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Le voyage continue pour Hokule’a


Crédit : Présidence.
Crédit : Présidence.
PAPEETE, le 25 avril 2017 - La pirogue traditionnelle est arrivée en Polynésie début avril. Après les Marquises et Tahiti, elle est à Raiatea. Elle est arrivée mardi matin, l’équipage a été accueilli sur le marae Taputapuatea. D’ici quelques jours, elle mettra le cap sur Hawaii. Pendant ce temps-là, à Tahiti un autre équipage se prépare, celui de Faafaite. Cette dernière va convoyer Hokule’a. India Tabellini sera du voyage. Rencontre.

Elle prépare ce voyage depuis trois ans maintenant, depuis le passage de Hokule’a à Tahiti en 2014. India Tabellini va embarquer à bord de Faafaite pour accompagner la pirogue hawaiienne. Elle va aller la rencontre de sa culture et, ose-t-elle l’espérer, d’elle-même. "La navigation ça t’apprend la discipline, l’humilité, la vie en communauté, le respect. L’océan ça fait ressortir le vrai toi."

À quelques jours du départ, "on devrait partir entre le 6 et le 10 mai", glisse-t-elle, India Tabellini rassemble ses affaires. "Mais ce n’est pas le plus important. On se retrouve surtout entre membres d’équipage pour savoir pourquoi on part. Ensemble on ne réfléchit pas seulement à l’itinéraire mais aux motivations profondes qui nous poussent au départ." Elle précise que : "les réponses peuvent rester personnelles, on n’est pas obligé de les partager, mais c’est nous faut les avoir."

Au départ de Tahiti, Hokule’a, Hikianalia et Faafaite rejoindront directement Hawaii, sans escale. Ensuite, les trois pirogues traditionnelles tourneront dans l’archipel (Kahoolawe, Kalaupapa et Oahu) pour diffuser leurs messages et sensibiliser à la protection de l’environnement. "Ces pirogues issues du même constructeur visent toutes un objectif commun, même s’ils le poursuivent un peu différemment."

À savoir ? "Ils veulent connecter les Polynésiens à leur environnement, à leur culture. Ils veulent éveiller les consciences à ce propos. Les ancêtres vivaient en harmonie avec leur environnement, ils s’étaient bien rendu compte que sans lui on ne survit pas." Ce que les contemporains ont oublié.

"On allait à la mer 2 semaines par an"


India Tabellini est née à Moorea, mais elle a grandi en Italie, à Bologne. Une ville située loin de la mer. "Pendant longtemps ce milieu ne m’a pas attirée. On y a allait seulement deux semaines par an", se rappelle-t-elle. Mais c’était presque trop. "Pendant ces deux semaine je ne voulais pas être obligée d’aller à la plage."

À l’âge de 19 ans, après le lycée, "on termine à 19 ans en Italie", précise-t-elle, elle est revenue en Polynésie. "Je connaissais le territoire ‘en théorie’. Je n’étais revenue qu’une fois pour les vacances. J’ai été surprise par Papeete. C’était la ville, j’étais déçue, c’était trop européen. Mais ma famille est à Papeete, je ne pouvais pas aller vivre dans les îles ou dans les districts."

Pour découvrir sa culture, elle se met à la danse. "Ce n’était pas du tout pour moi". Une tatie lui parle de Faafaite mais sans pouvoir jamais lui présenter. "On ne trouvait pas d’occasion." Un soir, alors qu’elle assistait ennuyée à la parade de noël elle a aperçu la pirogue à quai, s’est approchée. Elle a rencontré la "famille" Faafaite qu’elle n’a plus quittée.

Faafaite, notre pirogue, est ouverte à tous

"Depuis je travaille, j’apprends, je me suis rendu compte qu’on n’était pas tout seul dans l’océan. J’ai beaucoup changé. Je crois aux messages portés, à l’éducation et à ce que tout cela pourra apporter : ouvrir les horizons." En Polynésie, on connait Hokule’a mieux que Faafaite, ce qui est dommage car notre pirogue a aussi à donner, elle est ouverte à tous.

En plus des navigations sur Faafaite, elle a été membre d’équipage 4 mois sur l’une des pirogues maories de la famille d’Hokule’a, sillonnant les Cook. "En fait, elles sont sept au total, dont la mère Hokule’a. Elles ont été fabriquées par un Allemand en Nouvelle-Zélande." Elle découvrira bientôt Hawaii. "J’ai eu des occasions de m’y rendre, en avion. Je voulais absolument y arriver par la mer car cela te donne un autre goût et des droits sur la destination. Si tu arrives de la bonne façon tu peux découvrir de nombreuses choses. Je sais qu’Hawaii, comme la Nouvelle-Zélande, a à me donner."

Avant de pouvoir poser le pied à terre, elle va pouvoir s’initier à la navigation sans instrument. "On part pour porter des messages", reprend India Tabellini, "mais aussi pour former des marins et un capitaine. Nous n’avons pas de pwo, capables de naviguer sans instrument, seulement avec les étoiles, les courants, les vents, les oiseaux et les poissons en Polynésie française." Trois Hawaiiens et un Tongiens seront à bord à l’aller pour partager leurs connaissances. Ils ne seront pas là au retour, qui sera comme un examen de passage pour les nouveaux formés. Verdict dans trois mois.


Crédit : Présidence.
Crédit : Présidence.
L’escale de Raiatea

Hokue’a est arrivée à Raiatea malgré la "fausse entrée". Elle est entrée une première fois sans autorisation à cause de la forte houle qui menaçait de faire échouer l’embarcation. Elle est ressortie, puis rentrée nouveau, sans encombre comme l'ont raconté les journalistes de Polynésie 1ère. L'équipage est allé sur le marae Taputapuatea, dignement accueilli et a rendu les pierres remises par le comité des sages de Taputapuatea, au début de son périple afin de protéger son voyage autour du monde. Le "Tapu" est levé et Hokule’a va pouvoir terminer en périple en rentrant chez elle à Hawaii.

Crédit : Présidence.
Crédit : Présidence.

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 25 Avril 2017 à 21:26 | Lu 1566 fois