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Coopérative agricole de Ua pou : faire du miel et rester bio


Coopérative agricole de Ua pou : faire du miel et rester bio
UA POU, le 9 mars 2017 - Fondée en 2008 par Élisabeth Ah-Scha, la coopérative Te oa'pohue o ua pou a permis de structurer la production agricole sur Ua Pou. Depuis, les projets se suivent et ne se ressemblent pas. La commercialisation des fruits a commencé en 2011, un hangar a été construit en 2013, des apiculteurs ont été formés en 2016, cette année la présidente se concentre sur la fabrication de compost. L'objectif? Prévenir l'arrivée des pesticides.

"Sur l'île on fait tous du bio, on n'utilise pas de pesticides, s'il y a une grosse récolte tant mieux, sinon tant pis", lance Élisabeth Ah-Scha. Elle est installée à une table dans l'enceinte du centre artisanal de Hakahau à Ua Pou. Du coin de l'œil, elle surveille les derniers échanges du personnel et des clients venus déjeuner chez elle.

5 millions de Fcfp de plats

"Ce n'est pas chez moi", corrige-t-elle. "En fait, c'est à la coopérative Te oa'pohue. Depuis peu nous proposons des plats, en plus des fruits qui sont envoyés à Tahiti et des produits transformés exposés ici et envoyés, eux aussi, à Tahiti." Une initiative de plus lancée par cette femme de poigne et soutenue par les fidèles actifs de la coopérative. Une initiative qui rapporte 5 millions de Fcfp à l'année. Les membres s'y relaient pour faire tourner l'activité. Les habitants s'y succèdent pour y manger à moindre coût.

"L'essentiel c'est de créer de l'activité non?"

Te oa'pohue o ua pou est née en 2008. C'est la première du genre à avoir vu le jour à Ua pou. Depuis une autre est née. "Des mécontents qui ont voulu faire leur propre groupe", affirme Élisabeth Ah-Scha. "Qu'importe, l'essentiel c'est de créer de l'activité non?"

Te oa'pohue a commencé la commercialisation de produits en 2011. Pour faciliter son fonctionnement un hangar a été construit en 2013 sur le quai où accostent l'Aranui et le Taporo. La coopérative regroupe aujourd'hui près de 80 exploitants. D'autres coopératives existent à Ua Huka, et Nuku Hiva. "On devait travailler ensemble mais on n'a pas encore trouvé de façon de faire commune", rapporte Élisabeth Ah-Scha.

5 tonnes de fruits à chaque voyage

Ancienne représentant à la chambre d'agriculture des Marquises, l'exploitante n'est pas étrangère au milieu et à son fonctionnement. Elle est allée démarcher les clients directement à Tahiti. "Depuis on fait en moyenne 30 millions de Fcfp de recette. On envoie environ cinq tonnes de fruits par voyage sur l'Aranui. En 2015, on a fait 400 tonnes de fruits, citrons, pamplemousses, mangues, bananes…" En plus des clients tahitiens, il y a ceux des îles visités par les bateaux de fret.

Pour revenir au bio, Élisabeth Ah-Scha précise : "on n'utilise pas de pesticides parce qu'on ne sait pas vraiment comment les utiliser", admet-elle. Un exploitant en aurait utilisé il y a quelques années. L'exception. "Mais avec les jeunes qui vont se former ailleurs, il se peut que tout cela change, qu'ils reviennent avec de nouvelles méthodes."

Être et rester bio

Pour prévenir l'invasion d'intrants la présidente de Te oa'pohue vient de signer un bail pour l'utilisation d'un terrain d'un hectare au cœur du village de Hakahau. Elle va maintenant chercher "des jeunes" pour nettoyer ce terrain, le clôturer, le terrasser et construire un hangar. "Je veux y faire du compost, pour nos exploitations et pour créer toujours plus d'activité. Sinon qu'est-ce qu'on peut faire ici?"

De fait, après la relative animation de la mi-journée et en dehors des jours d'Aranui, le calme revient au centre artisanal et dans ses alentours. Quelques clients s'attardent. Ils ne restent pas. Et le village retrouve ses tranquilles habitudes.

Coopérative agricole de Ua pou : faire du miel et rester bio
Du miel en 2018

Élisabeth Ah-Scha a encouragé la coopérative et ses membres à se lancer dans l'apiculture en 2014. Te oa'pohue a permis la formation de deux apiculteurs par vallées (il y a six vallées à Ua pou) avec le CFPPA et le SDR. Les formateurs viennent tout juste d'assurer le niveau 2 de perfectionnement à l'apiculture sur l'île. Ce projet à 5,8 millions a été pris en charge à 43% par le Pays et le reste par la coopérative.

La présidente elle aussi va fabriquer son miel. Plus précisément ce sont les membres de sa famille qui œuvrent sur son exploitation. "J'ai été au service de l'éducation pendant 27 ans. L'agriculture était un passe-temps jusqu'à ce que mes fruits commencent à donner. Mais aujourd'hui, je n'ai plus l'énergie pour tout faire, c'est mon fils qui travaille, épaulé par des saisonnier au besoin."

Elle espère que la production de sa miellerie sera lancée fin 2017 au plus tard pour une commercialisation de pots et bouteilles en 2018. "L'avantage c'est qu'en plus de faire du miel, la pollinisation est augmentée." Le miel sera vendu sur place, à Ua Pou, et exporté vers Tahiti. "Des magasins sont déjà en attente", assure-t-elle.

Coopérative agricole de Ua pou : faire du miel et rester bio

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 9 Mars 2017 à 13:16 | Lu 2810 fois