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Le tourisme nautique : un secteur générateur d'emplois


PAPEETE, le 07 septembre 2016 - Si cette année les croisières sont en baisse, le reste des segments du tourisme nautique sont en plein développement. Le nombre de licence de charter augmente, les plaisanciers et le super yachting sont eux aussi en hausse. Les conséquences de cette bonne santé sont notamment une augmentation des recrutements dans le secteur.

"Les croisières sont en baisse en Polynésie française, cependant la plaisance est en hausse. C'est plutôt positif", indique Gina Bunton, directrice des opérations internationales.

La plaisance, le charter, le yachting et la croisière ont connu ces cinq dernières années des croissances conséquentes à savoir, l'activité de plaisance enregistre 40 % d'augmentation. Les charters ont connu une hausse de 15 %. Le yachting, quant à lui, a subi une hausse d'environ 20 %.

Ces augmentations impliquent donc des recrutements, mais aussi des investissements de la part des pouvoirs publics, notamment en termes de formation. Le pays étudie ces questions et travaille à améliorer son offre notamment parce que ces filières sont des niches d'emplois, mais aussi des richesses. Ainsi, des formations comme celles de marins/hôtesses, de capitaine de bateau ou de guide lagonnaire sont proposées à ceux qui sont motivés, à savoir qu'en général, l'anglais est un élément décisif lors des sélections.

Le tourisme nautique est un secteur qui recrute, cependant, comme l'indique Stéphane Renard coordinateur du Cluster maritime, "pour les métiers embarqués on a encore de vraies marges de croissance notamment pour le charter. Pour la grande plaisance, il y a encore des demandes qui ne sont pas honorées. Il y a là des bassins d'emplois qu'il faut arriver à combler rapidement. "

En effet, les plaisanciers, c’est-à-dire, ceux qui arrivent sur le fenua avec leur bateau représentent 1,5 % du volume touristique total et représentent entre 850 et 900 millions de retombées économiques directes. Ce tourisme serait d'autant plus intéressant qu'il ne se restreint pas au grand parcours touristique, mais fait vivre de petits atolls qui gagneraient à avoir de petites marinas pour les accueillir. " Or il manque des gens diplômés pour se charger de la gestion d'infrastructures liées au tourisme nautique, c’est-à-dire : quais, débarcadères, marinas. Localement nous manquons de gestionnaires maritimes. Il faut former des gestionnaires d'espaces maritimes, sinon ça va gâcher les efforts et les investissements que le secteur public aura mis dans les aménagements. Ce n'est pas très compliqué de créer des conventions, envoyer les gens en stage se former, les faire revenir", déclare Stéphane Renard.

L'autre segment qui nécessite une forte adaptation est celui des yachts. En effet, s'ils ne sont qu'une cinquantaine à passer par le fenua, ils dépensent beaucoup et génèrent près d'un milliard de francs par ans. Ils rencontrent souvent des problèmes avec les douanes, l'immigration et l'administration, mais aussi avec le recrutement d'hôtesses et de marins locaux qui servent de pivot local pour connaître les bons plans et vivre une expérience authentique.

"Il y a un manque de formation pour le Tourisme nautique, ce sont des métiers dont nous n'avions pas suffisamment évalué les besoins et les débouchés. Il n'y a pas eu suffisamment de formations, d'aide à la formation et de circuit de formation mis en place. Ça a été fait pour la pêche, où on a formé les équipages pour aller sur l'eau. De ce fait, nous nous retrouvons à devoir faire appel à un peu trop d'hexagonaux et pas suffisamment de locaux", explique Stéphane Renard avant de conclure, "si on ne fait rien on va louper des opportunités de recruter local et ce serait vraiment dommage vu la situation de l'emploi en Polynésie."


Agent maritime : "une interface entre la mer et la terre"

Coordinateur, représentant mais aussi interface. L'agent maritime a des casquettes diverses et variées. Ra'anui Mouly 28 ans, a enfilé l'habit depuis décembre 2014. "Avant de commencer en tant qu'agent maritime, je ne connaissais pas du tout le métier. J'ai tout appris sur le terrain", décrit-il.

L'agent maritime est la personne en charge de la logistique lorsqu'un bateau arrive. Paquebots ou cargos, l'agent maritime se doit d'être sur le pont. "Il faut être très polyvalent. Il faut aussi savoir s'organiser et parler au moins deux langues", détaille Bud Gilroy, directeur de l'agence maritime de Fare Ute et patron de Ra'anui Mouly.

A quelques semaines de l'arrivée de deux importants paquebots de croisière, les deux hommes préparent leur mission. "Le plus important pour nous est d'être bien coordonné car il y a beaucoup de choses à faire dans un laps de temps très court. Le téléphone devient vite notre meilleur ami."

Lorsque les bateaux jetteront l'encre dans le port de Papeete, les agents maritimes auront plusieurs tâches : gérer les papiers, faire descendre les passagers, gérer les stocks alimentaires, les poubelles, les évacuations sanitaires et bien d'autres choses. "Au début, c'était un peu difficile, reconnaît Ra'anui. Avant l'arrivée des bateaux, je passais des nuits blanches…. Mais maintenant, ce n'est plus beaucoup le cas. Je planifie tout ce qui est possible de planifier pour avoir du temps pour l'imprévu…"

AMELIE DAVID

La formation hotesses marins en quelques mots

La formation d'hôtesse ou d'hôte marin forme, tous les deux ans, quatorze candidats destinés à travailler sur des voiliers de plaisance ou des paquebots de croisière. Cette formation qui dure six mois est entièrement financée par le SEFI, qui s'occupe du recrutement et qui accompagne les stagiaires jusqu'à la fin de la formation.

Durant cette formation de 28 semaines, les stagiaires découvrent les bases de la navigation en validant notamment le CIN (certificat d'initiation nautique), le permis côtier, le PSC1 (Prévention et Secours Civiques de niveau 1), le CFBS (certificat de formation de base et de sécurité), le CRR (certificat restreint (certificat d’initiation nautique).... "Nous les formons pour qu'ils deviennent des ambassadeurs de la Polynésie à bord", indique Stéphanie Betz d'Archipelagoes.

Les stagiaires sont formés pour organiser la croisière en amont, accueillir les touristes sur les bateaux, proposer des activités et des animations et assurer une prestation hôtelière.

"Il y a 70% d'intégration professionnelle sur le long terme" raconte Stéphanie Betz satisfaite. 21% des stagiaires restent Hôtesse marin. Ils sont 77% à rester dans le secteur du tourisme trois ans après la formation.


Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mercredi 7 Septembre 2016 à 18:02 | Lu 6237 fois