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116 millions pour dépolluer Marutea Nord


116 millions pour dépolluer Marutea Nord
Papeete, le 21 octobre 2019 - Près de deux ans après l’échouement d’un thonier taïwanais à Marutea Nord et six mois après le lancement d’un appel d’offre visant à dépolluer et démanteler le navire, une entreprise a finalement été choisie pour réaliser l'opération. En théorie, aux frais du propriétaire.
 
Le marché visant à la dépollution des parties du navire Sheng Long Yu n° 21, échoué depuis novembre 2017 sur le platier récifal de l'atoll de Marutea Nord, a été attribué à la société Rovotik, spécialisée dans les interventions sous-marines. D'un montant global de 116 millions de Fcfp hors taxes, la prestation vise à « dépolluer l'épave susceptible de renfermer des huiles, du carburant ou d’autres liquides polluant, à procéder à son démantèlement ainsi qu'à l’évacuation des déchets résultant du démantèlement de l’épave auprès d’un organisme de stockage, de traitement ou d’élimination des déchets autorisé ou agréé ». Deux ans après l'échouement du thonier, tout reste donc à faire pour résoudre la question du risque environnemental causé par l’épave. Reste à savoir si la facture sera honorée par le propriétaire du navire ou si elle devra être supporté par les contribuables polynésiens ?

​A qui la facture ?

Rappelons que par une ordonnance en référé du 14 décembre 2017, le tribunal administratif de Papeete avait enjoint au propriétaire du navire Sheng Long Yu n° 21 « de prendre toutes les mesures nécessaires à la prévention de la pollution susceptible d'être causée par les hydrocarbures, les fluides frigorifiques, et tous autres produits nocifs présents à l’intérieur de l’épave, par pompage ou récupération, ainsi qu’à la sécurisation du matériel et de la cargaison ». Le tribunal avait également condamné le propriétaire à procéder à l’enlèvement de l’épave sous quinze jours, sous astreinte de 500 000 Fcfp par jour de retardLe jugement précisait qu'« à défaut d’exécution dans ce délai, la Polynésie française est autorisée à y procéder elle-même aux frais du propriétaire du navire ».
 
Le propriétaire s'était montré très discret, n'apparaissant pas à l'audience et ne déposant pas de conclusions auprès du tribunal. Une discrétion qui a perduré et a conduit le Pays à agir. Ainsi, compte tenu de l'« inaction » du propriétaire, de la « la défaillance devant son obligation de dépollution et d'enlèvement de l'épave du navire de pêche » et du « caractère infructueux de la mise en demeure de procéder à la dépollution et à l'enlèvement de l'épave », le Président du Pays a pris un arrêté en mars 2018 autorisant la prise en charge par la Polynésie française de l'opération de dépollution et d'enlèvement de l'épave.
 
Cette prise en charge était alors motivée par « l'accessibilité de cette épave au public, son caractère dangereux pour la sécurité des personnes et les risques liés à la présence de matières dangereuses et polluantes sur le navire » ainsi que « les atteintes portées par cette épave à l'intégrité du domaine public maritime et à l'environnement ». Si les atteintes à l'environnement apparaissaient évidentes, il aura cependant fallu un an pour lancer la consultation en avril 2019 et encore plusieurs mois pour procéder à l'attribution du marché dont la réalisation risque de ne s'achever qu'en 2020.
116 millions pour dépolluer Marutea Nord

Rédigé par Sébastien Petit le Lundi 21 Octobre 2019 à 17:39 | Lu 3832 fois