Après-PK 26 : comment la DCA contrôle les chantiers ?


© Tim McKenna
Tahiti, le 5 décembre 2025 - Après la décision d’annuler le permis de construire du chantier du PK 26 à Paea, Tahiti Infos a sollicité la Direction de la construction et de l’aménagement (DCA) pour clarifier les procédures et les contrôles liés notamment aux terrassements. Dans une interview, le directeur de la DCA, Ian Vanizette, récemment nommé, revient sur ce dossier, sur le manque d’agents, les signalements croissants et le nécessité de renforcer autant la prévention que la sanction.
 
Quels constats vos services ont-ils faits sur le chantier du PK 26 ?
 
“Nous avons observé un écart entre ce qui était autorisé dans le permis de terrasser et ce qui a été réalisé. Le tracé et les volumes ne correspondaient pas aux plans validés. Voilà pourquoi le permis a été annulé.”
 
Quelles mesures immédiates ont été prises au PK 26 ?
 
“Je me suis rendu sur place avec notre ingénieur géotechnicien. Le chantier, tel qu’il est, doit être sécurisé d’urgence. Le propriétaire a été informé qu’il devait faire intervenir un géotechnicien, établir un diagnostic et proposer les mesures nécessaires pour stabiliser la zone, notamment vis-à-vis des eaux pluviales et des chutes de blocs. Une fois le rapport transmis, la mairie pourra lever l’interdiction uniquement pour ces travaux de sécurisation.”
 
Pourquoi ces écarts n’ont-ils pas été détectés plus tôt ? 
 
“La procédure standard veut que la DCA contrôle à la fin des travaux. Pendant le chantier, le suivi doit être assuré par un géotechnicien mandaté par le porteur de projet. Nous ne nous déplaçons pas en cours d’exécution. Dans la plupart des cas, c’est un signalement des riverains qui nous alerte.”
 
Justement, les riverains alertaient depuis plusieurs mois…
 
“Aujourd’hui, nous n’avons plus d’agents assermentés sur le Grand Tahiti-Moorea et les Tuamotu pour effectuer les constats sur le terrain. La brigade comptait deux agents ; ils ont quitté le service. Cela fait plus d’un an qu’il n’y a plus d’équipe opérationnelle. C’est une des demandes qu'on formule – pouvoir se doter d'une brigade pour pouvoir suivre des signalements. Mais c’est un métier où les agents interviennent dans des situations souvent conflictuelles, ce qui explique un important turn-over.”
 
Comment les gérez-vous en ce moment ?
 
“En l’absence d’agents, nous demandons aux mairies si leurs équipes peuvent se rendre sur place et nous décrire ce qu’elles observent. Ensuite, nos agents instruisent le dossier depuis les bureaux et, si les faits sont avérés, transmettent au procureur. Mais ce fonctionnement est forcément plus lent.”
 
Comment renforcer les contrôles pour éviter que de telles situations se reproduisent ?
 
“La première étape est de reconstituer une brigade de contrôle sur le Grand Tahiti-Moorea. Sans agents formés, nous ne pouvons pas répondre à la demande croissante de signalements. Nous travaillons aussi à une campagne de sensibilisation du public sur les risques liés aux terrassements mal encadrés et sur l’obligation de passer par un bureau d’études, notamment en zones d’aléas. Même pour de faibles volumes, en zone bleue ou rouge, un bureau d’études est obligatoire. Et nous voulons que ce soit mieux compris. Il faudrait également développer le volet sanction, avec des mesures plus dissuasives pour éviter les pratiques abusives.”
 

Rédigé par Propos recueillis par Darianna Myszka le Vendredi 5 Décembre 2025 à 19:42 | Lu 263 fois