan comme ses enfants et ses petits-enfants qui brillent dans le va’a, le retraité continue de pêcher “de temps en temps” devant chez lui, à Teahupo’o.
Retraité d’Électricité de Tahiti (EDT) où il a exercé la fonction de chef de quart pendant 47 ans, Baby Léon Maoni fêtera ses 87 ans ce mardi 2 septembre. Celui qu’on surnomme aussi “Coro” se souvient comme si c’était hier de ses premières parties de pêche à l’adolescence. “J’ai été élevé par ma grand-mère à Paea, où j’ai commencé la chasse sous-marine à l’âge de 13 ans avant de rejoindre mon père à Teahupo’o. Je regardais comment les vieux faisaient et je les ai suivis. J’ai commencé à vivre de la pêche : je vendais mes poissons pour aller acheter du pain, du sucre”, confie-t-il, contraint de quitter l’école où il était malmené en tant que gaucher.
Retraité d’Électricité de Tahiti (EDT) où il a exercé la fonction de chef de quart pendant 47 ans, Baby Léon Maoni fêtera ses 87 ans ce mardi 2 septembre. Celui qu’on surnomme aussi “Coro” se souvient comme si c’était hier de ses premières parties de pêche à l’adolescence. “J’ai été élevé par ma grand-mère à Paea, où j’ai commencé la chasse sous-marine à l’âge de 13 ans avant de rejoindre mon père à Teahupo’o. Je regardais comment les vieux faisaient et je les ai suivis. J’ai commencé à vivre de la pêche : je vendais mes poissons pour aller acheter du pain, du sucre”, confie-t-il, contraint de quitter l’école où il était malmené en tant que gaucher.
“J’ai commencé tout en bas”
La nécessité s’est progressivement transformée en passion. Et le talent de Baby Maoni n’est pas passé inaperçu, y compris au sein de l’armée. “À 19 ans, j’ai fait mon service militaire à Nouméa. J’étais apprécié pas mes chefs, car je pêchais pour la caserne de Plum. On m’a proposé de m’engager, car ils n’étaient pas fiu de moi, mais je voulais rentrer à Tahiti, où ma femme et ma famille m’attendaient.”
Le football, autre sport dans lequel il excellait, a aussi occupé une place importante dans sa vie. Membre de l’AS Vaiete à Papeete, il a ensuite “pris en main” l’équipe de Teahupo’o pendant dix ans. “On a raflé beaucoup de victoires ! Puis j’ai voulu changer de sport.”
“Je connaissais des champions de chasse sous-marine, que j’ai rejoints. J’ai intégré le club Maire Nui de Tautira. Ma première qualification, c’était à Bora Bora en 1973. J’ai commencé tout en bas et voilà mon palmarès”, raconte-t-il en montrant un tableau peint par son fils aîné, Baby Vetea Maoni, retraçant quinze années de compétition dans le sillage d’une tortue. Double champion de France en 1980 à Biarritz avec Fernand Ateo et en 1982 à Cannes avec Francis Nanai, il a aussi remporté plusieurs titres de champion de Polynésie par équipe et en individuel, et s’est même classé cinquième mondial en Martinique.
Si Baby Maoni garde des souvenirs mémorables des eaux poissonneuses de Guadeloupe, c’est chez lui, à Teahupo’o, qu’il a fait sa plus belle prise : un thon à dents de chien (va’u) de 62 kg, remonté après une bataille épuisante. Pleine de réussites, sa vie aquatique ne lui a pas épargné quelques blessures : “Je me suis fais mordre par un requin dans le dos. Ce jour-là, j’avais tiré une carangue et mon nylon s’est déchiré. Au moment de descendre pour suivre le poisson, j’ai vu un requin arriver du fond. Je l’ai repoussé avec mes palmes et mes mains, et en glissant, il m’a mordu”. Plus dur encore, il a perdu un cousin lors d’une session de pêche.
Retour de pêche avec Anthony Paheroo, coéquipier et ami avec lequel il a remporté le championnat de Polynésie en 1979 (Crédit : archives familiales).
Connexion à l’océan
Malgré ces épreuves, Baby Maoni s’est toujours senti dans son élément sous l’eau. “Il m’arrive de pêcher à la traîne en bateau, mais je préfère la chasse sous-marine. J’aime observer les couleurs du récif et des poissons. C’est technique et ça demande du souffle, mais ça permet de se vider l’esprit.” Sa passion l’a d’ailleurs poussé à fabriquer ses propres pupuhi (fusils) en bois pour son usage personnel, mais aussi pour ses proches.
Il a transmis cette connexion à l’océan à ses enfants, à commencer par son fils cadet, Karyl Maoni. “J’ai commencé la pêche sous-marine à 7 ans. À partir de 14 ans, c’était tous les week-ends, puis je me suis mis à la pirogue”, glisse le champion du monde en V1 500 mètres, qui vise un dixième titre à Singapour en 2026. “Notre père nous a toujours dit qu’il ne faut pas oublier que dans la mer, le poisson est sur son terrain et il peut t’emmener au fond. Il faut garder suffisamment d’air pour remonter. Il faut faire attention et ne pas y aller tout seul”, poursuit-il, continuant de pêcher sur son temps libre avec ses propres enfants. Dans la famille, les champions ne manquent pas : Baby Maoni est aussi le grand-père de Vaimiti et Errol Maoni, rameurs multimédaillés.
Aujourd’hui encore, l’ancien champion au regard rieur continue de pêcher “de temps en temps” devant chez lui, pour le plaisir.