Tahiti Infos

Interdiction de kiter : la polémique enfle


Au 15 septembre, "malgré des demandes répétées", l’association Moorea Kitesurf n’a pas été reçue par Evans Haumani  (En photo, le spot de Motu Martin à Tahiti)
Au 15 septembre, "malgré des demandes répétées", l’association Moorea Kitesurf n’a pas été reçue par Evans Haumani (En photo, le spot de Motu Martin à Tahiti)
Papeete, le 16/09/15- Le kite a été interdit le 23 juillet par le maire de Moorea. Depuis, les sportifs sont en colère et l'école de kite basée à l'Intercontinental va fermer. Le ministre du Tourisme a adressé une lettre au maire de Moorea.

L'interdiction du kitesurf à Moorea délie les langues dans le milieu sportif. Au-delà, cette interdiction pose questions sur les conséquences touristiques. Jean-Christophe Bouissou, le ministre du Tourisme ne prend pas l'arrêté à la légère : "J'ai envoyé un courrier au maire pour que l'on puisse organiser une réunion et trouver une solution qui permettrait aux kitesurfeurs de continuer leur activité. Je suis pour la recherche d'une solution ensemble", a-t-il commenté lors de l'ouverture de Tahiti Tourisme qui se tenait à Papeete le 15 septembre. "On peut comprendre la position du maire, l'inquiétude de ces gens qui vivent à proximité de ces zones très concentrées. Les touristes, de même que les polynésiens, doivent pratiquer leur sport favoris", poursuit-il. D'ailleurs, dans la stratégie de développement touristique de la Polynésie française 2015-2020, un recommandation porte sur l'aménagement des sites pour la pratique de sports nautiques comme le ski nautique, le wake board, le kite surf ou le surf.

Autre conséquence de l'arrêté (valable jusqu'en 2020) : l'école de kite, Exp'air de Moorea, basée à l'Intercontinental, va fermer ses portes fin septembre car le moniteur ne peut plus donner de cours. " Nous avions un accord oral de la mairie mais des policiers sont venus nous demander un accord écrit pendant un cours. Nous sommes obligés d'arrêter les cours car sans accord écrit, nous n'avons pas d'assurance", explique Elise Fenollan, la gérante de l'école.

KITEURS VERSUS MAIRIE

La polémique autour de l'arrêté ne semble pas prête de s'éteindre. Le 4 septembre dernier, le maire de Moorea a adressé un courrier aux hôtels et pensions de famille de Moorea leur transmettant la copie de l'arrêté "interdisant la pratique libre de l'activité de glisse aérotractée ou kitesurf dans les zones de Tiahura, Temae et Tahiamanu".

Au 15 septembre, "malgré des demandes répétées", l’association Moorea Kitesurf n’a pas été reçue par Evans Haumani, le maire de Moorea. Ils ont également envoyé un recours juridique gracieux à la mairie le 28 août dernier. " La mairie n'a jamais voulu recevoir l'association Moorea Kitesurf, que ce soit avant, pendant ou après la mediatisation (...) Le maire souhaite que l'on se taise et qu'on le laisse prendre des décisions arbitraires sans consulter les intéressés et spécialistes sur le sujet", a ajouté Franck Grassi, secrétaire de l'association.

Evans Haumani, maire de Moorea :" Je veux protéger ma population"

Le maire de Moorea répond aux pratiquants de kite mécontents.

Le ministre du tourisme, Jean-Christophe Bouissou, vous a sollicité pour un rendez-vous, qu'allez-vous faire ?

"Nous lui avons répondu par courrier cette semaine, on lui a tout expliqué. Pour l'instant, nous n'allons pas le rencontrer. J'attends son retour."

L'association Moorea kitesurf vous a aussi sollicité pour plusieurs rendez-vous, allez-vous les rencontrer ?

"Pour le moment, je ne peux pas répondre. Ils disent toujours du mal de la commune, ce n'est pas normal. Il y a trois semaines, j'ai vu le président de l'association, je lui ai dit de calmer un peu les personnes de son côté et moi je les calmerais de mon côté. Mon seul but est de protéger ma population. Beaucoup de personnes sont venus me voir pour se plaindre, même des prestataires touristiques."

L'école de kite indique qu'ils avaient un accord oral pour pouvoir continuer leurs cours ?

"Je n'ai jamais donné d'accord. Le problème, ce n'est pas l'école de kitesurf. Ce sont quelques personnes qui ne respectent pas et ça porte des conséquences."

Ne pensez-vous pas que cette interdiction va porter préjudice au tourisme ?

"Non, les touristes sont toujours là, j'ai fait mon enquête. Les hôtels sont pleins à Temae. Je le répète, je veux protéger ma population et les touristes."

L'arrêté court jusqu'en 2020, c'est ferme et définitif ?

Je leur ai dit de se calmer. S'ils se calment, je lèverais peut-être l'arrêté d'ici un ou deux ans. Ils n'ont aucun respect pour la mairie, ils disent du mal, c'est pour ça que je le maintiens."

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Mercredi 16 Septembre 2015 à 14:35 | Lu 3157 fois