Asie-Pacifique: la Chine loue "l'ouverture" face au protectionnisme américain


Kuala Lumpur, Malaisie | AFP | jeudi 19/11/2020 - "Pas de développement sans ouverture": la Chine s'est posée jeudi en championne du libre-échange au sommet de l'Asie-Pacifique face à Donald Trump, quelques jours après la signature du plus grand accord commercial planétaire promu par Pékin.

La réunion du Forum économique Asie-Pacifique (Apec), organisée par la Malaisie, se déroule en ligne cette année en raison du Covid-19. 

Il rassemble les 21 pays du pourtour du Pacifique (dont les deux premières économies mondiales les Etats-Unis et la Chine) qui représentent quelque 60% du PIB mondial.

Pékin est devenu le principal moteur de l'organisation ces dernières années après que Washington a commencé à se retirer des structures multilatérales sous l'impulsion du président Donald Trump et de son credo "l'Amérique d'abord".

Ce sommet de l'Apec intervient moins d'une semaine après la signature du plus vaste accord de libre-échange au monde entre la Chine et 14 autres pays d'Asie-Pacifique.

Le Partenariat régional économique global (RCEP), signé sans l'Inde ni les Etats-Unis, est perçu comme une victoire pour Pékin, à l'origine de l'initiative.

L'accord était le concurrent du Traité de libre-échange transpacifique (TPP), promu par le président démocrate Barack Obama. Donald Trump avait retiré son pays du projet en 2017.

L'Asie-Pacifique est "aux avant-postes de la croissance" d'un monde frappé par "de multiples défis", dont la pandémie de Covid-19, a déclaré en ouverture du sommet le président chinois Xi Jinping.

L'homme fort de Pékin a présenté jeudi son pays comme le moteur du commerce mondial, et promis "d'ouvrir encore davantage les portes" de son marché national.

Il s'agit d'un engagement récurrent du pouvoir communiste, qui n'hésite toutefois pas à manier l'arme économique pour exercer une pression politique.

"Aller de l'avant"

En pleine dégradation des relations diplomatiques avec l'Australie, la Chine a ainsi multiplié ces derniers mois les mesures de rétorsion visant des produits australiens comme le boeuf ou l'orge.

Xi Jinping a également lancé un avertissement contre le protectionnisme.

Aucune nation "ne peut se développer en maintenant ses portes fermées", a affirmé le numéro un chinois sans toutefois explicitement nommer les Etats-Unis.

Pendant les quatre ans de mandat de Donald Trump à la Maison blanche, les sommets de l'Apec ont été assombris par l'escalade de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

Cet affrontement entre les deux géants du Pacifique s'est traduit par des surtaxes douanières punitives réciproques portant sur de nombreuses marchandises et qui ont déstabilisé l'économie mondiale. 

Pékin et Washington ont toutefois signé une trêve en janvier, juste avant que le monde ne soit paralysé par la pandémie de Covid-19.

"L'ouverture est ce qui permet à un pays d'aller de l'avant, alors que l'isolement le freine", a ajouté Xi Jinping dans son allocution diffusée en ligne.

"La Chine coopérera activement avec tous les pays, régions et entreprises qui le souhaitent. Nous continuerons à porter haut la bannière de l'ouverture et de la coopération" grâce notamment à notre "gigantesque marché", a promis M. Xi.

Le président chinois a par ailleurs dénoncé toute idée de "découplage" économique avec les Etats-Unis. Cette stratégie avancée par l'administration Trump est supposée réduire drastiquement la dépendance à la Chine de l'économie américaine.

Aux antipodes du président chinois, il n'était pas clair dans l'immédiat si Donald Trump, occupé à contester les résultats de l'élection présidentielle, prendra part au sommet de l'Apec ou si un haut responsable américain le représentera.

Certains participants au sommet de l'Apec ont néanmoins dit leur espoir que la nouvelle administration du démocrate Joe Biden renouera avec les organisations multilatérales.

"Je pense que (l'administration Biden) apportera plus de soutien à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et à l'Apec", a déclaré le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong.

"J'espère que l'on verra une approche plus constructive avec des pays qui travaillent ensemble plutôt que les uns contre les autres".

le Jeudi 19 Novembre 2020 à 05:35 | Lu 133 fois