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A Paris, l'aménagement urbain en question face aux vagues de chaleur


Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 16/06/2022 - "Premier défi climatique" à Paris, les vagues de chaleur et canicules précoces vont se multiplier dans les prochaines années. La mairie tente d'y faire face en repensant l'aménagement urbain mais essuie des critiques.

Fontaines brumisantes, ombrières, plantation d'arbres: la maire PS de la capitale, Anne Hidalgo, a fait de l'adaptation au changement climatique la priorité de son second mandat. En témoigne le plan "Paris frais" lancé en 2021.

En supplément des 1.200 "fontaines à boire" en service, trente nouvelles, équipées de brumisateurs ont récemment été déployées, dont trois dites "mât-source" - accessibles aux enfants et aux personnes à mobilité réduite -, dit à l'AFP Dan Lert, adjoint (EELV) d'Anne Hidalgo chargé de la transition écologique. 

L'objectif, d'ici à 2024, est d'implanter 100 fontaines nouvelle génération, dont 50 "mât-source" dans la capitale, et d'équiper de brumisateurs 50 autres fontaines traditionnelles "Wallace".

Des ombrières temporaires en bois, sorte de panneaux sous lesquels il est possible de s'abriter, seront aussi expérimentées dans "des jardins, des placettes et la cour d'une école", début juillet dans le XIIe arrondissement, ajoute M. Lert.

Ces mesures "immédiates" ont un impact à court terme, quand le réchauffement climatique menace Paris, avec déjà des pics de chaleur avoisinant les 40°C au cours des dernières années.

Pour la conseillère Modem de Paris Maud Gatel, il y a urgence à "arrêter de bétonner les îlots de fraîcheur existants".

"Les arbres en pot ne rafraîchissent pas", soutient l'élue, dénonçant une "sorte de schizophrénie" de la mairie.

"Rustine" 

L'opposition LR partage ce ressenti: pour Valérie Montandon, l'équipe municipale "fait beaucoup de communication et de rustine". "Chaque emprise terrestre fait l'objet de projets" de construction, regrette-t-elle.

La Ville se dit toutefois consciente que "les canicules vont se multiplier. C'est le premier défi climatique à Paris, avec l'accélération du changement climatique", relève Dan Lert, d'où l'urgence "d'accélérer la transition écologique".

A moyen voire long terme, Christophe Nadjovski (PS), adjoint d'Anne Hidalgo chargé de la végétalisation de l'espace public, souhaite l'implantation de 170.000 arbres dans la capitale.

Une mesure critiquée par Mme Montandon, qui estime que la méthode "Miyawaki" - petit écosystème forestier à la végétation dense -, est une "mesure en trompe-l'oeil. Soixante-et-un à 84% des arbres vont mourir au bout de 12 ans", selon elle.

A plus long terme encore, les élus souhaitent voir "renaître la Bièvre" - une rivière enfouie depuis quelques décennies -, au niveau du parc Kellermann (XIIe arrondissement) "d'ici 2026". Cela créerait un "corridor de fraîcheur", selon M. Lert.

L'ouverture à tous de la petite ceinture désaffectée en périphérie de Paris "sans y réaliser de constructions" permettrait aussi la création d'îlots de fraîcheur, relève Fatoumata Koné (EELV), présidente du groupe écologiste de Paris. 

Pour les futurs projets urbains, Mme Koné plaide "pour un quota minimal de pleine-terre garanti, et pour la préservation de la végétation déjà existante".

Les choix d'aménagement urbain de la maire socialiste sont aussi contestés par ses opposants issus du mouvement SaccageParis.

Lieux de rafraîchissement 

En parallèle, la mairie assure une veille auprès des Parisiens "de plus de 65 ans ou handicapés" qui le souhaitent en "leur téléphonant" notamment durant les périodes de fortes chaleur.

Lorsque Paris est placée en alerte canicule, des "salles rafraîchies sont ouvertes dans les mairies d'arrondissement", les parcs sont ouverts la nuit "car il y fait deux à trois degrés de moins qu'en ville", déclare Dan Lert. 

Mais Maud Gatel (Modem) regrette un manque "de communication et d'information" des Parisiens sur ces dispositifs, et réclame le recensement des "lieux de rafraîchissement comme les commerces".

Quelque 600 commerçants parisiens offrent, depuis mars, la possibilité aux badauds de remplir leur gourde d'eau de Paris. Maria Mella, fondatrice de "The Naked Shop", boutique de vrac du IIe arrondissement, "a tout de suite voulu participer", pour lutter contre la pollution liée aux bouteilles en plastique.

Selon les scientifiques, les canicules à répétition sont un marqueur sans équivoque du réchauffement de la planète et ces vagues de chaleur sont appelées à se multiplier, s'allonger et s'intensifier. 

le Jeudi 16 Juin 2022 à 06:10 | Lu 362 fois