12 ans de prison ferme pour l'homme qui avait battu sa compagne


Tahiti, le 24 novembre 2025 - L'homme de 41 ans jugé depuis vendredi par la cour d'assises pour avoir rendu sa femme infirme a été condamné lundi à 12 ans de prison ferme. En ce dernier jour d'audience, la victime a de nouveau indiqué qu'elle souhaitait se remettre avec l'accusé lorsqu'il sortira de prison.

 Au terme de deux jours d'audience, les jurés de la cour d'assises ont condamné lundi le quadragénaire qui était poursuivi pour des violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente commises sur sa femme à 12 ans de prison ferme. Le 14 juillet 2023 à Raiatea, l'homme avait asséné plusieurs coups de poing à la victime qui avait dû être évasanée à Tahiti et hospitalisée durant cinq mois. Depuis ces faits, elle a subi quatre opérations à la tête et souffre de troubles psychomoteurs.

En ce second jour de débats, la parole a tout d'abord été donnée à la victime qui est venue expliquer à la barre qu'elle souhaitait que son conjoint soit condamné, mais qu'elle comptait également reprendre la vie commune avec lui. Affirmant qu'elle lui pardonnait “tout”, la femme a ensuite dépeint une vie de couple marquée par la violence car “c'est normal” : “On se dispute puis on se remet ensemble”.

 Une réalité “universelle”

 Lors de sa plaidoirie en fin de matinée, l'avocate de la victime et de la fille du couple, Me Isabelle Nougaro, a tenu à insister sur le fléau que constituent les violences intrafamiliales, un “sujet brûlant” qui relève d'une “réalité poignante et universelle”. Elle a ensuite évoqué les coups portés par l'accusé qui a tapé la victime “comme plâtre” et qui a continué à la frapper alors qu'elle était au sol. “Elle a été défigurée et même la directrice d'enquête a expliqué qu'elle n'avait jamais vu cela durant toute sa carrière. Ma cliente est une survivante, c'est une miraculée qui a enduré d'énormes souffrances.”

 Me Nougaro a également insisté sur le préjudice subi par sa cliente qui doit, tous les jours, recevoir l'aide d'une infirmière. Elle a conclu sa plaidoirie en rappelant que la victime avait perdu “une partie de sa vie” suite aux faits.

 “Violence banalisée”

 Tout comme l'avocate des parties civiles, l'avocat général a entamé ses réquisitions en abordant la question des violences conjugales et intrafamiliales qui sont “la réalité de beaucoup de familles françaises”. Le représentant du ministère public a aussi détaillé les “particularités” de cette affaire : le fait que la victime soit présente mais qu'elle ait peu de souvenirs de la scène en raison de la violence des coups mais aussi l'impression que l'accusé a tenté de “minimiser” sa responsabilité durant son procès.

 Abordant le quantum de peine, l'avocat général a ensuite demandé aux jurés de tenir compte de la “gravité du préjudice” subi par la victime, dont la “vie ne sera plus jamais la même”, mais aussi du fait que l'accusé n'avait jamais été condamné jusque-là. Il a par ailleurs rappelé que le quadragénaire avait lui-même vécu une enfance marquée par la violence “banalisée” de son père sur sa mère. Douze ans de prison assortis d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans avec interdiction d'entrer en contact avec la victime ont finalement été requis à l'encontre du mis en cause.

 Des réquisitions “exagérées” pour l'avocat de la défense, Me Miguel Grattirola, qui a débuté sa plaidoirie en affirmant qu'il allait porter la voix de son client, un homme qui avait “vraiment besoin d'être défendu”, avec “beaucoup d'émotion et de convictions”. “Ces gens s'aiment depuis vingt ans et continuent de s'aimer”, a-t-il poursuivi avant d'affirmer qu'il ne s'agissait pas là d'un dossier “facile”.

 Après en avoir délibéré, les jurés de la cour d'assises ont finalement suivi les réquisitions de l'avocat général en condamnant l'accusé à 12 ans de prison ferme.
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 24 Novembre 2025 à 18:07 | Lu 1537 fois