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"Déposez vos marques! Labellisez vos produits!"


Phlippe Maunier, patron de la Savonnerie de Tahiti, a créé la marque Heiva pour ses produits.
Phlippe Maunier, patron de la Savonnerie de Tahiti, a créé la marque Heiva pour ses produits.
PAPEETE, le 29 septembre 2016 - La protection des produits naturels de Tahiti est un sujet récurrent. Pour Phillipe Maunier, président de la commission export à la CCISM et entrepreneur local, il est urgent de faire quelque chose.

De la vanille de Tahiti produite en Thaïlande, des fleurs de Tiare cultivées à Hawaii ou encore, des nonos dans le paysage du Costa Rica. Depuis toujours, les richesses naturelles de Polynésie française attirent les convoitises. A tel point qu'il est aujourd'hui possible de trouver ces ressources et ses produits dérivés en Asie et sur une grande partie du territoire américain. "Aujourd'hui, il faut protéger le made in Tahiti", lâche avec vigueur Phillipe Maunier, président de la commission export à la Chambre de commerce, d'industrie, des services et des métiers (CCISM), et dirigeant de la Savonnerie de Tahiti. Depuis plus de 20 ans, son combat est toujours le même.

Pharmacien de formation, il a ouvert en 1997 une entreprise qui fabrique et distribue des produits dermo-cosmétiques à base de mono'i de Tahiti. Très vite, le patron a compris qu'il fallait labelliser ses produits et déposer la marque.

En Polynésie française, seul le mono'i de Tahiti jouit d'une appellation d'origine. Philippe Maunier voudrait que les autres richesses du territoire soit protégées. Pour y parvenir, le président de la commission export ne voit qu'un seul chemin à prendre : celui de l'indication géographique protégée (IGP). Elle identifie un produit agricole, brut ou transformé, dont la qualité, la réputation ou d'autres caractéristiques sont liées à son origine géographique. "Il faut labelliser nos produits! Si on veut y arriver, c'est la base. L'appellation d'origine protégée (AOP) est difficile et longue à avoir. L'IGP est plus facile et plus rapide à obtenir… Je pense que c'est la solution la plus simple à l'heure actuelle."

LA QUALITÉ PLUTÔT QUE LA QUANTITÉ

Cette labellisation des produits polynésiens permettrait une meilleure promotion du territoire et de ses acteurs. La réputation de la Polynésie n'en serait que plus grande. "Il faut que les gens se retrouvent autour d'une table et discutent de cela, mais cette IGP serait une base. Cela permettrait de se mettre dans des niches particulières pour mieux vendre nos produits, chers à la base."

Les idées se bousculent dans la tête du pharmacien. La liste des produits à labelliser s'allonge. "Nous avons déjà été pillé! Mais il faut que cela s'arrête! C'est ce que je dis aux gens : déposer vos marques! Labellisez vos produits !"

Le défi est de taille mais loin d'être insurmontable. Petit à petit, les choses se mettent en place et les consciences s'éveillent. La vanille de Tahiti pourrait bientôt avoir son AOC (lire par ailleurs). "Nous avons un maximum de chances de réussir!", se réjouit Philippe Maunier. "Mais pour cela, il faut quand même que cela rentre dans un cadre officiel…"

Dans les rayons des supermarchés, les IGP sont visibles sur certains produits comme l'huile d'olive ou les fromages. A quand une protection pour l'huile de Tamanu ou la perle noire? Pour le président de la commission export, ces labels assureront une meilleure vente des produits à l'étranger. "C'est un concept à développer le plus vite possible! Il faut que l'on avance! Il faut savoir ce que l'on veut : il faut que l'on arrive à avoir des produits de qualité car on n'aura pas la quantité…"


* LE MINISTRE DE L'ÉCONOMIE EST EN DÉPLACEMENT ET N'A PAS PU ÊTRE CONTACTÉ

L'indication géographique protégée en quatre points

- Quoi? Mise en place par la règlementation européenne, l'Indication géographique protégée (IGP) identifie un produit agricole dont la qualité, la réputation ou d'autres caractéristiques sont liées à son origine géographique. Elle s'applique aux secteurs agricoles, agroalimentaires et viticoles.

- Quand? Mise en place en 1992, elle concernait initialement les produits alimentaires spécifiques, le signe a été étendu aux vins en 2009.

- Comment? Les règles d’élaboration d’une IGP sont inscrites dans un cahier des charges et font l’objet de procédures de contrôle, mises en œuvre par un organisme indépendant agréé par l’Institut national de l'origine et de la qualité (INAO).

- Pourquoi? L’IGP est liée à un savoir-faire. Elle ne se créée pas, elle consacre une production existante et lui confère dès lors une protection à l’échelle nationale mais aussi internationale.

Source : site web de l'institut national de l'origine et de la qualité


Trois questions à… Carine Vairaaroa, directrice de l'établissement public de la vanille de Tahiti

Que pensez-vous de l'idée de labelliser les produits de Tahiti?

C'est une très bonne idée pour tous les secteurs d'activité. C'est très important de protéger nos produits et notre savoir-faire.

Où en est-on du côté de l'obtention d'un label pour la vanille de Tahiti?

La démarche de protection de la vanille est en cours depuis longtemps déjà. Le 10 août dernier, l'appellation d'origine "Vanille de Tahiti" a été officialisée par un arrêté du conseil des ministres. Maintenant, il reste les démarches nationales et européennes pour avoir cette Appellation d'origine contrôlée (AOC). L'AOC regroupe d'ailleurs l'IGP.

La vanille sera donc bientôt protégée?

C'est en cours en tout cas. J'espère aussi que, d'ici à la fin de l'année, nous aurons réussi à créer un une fédération, un groupement des producteurs et créateurs de vanille de Tahiti.

Rédigé par Amelie David le Jeudi 29 Septembre 2016 à 16:31 | Lu 4398 fois