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Au Parlement avec son bébé: le rappel à l'ordre d'une députée britannique crée le débat


Handout / PRU / AFP
Handout / PRU / AFP
Londres, Royaume-Uni | AFP | mercredi 24/11/2021 - Venue au Parlement avec son bébé de trois mois, la députée britannique Stella Creasy a été rappelée à l'ordre. Face aux critiques, l'institution a promis mercredi de revoir ses règles imposées aux élus devenant parents.

Jugeant "extrêmement important" que les jeunes parents puissent participer pleinement au travail parlementaire, le président de la Chambre des Communes Lindsay Hoyle a affirmé que "les règles doivent être considérées dans leur contexte" et qu'elles "changent avec le temps".

Il a annoncé qu'une commission examinerait la question pour que "la Chambre puisse finalement se prononcer" après avoir été saisie par la députée Alex Davies-Jones d'un événement qui l'avait laissée, avec d'autres mères, "extrêmement inquiète".

La raison ? Le rappel à l'ordre reçu la veille par sa collègue Stella Creasy, venue avec son bébé Pip sagement endormi pour participer aux débats. 

La députée de l'opposition travailliste a posté sur Twitter la photo d'un email officiel lui indiquant que le règlement de la Chambre des Communes stipulait qu'un député ne pouvait pas venir "accompagné d'un enfant".  

"Apparemment je ne peux pas venir avec mon bébé de trois mois bien élevé et endormi lorsque je parle à la Chambre", a-t-elle tweeté. "Il semblerait que les mères ne doivent pas être vues ni entendues dans la mère de tous les Parlements". 

Maternité "réprimandée" 

La façon dont les députées et autres femmes politiques concilient leur travail et vie de jeunes parents sont depuis quelques temps scrutées dans plusieurs pays. 

En 2018, la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern était devenue un symbole des mères qui travaillent en amenant son bébé Neve à l'Assemblée générale de l'ONU à New York. 

Depuis, une députée danoise s'était elle vue priée de quitter son hémicycle avec sa fille de cinq mois. "On ne veut pas de toi avec ton bébé dans la salle du Parlement", lui avait intimé la présidente de la chambre, Pia Kjærsgaard. 

Au Royaume-Uni, il est officiellement interdit d'emmener son enfant à la Chambre des Communes. L'année dernière pourtant, Lindsay Hoyle avait autorisé la députée Alex Davies-Jones à venir avec son bébé.

Stella Creasy elle-même, qui milite depuis longtemps pour une meilleure inclusion des mères en politique, était déjà venue accompagnée de son fils ou précédemment de sa fille.

Elle était ainsi apparue à la Chambre des Communes fin septembre avec son nouveau-né pour réclamer que les mères soient soutenues plutôt que "réprimandées" lors de leur retour au Parlement.

Au micro de Times Radio, Mme Creasy s'est "réjouie" des changements promis: "Ce n'est pas sorcier de comprendre pourquoi il n'y a pas beaucoup de parents de jeunes enfants, et encore moins de mères, au sein de notre classe politique". 

Règle "absurde" 

La députée travailliste a reçu de nombreux soutiens: la députée verte Caroline Lucas a dénoncé une règle "absurde" et souligné malicieusement que les bébés présents au Parlement sont en général "bien moins perturbateurs que nombre de députés braillards". 

Il y a cependant des "points de vue divergents" sur la question, comme l'a souligné le président de la Chambre. "Les parents qui sont payés une fraction de ce que vous gagnez paient pour la garde des enfants et jonglent avec les responsabilités pour pouvoir aller travailler. Qu'est-ce qui vous rend si spéciaux ?" a demandé sur Twitter le conservateur Scott Benton.

Pour Stella Creasy cependant, la question se pose d'autant plus que les députées britanniques ne bénéficient pas d'un véritable congé maternité, puisqu'elles n'ont pas le droit -contrairement aux ministres depuis février- à ce que quelqu'un les remplace pendant leur congé de six mois. 

"Les habitants de (ma circonscription) seraient privés de toute représentation si je cessais le travail, a-t-elle affirmé dans le Guardian, estimant qu'un "bébé de trois mois est trop jeune pour qu'on le laisse seul".

Le gouvernement a assuré être favorable en général à "des lieux de travail modernes et flexibles, comme il se doit au XXIe siècle", selon un porte-parole de Boris Johnson qui a refusé de dire si le Premier ministre comptait emmener son fils Wilfred, né en avril 2020.

le Jeudi 25 Novembre 2021 à 05:42 | Lu 891 fois