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26 habitants de Tahuata évasanés pour risque de tuberculose


PAPEETE, 16 juillet 2019 - Une évacuation sanitaire est organisée par voie marine ce mercredi matin de Tahuata à Hiva Oa pour procéder à des tests de dépistage de la tuberculose sur 26 sujets susceptibles d'avoir été contaminés, dont plusieurs enfants. 

Un contingent de 26 personnes a été identifié comme susceptible d’avoir été contaminé par la tuberculose, vallée de Hanatetena à Tahuata, dans le groupe Sud de l’archipel des Marquises. Parmi eux, les 12 élèves de l’unique classe de l'école primaire et des adultes qui ont été en contact régulier avec l'institutrice.

Toutes ces personnes sont attendues mercredi matin sur l’île voisine de Hiva Oa pour des tests de dépistage de la tuberculose. En à peine deux mois, c'est la deuxième campagne de dépistage ciblant la population de Tahuata.

Une évacuation sanitaire est programmée à 6 h 30 par voie maritime, à bord d’un bonitier. A Hiva Oa, un radiologue est dépêché de Papeete pour conduire cette mission sanitaire, dans les locaux du dispensaire d’Atuona.

Depuis fin juin, onze personnes testées positives à la tuberculose ont déjà été identifiées sur l’île de Tahuata, comme l'ont révélé nos confrères de Polynésie la première ce week-end. Un pic de contamination que Félix Barsinas déplore en s'indignant de "la lenteur des autorités sanitaires du Pays". Contacté mardi, le maire de cette petite île de 653 habitants pointe le "manque de réactivité des autorités sanitaires" face à une contamination qui est connue depuis "fin mars". L'édile de Tahuata assure que l’alerte avait été relayée à l’époque via le médecin de la circonscription : "C’est vous dire la lenteur. On a peut-être minimisé l’ampleur du phénomène."

A la Direction de la Santé, on assure cependant que le nécessaire a été fait à temps pour identifier et contenir l'infection. Toutes les personnes contaminées ont été placées à l'isolement et traitées, dès qu'elles étaient identifiées. Parallèlement, une enquête a été conduite sur le terrain depuis fin mars pour identifier les sujets contacts. "La tuberculose est une maladie qui évolue à bas-bruit et très lentement", explique le docteur Laurence Bonnac-Théron, la directrice de la Santé. "Il faut du temps pour identifier les cas contacts et mettre en place les opérations de dépistage." Dans ce contexte, un délai de trois mois pour conduire l'enquête ne peut pas être regardé, selon elle, comme "lent". 

La maladie a été introduite en mars sur l’île par l’enseignante de la classe multiniveaux de Hapatoni, vallée située sur la côte ouest de l'île. L'institutrice aurait été contaminée à Tahiti.

A la suite d’un dépistage ciblé mené le 10 juin, les autorités sanitaires ont constaté 11 cas d’Infection tuberculeuse dans cette vallée de Tahuata. Huit se sont avéré des cas d’infection latente. Ils concernent deux adultes dont l'institutrice et six des 14 enfants scolarisés sur place. Tous ont été diagnostiqués positifs à la maladie mais ne présentent pas de signes cliniques de tuberculose. En revanche, deux enfants ont développé la maladie et sont actuellement soignés à Tahiti. De même, l’institutrice de la classe multiniveaux de la vallée connexe de Hanatetena a été contaminée. Et c'est par elle que la maladie a été introduite dans ce secteur de la côte est de Tahuata. 

Ce foyer de tuberculose à Tahuata est atypique dans l'archipel. Aux Australes et aux Marquises Sud, aucun cas n’a été déclaré au cours de l’année 2018. Dans ces archipels, les derniers cas remontaient respectivement à 2013 et 2015.

En 2018, 54 nouveaux cas de tuberculose ont été déclarés en Polynésie française. Sur l’ensemble, 44 formes étaient pulmonaires, dont 25 bacillifères avec examen direct positif. Pour le reste il s’est agi de 10 formes extra-pulmonaires.

Depuis 2014, l'incidence de la tuberculose varie sur le territoire entre 19,1 et 21,7 cas pour 100 000 habitants. On déplore chaque année des décès dus à cette maladie. Par comparaison, l’incidence de la tuberculose est 2,7 fois plus élevée en Polynésie française qu’en métropole. Elle est comparable à l’incidence de la Guyane (18,3 cas pour 100 000 habitants en 2015) mais inférieure à celle de Mayotte (25,9 pour 100 000 habitants en 2015).

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 16 Juillet 2019 à 16:48 | Lu 2988 fois