Affaire JPK : la perspective d'une annulation des mises en examen de Mara et Manate s'amenuise


Tutu Manate et Tino Mara sont mis en examen pour le meurtre, l'enlèvement et la séquestration en bande organisée du journaliste Jean-Pascal Couraud, en décembre 1997
PAPEETE, 27 mai 2014 – Nouveau renvoi de l’audience de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Papeete, saisie d’une demande de levée des mises en examen de MM. Mara et Manate.

Les deux anciens agents du Groupement d’intervention de Polynésie (GIP) sont prévenus des chefs de meurtre, enlèvement et séquestration en bande organisée du journaliste Jean-Pascal Couraud, dit JPK.

En décembre 1997, Tino Mara et Tutu Manate sont soupçonnés d'avoir lesté et jeté à la mer le journaliste, un opposant notoire à Gaston Flosse, sur ordre de Léonard Colombel dit "Rere Puputauki", leur chef de l'époque. Ils sont mis en examen depuis le 25 juin dernier, tout comme l’ancien chef des GIP le 15 juillet 2013. Mais ce dernier a saisi la chambre de l’instruction hors délai.

L’audience devant statuer sur la mise en examen de MM. Mara et Manate a été renvoyée mardi au 17 juin prochain afin permettre à Me François Quinquis, le conseil juridique des deux anciens agents du GIP, de prendre connaissance du mémoire déposé par les avocats de la famille Couraud.
Cette audience avait fait l’objet d’un premier renvoi fin avril dernier, dans l’attente du retour de métropole d'enregistrements potentiellement accablants pour les deux prévenus.

Nouveaux éléments

Ces sonorisations, dont le quotidien Le Monde avait révélé l’existence début avril, ont depuis été optimisées et traduites pour être versées au dossier de l’instruction. L’exploitation qui en a été faite par la Section de recherches de Papeete, recueille plusieurs éléments de conversation évoquant l'homicide et suggérant que Tino Mara et Tutu Manate auraient pu être rétribués en contrepartie.

La chambre de l’instruction est également saisie d’une demande d’annulation de ces sonorisations, déposée par Me Quinquis. Il conteste l’ordonnance de la commission rogatoire ayant permis cette mesure de sonorisation du domicile des prévenus.

Dans ce dossier, le parquet général requiert la levée des mises en examen des deux anciens GIP, sur la base des éléments que contenait le dossier de l’instruction à la date de leur mise en examen, le 25 juin 2013. En revanche, il considère que les sonorisations ont été ordonnées dans le respect du code de procédure pénale.

Mais un nouvel élément est apparu dans ce dossier, le mois dernier. Début avril une habitante de Nuku Hiva a fait part aux enquêteurs de révélations concernant l’enlèvement et le meurtre supposé de l’ancien journaliste. Elle rapporte le témoignage d’un proche, ancien agent du GIP. Ce dernier avait été porté disparu au large de Ua Pou (Marquises), le 17 octobre 2003, mais il lui avait déclaré peu de temps avant avoir participé avec d’autres GIP à l’enlèvement du journaliste, à son domicile de Te Maru Ata à Punaauia, le 15 décembre 1997.

Le mois prochain, au moment de statuer sur la validité des mises en examen de Tino Mara et de Tutu Manate, il risque d’être difficile pour la chambre de l’instruction de ne pas prendre en considération ces éléments nouveaux qui ont considérablement enrichi le dossier de l'affaire JPK, au cours des derniers mois.

Rédigé par JPV le Mardi 27 Mai 2014 à 13:50 | Lu 2916 fois