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​MedEx Polynésie : "On n'a pas grand chose à cacher"


Tahiti, le 11 juin 2020 – À l'occasion d'une conférence de presse organisée jeudi après-midi à l'issue des perquisitions menées dans leurs sociétés, les gérants du groupe MedEx Polynésie ont détaillé les conditions de leur collaboration avec la direction de la Santé et dénoncé une instrumentalisation de la procédure judiciaire "pour atteindre le ministre".
 
"On n'a pas grand chose à cacher", a entamé jeudi après-midi l'infirmier co-fondateur du groupe MedEx Polynésie, Hervé Vergeaud, à l'occasion d'une conférence de presse organisée dans la foulée des perquisitions menées dans les locaux de la société et au ministère de la Santé. Aux côtés de la gérante de la holding MedEx Polynésie, Cléo Mourareau, l'infirmier a détaillé l'historique de la création des sociétés MedEx en 2014/2015 avec son "ami de longue date" Jacques Raynal. Il a ensuite détaillés les projets montés par MedEx Polynésie –la télémédecine, l'assistance médicale dans les îles…– avant la réorganisation du groupe et de ses filiales lorsque Jacques Raynal est devenu ministre de la Santé en 2017. "Il a cédé absolument toutes ses parts", a martelé Hervé Vergeaud, "il n'y a aucune option de reprise de part (pour l'avenir, NDLR)".
 
Selon son fondateur, MedEx Polynésie est une holding de sociétés médicales privées qui exécutent des missions ponctuelles pour la direction de la santé avec "un pool de professionnels médicaux" mobilisable, sur conventions, depuis bien avant l'arrivée de Jacques Raynal au ministère. "On est engagés dans la santé pour ce fenua. On n'est pas des clients." Hervé Vergeaud reconnaît qu'avec le coronavirus, la société a été davantage sollicitée, notamment pour les relevés de température des passagers à l'aéroport ou pour des mission à Fakarava et à Rangiroa après la découverte de cas Covid-19, mais il affirme que la part de la commande publique dans l'activité de la société ne représente habituellement que 15% de son chiffre d'affaires.
 
"J'ai la conscience tranquille"
 
Interrogé sur les conditions dans lesquelles sont passées ces conventions, Hervé Vergeaud reconnaît qu'il n'y a pas toujours d'appels d'offres. Mais il affirme qu'une telle procédure n'est pas compatible avec les "missions inopinées" d'urgence que lui commande la direction de la santé. "Quand on nous demande d'installer une procédure de prise de température des passagers à l'aéroport pour éviter l'entrée du coronavirus, on ne va pas faire un appel d'offre qui va durer six mois."
 
Pour l'infirmier, ses sociétés sont sollicitées pour assurer justement une continuité de la santé publique lorsqu'elle fait défaut. "Peut-être qu'on a fait des conneries (administratives, NDLR), mais j'ai la conscience tranquille." Il explique d'ailleurs en toute transparence que sa société permettait pendant plusieurs années la mise à disposition de personnel médical pour des remplacements inopinés dans les îles. "On a fonctionné comme ça pendant des années. Mais nous étions, les uns et les autres, dans l'ignorance d'une règle qui est qu'on ne peut pas remplacer un fonctionnaire si ce n'est par un autre fonctionnaire", explique-t-il. "Du moment où on a su ça, on n'a plus mis à disposition de personnel".
 
"On se sert de ça pour atteindre le ministre"
 
Passablement remonté contre les perquisitions et surtout leur médiatisation dans la journée, Hervé Vergeaud estime que MedEx Polynésie est "prise dans un piège". Il dénonce une instrumentalisation de la procédure initiée par les auteurs de la plainte à l'origine de cette enquête préliminaire. "Dans cette affaire MedEx Polynésie est un ballon de foot", martèle-t-il en estimant qu'on "se sert de ça pour atteindre le ministre". "(MedEx Polynésie) a été montée par des passionnés. On fait travailler des gens, c'est ça notre fierté".

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 11 Juin 2020 à 19:36 | Lu 5197 fois