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La condamnation pour harcèlement des baleines est "un signal fort"


La condamnation pour harcèlement des baleines est "un signal fort"
PAPEETE, le 5 mai 2017 - Le vendredi 28 avril deux professionnels du whale watching ont été condamnés pour avoir harcelé des baleines. C'est une première en France, Dom-Tom compris. Pour Agnès Benet de Mata Tohora, cela récompense des années de sensibilisation et de veille sur l'eau.

"C'est un signal fort", résume la biologiste Agnès Benet. Fondatrice de l'association Mata Tohora, elle se défend d'envoyer à la barre tous ceux qui s'approchent trop près des cétacés. Elle rappelle que le harcèlement correspond à "toutes manœuvres ou activités d'observation qui auraient pour conséquences de modifier le comportement des animaux, de les contraindre à changer de direction, de vitesse, de durée d'immersion, de les faire fuir ou de les bloquer contre le récif ou le rivage".

Autant de situations provoquées par les deux professionnels que la biologiste a observées sur l'eau en 2015, qu'ils ont avouées et que le tribunal correctionnel a finalement reconnues vendredi dernier. "Ces professionnels ont véritablement harcelé les animaux à plusieurs reprises. Pourtant, ils avaient été formés et avaient reçu l'agrément de la Diren pour pratiquer le whale watching de façon respectueuse." Si les professionnels condamnés ont été dispensés de peine et qu'ils ont un mois pour faire appel, cette première étape est un pas en avant pour la protection des mammifères marins.

Mata Tohora est née pour préserver les cétacés en faisant connaître leurs besoins vitaux et en faisant respecter le règlement pour que toute population et les générations futures puissent les voir évoluer dans leur milieu naturel. "Nous ne voulons pas interdire l'approche des baleines mais garantir leur protection."

Dans le Pacifique sud, seul la Polynésie française, la Nouvelle-Zélande, Tonga, les Samoa et Niue autorisent la mise à l'eau des curieux près des cétacés. À Hawaii, Cook, en Australie et en Nouvelle-Calédonie, c'est interdit. "Faudra-t-il en arriver là et priver les amateurs du plaisir de voir les baleines à cause de quelques individus? ", s'interroge Agnès Benet. D'autant que globalement, les approches restent respectueuses. Depuis 2012, l'association est allée à la rencontre de 1834 personnes et 594 embarcations, cinq cas de mauvaise approche et harcèlement ont été signalés.

Les baleines sont en route, elles s'approchent des Australes. Mata Tohora va reprendre ses rondes. "Respecter les baleines n'est pas une lubie de quelques scientifiques, c'est une attitude indispensable si l'on veut sauvegarder la population. En Polynésie elles viennent se reproduire, les femelles et leurs petits ont besoin de calme pour économiser leurs forces et grossir." Sans quoi mère et petit ont plus de risques de perdre leur vie. Dans le Pacifique sud, il reste entre 3500 et 5000 baleines, soit moins de 1% de la population d'origine.


Contacts

Pour découvrir le mode d'emploi d'approche des baleines, rendez-vous vous sur le site Mata Tohora ou sur la page Facebook.
Tél.: 87 70 22 77



Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 5 Mai 2017 à 12:01 | Lu 5509 fois