Au tribunal, encore et toujours des violences conjugales


Tahiti, le 7 août 2025 – Poursuivi pour avoir battu sa très jeune femme et lui avoir occasionné 30 jours d'incapacité totale de travail en lui cognant notamment la tête contre une porte, un plaquiste de 38 ans a été condamné jeudi à deux ans de prison dont un avec sursis probatoire pendant trois ans ainsi qu'au retrait de l'exercice de l'autorité parentale.


Il y a l'évocation habituelle de la thématique des violences conjugales dans la presse et les discours politiques puis il y a l'image, saisissante, d'une jeune femme de 23 ans au visage d'adolescente qui s'avance à la barre, terrorisée, qui semble s'y accrocher comme pour ne pas s'effondrer. Il y a aussi la peur, voire la terreur, qui émane d'elle et tout l'auditoire semble prendre conscience de sa souffrance, de sa fragilité et de sa culpabilité car “je l'ai bien cherché”.


Le tribunal correctionnel a jugé, jeudi en comparution immédiate, un plaquiste de 38 ans poursuivi pour des violences aggravées commises sur sa jeune compagne le 3 août dernier alors qu'il avait 1,8 gramme d'alcool dans le sang. La scène avait commencé par une dispute et l'homme s'était acharné sur la victime à laquelle il avait donné des coups de poing et dont il avait pris la tête pour la cogner contre une porte à plusieurs reprises. Des faits si violents que la jeune femme s'était vu prescrire 30 jours d'incapacité totale de travail par un médecin qui avait relevé qu'elle avait des “traces sur tout le corps” et qu'elle risquait de passer à l'acte en se suicidant. Le praticien avait également noté que la victime subissait des “violences verbales” et des “humiliations”.

Risque “majeur” de réitération
 

Bien qu'il n'ait été poursuivi que pour les violences du 3 août et non pour des violences habituelles, le prévenu a reconnu à la barre qu'il mettait régulièrement des “gifles” à sa jeune compagne – et mère de leurs deux enfants – notamment lorsque cette dernière n'était pas à la maison, là où elle devrait normalement se trouver pour “faire le ma'a”. Entendue à son tour, en pleurs, la victime s'est effondrée en murmurant qu'elle aimerait que son conjoint comprenne que “les femmes ne sont pas aussi physiquement fortes que les hommes”. Contrairement à ce qu'elle avait déclaré aux enquêteurs, elle a ensuite indiqué qu'elle souhaitait reprendre la vie commune car, comme dans de nombreux dossiers de violences conjugales, le salaire du prévenu est le seul permettant de faire vivre la famille.


Une dépendance matérielle, “la réalité du dossier” selon le procureur de la République pour lequel il est normal que la jeune femme s'inquiète pour son “avenir” et surtout pour celui de ses enfants. Avant de requérir deux ans de prison dont un avec sursis probatoire pendant trois ans, le maintien détention et le retrait de l'exercice de l'autorité parentale, le représentant du ministère public a souligné la “gravité des faits” et le risque “majeur de réitération”.

Pour la défense du plaquiste, Me John Tefan a tout d'abord assuré que ces réquisitions étaient “le résultat d'une analyse de toutes les violences qui auraient été commises” antérieurement alors qu'il n'était pas poursuivi pour des violences habituelles. Il a ensuite demandé au tribunal de prononcer un aménagement de peine pour que le prévenu conserve son travail.

Après en avoir délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public à la lettre.

 


Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 7 Aout 2025 à 16:13 | Lu 3689 fois