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"Accumulation désordonnée de moyens" dans le parc automobile du Pays


PAPEETE, 24 septembre 2018 - La CTC épingle la gestion "au coup par coup" du parc automobile du Pays et préconise la création d’une direction spécifiquement chargée de rationaliser l'intendance du millier de véhicules mis en circulation pour les besoins de l’administration.

Inventaires approximatifs, ancienneté hors norme : la Chambre territoriale des comptes (CTC) pointe la "gestion très insuffisante" du parc automobile des services et établissement administratifs du Pays, dans un rapport d’observations définitives rendu public ce lundi et déjà évoqué par nos confrères de TNTV mi-août dernier. Pour éviter "l’accumulation désordonnée de moyens" qui semble actuellement la norme, la juridiction financière prône la mise en place sans tarder d’une direction spécifiquement en charge de la gestion de la flotte "hétéroclite" en circulation du millier de véhicules de service appartenant à la Polynésie française.

"Si la modernisation à entreprendre parait urgente, sauf à laisser s’aggraver une situation déjà très critique, ce chantier ne présente en revanche pas de difficultés insurmontables. Il requiert avant tout un changement de méthodes et de pratiques", observe la CTC qui recommande la mise en place d’une structure transversale chargée de "la gestion complète, des achats à la sortie de service, de la flotte automobile des services y compris celle de la présidence et des établissements publics administratifs. Elle assurerait le reporting général relatif à la gestion de la flotte, notamment la tenue du fichier général des véhicules administratifs. Par ailleurs, tous les crédits afférents lui seraient alloués. Elle serait chargée de la couverture assurantielle de la flotte, de la gestion financière de l’entretien-réparation ainsi que du rendu annuel de l’état permettant de déterminer le coût complet de la flotte. Elle pourrait à cette fin s’appuyer sur des référents spécialisés dans chaque service".

La CTC estime que sur cette base et malgré "des dépenses de rattrapage" nécessaires, le Pays pourrait se doter "dans sept ans au plus tard d’une flotte rénovée, mise à la dimension des besoins réels, coûtant moins en frais d’entretien-réparation, en assurance, en carburant, et ayant considérablement réduit sa trace carbone", alors qu’aujourd’hui 82 % des véhicules des services de l’administration ont plus de 10 ans.

Ces dépenses afférentes sont "estimées, faute de disposer de données plus précises". L’évacuation des épaves et des véhicules hors d’âge coûterait environ 32 millions Fcfp sur la base d’une réforme portant sur la moitié du parc (400 véhicules) et du prix actuellement pratiqué de 80 000 Fcfp par véhicule dépollué et évacué. Les crédits nécessaires à la recomposition d’une flotte de 400 véhicules tous types, rajeunie, avec une durée d’usage-cible de 7 ans, s’élèveraient à environ 180 millions Fcfp par an pour une valeur moyenne par véhicule de 3 millions Fcfp, et des dotations à l’amortissement pour une valeur du parc estimée à 1,2 milliard de francs à l’issue de la recomposition de la flotte.

"Au total, la dépense nécessaire, hors amortissement, serait approximativement de 200-220 millions Fcfp la première année, et de 170-180 millions Fcfp par la suite, les économies résultant de la mutualisation des utilisations et de la diminution des frais d’entretien liés au rajeunissement de la flotte seraient d’environ 30% avec un objectif de baisse corrélative de la consommation de carburant d’environ 15%. Ces coûts à court terme représentent en quelque sorte la facture laissée par une gestion de la flotte conduite sans idée directrice et sans souci de l’environnement. Mais c’est aussi, de manière plus positive, le prix de la remise à niveau de la gestion de la flotte administrative et de l’amélioration du service rendu", conclut la Chambre territoriale des comptes.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 24 Septembre 2018 à 11:59 | Lu 2064 fois