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Amoureux des météorites? Des chercheurs ont besoin de vous


Amoureux des météorites? Des chercheurs ont besoin de vous
Paris, France | AFP | samedi 17/10/2015 - Allo? C'est Fripon, une météorite est tombée! Ce coup de fil énigmatique, vous le recevrez peut-être si vous participez au projet Fripon, un réseau participatif de recherche de météorites que des chercheurs français mettent en place.

Avec une centaine de caméras braquées sur le ciel, FRIPON (Réseau de Recherche de Bolides et de Matière Interplanétaire) aura pour mission de retrouver ces "cailloux" de l'espace immédiatement après leur chute.

Les météorites sont les objets les plus anciens du système solaire. Elles recèlent de précieuses informations sur les conditions de formation du système solaire il y a 4,5 milliards d'années, la genèse des planètes et leur composition interne.

Ces visiteuses fascinent souvent du fait de leur origine extraterrestre. Du coup, des chercheurs ont eu l'idée d'impliquer le public, espérant optimiser les récoltes.

Renaud Trangosi, "tombé amoureux des météorites", s'est porté volontaire. Membre de la société d’astronomie de l'Uranoscope en Ile-de-France, il est garde forestier et "organiser des battus, ça le connaît".

L'équipement type du chasseur de cailloux extraterrestres: une paire de bottes et un sac zippé pour "un beau moment d'émotion", souligne M. Trangosi.

FRIPON n'a pas juste vocation à faire rêver les passionnés. Il vise également à couper l'herbe sous le pied des chasseurs/collectionneurs de météorites qui ne sont pas disposés à partager leur butin avec les scientifiques.

"De nos jours, certaines personnes qui trouvent une météorite la gardent pour eux ou la vendent sur internet", explique à l'AFP Jérémie Vaubaillon, chercheur en astronomie, un des responsables du projet.

"La panacée de la panacée, c'est une météorite martienne", qui vaut 10 à 20 fois le prix de l'or au kilo. Mais "pour l'Humanité avec un grand H, c'est une perte car c'est autant de matériel que les scientifiques n'ont pas", regrette le chercheur.



- Milliers de volontaires -



Fin 2011, des morceaux d'une météorite martienne de 2,1 milliards d'années ont été découverts au Maroc par des nomades qui les ont vendus à des courtiers. Ces derniers les ont revendus ensuite à des collectionneurs privés et des musées à des prix variant de 500 à 1.000 dollars le gramme. Les scientifiques ayant du mal à lever des fonds pour acheter ces traces du passé, ils ont décidé de s'organiser.

Le cœur du projet est porté par huit chercheurs (Observatoire de Paris, MNHN, Université Paris-Sud, CEREGE et LAM), auxquels s'ajoutent une centaine de correspondants locaux et régionaux, chercheurs ou animateurs scientifiques.

Alors que le projet n'est pas totalement finalisé -- le site participatif Vigie-ciel sera lancé début 2016 -- quelques milliers de personnes sont déjà volontaires pour la traque, rêvant de tenir dans leurs mains un caillou de 4 milliards et demi d'années.

"Le jour où les caméras détecteront la chute d'une météorite, les bénévoles seront appelés pour la chasse!", explique Jérémie Vaubaillon. "Viendra qui voudra, le premier qui trouve un cailloux noir aura gagné."

La zone de recherche est souvent très étendue, sur plusieurs kilomètres. Le rocher en entrant dans l'atmosphère subit des pressions très fortes et se cassent. Les morceaux se dispersent. "Sans les bénévoles, nous allons passer une éternité à sillonner les champs et les forêts. Si on est une vingtaine, une cinquantaine, ça ira beaucoup plus vite", souligne l'astronome.

Les bénévoles seront ainsi formés à différencier les petits corps célestes des simples cailloux terrestres. Les signes de bonne augure: la présence d'une croûte noirâtre ou marron, résultat de la fusion superficielle de la matière lors de la traversée de l'atmosphère, et la forte densité du caillou.

Les responsables du projet espèrent récolter une météorite par an. Soit une dizaine de météorites dont deux rares (statistiquement une météorite sur cinq est précieuse) sur dix ans.

De gros efforts pour deux cailloux! Mais l’intérêt, en terme scientifique, serait "hallucinant". La météorite d'Orgueil, qui s'est écrasée en 1864 dans le Tarn-et-Garonne, révèle encore chaque année des secrets

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Samedi 17 Octobre 2015 à 06:30 | Lu 628 fois