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La pêche au requin est lancée à la Réunion


La pêche au requin est lancée à la Réunion
SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION, 10 août 2012 (AFP) - La pêche aux requins organisée par les pouvoirs publics après une série d'attaques contre des surfeurs a démarré vendredi à La Réunion, couplée à une opération de marquage pour mieux connaître les habitudes de ces squales.

Deux bateaux ont été affrétés par la préfecture pour cette première pêche destinée à prélever au total 10 requins tigre et 10 requins bouledogue, qui seront ensuite ramenés à terre pour être disséqués.

"Il ne s'agit pas d'un prélèvement en vue de réguler la population de requins mais d'une opération menée dans un but exclusivement scientifique aux fins d'analyse", a déclaré à l'AFP Antonin Blaison, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste des requins, qui pilote la mission.

"Il n'y aura pas de sortie pour le prélèvement seul. A chaque fois, on fera également du marquage et le requin pêché dans ce cadre sera relâché ", a-t-il ajouté.

Officiellement, le but de l'opération est de voir si les requins pêchés sont porteurs ou pas de la toxine ciguatera, qui interdit actuellement leur commercialisation.

L'opération de marquage acoustique, lancée, elle, depuis octobre, vise à étudier les raisons de la présence des requins et leurs déplacements le long de la côte ouest, où ont eu lieu la plupart des attaques depuis début 2011. Les trois surfeurs tués en 2011 et 2012 l'ont tous été dans cette région, la plus touristique de l'île.

Le marquage consiste à insérer par chirurgie une petite balise acoustique dans la cavité abdominale du requin en le maintenant dans l'eau après l'avoir pêché et fatigué. L'opération dure entre 20 et 45 minutes. Le squale est ensuite relâché.

"Ne pas déséquilibrer l'écosystème"

Vingt-trois requins (14 tigres et 9 bouledogues) ont été marqués depuis l'an dernier et dix stations d'écoute installées le long de la côte afin de suivre leurs mouvements. Le relevé des enregistrements ont ainsi permis de mettre hors de cause les requins marqués dans les dernières attaques contre les surfeurs à Trois-Bassins (un jeune surfeur tué) et Saint-Leu (un surfeur amputé de la main et du pied). D'ici la fin de l'année, 80 requins devront être marqués et 50 stations d'écoute installées sur le littoral, de Saint-Paul (Ouest) à Saint-Pierre (Sud).

S'agissant de la pêche, deux techniques seront employées par les bateaux chargés de capturer les requins. La première fait appel aux drumlines (lignes piégées munies d'un seul hameçon) qui seront posées à proximité des côtes. La seconde utilise la palangre de fond, ligne posée à 50-60 mètres de profondeur portant 20 et 30 hameçons appâtés avec des poissons habituellement consommés par les requins.

Chargés d'encadrer l'opération menée par deux pêcheurs professionnels, les scientifiques seront installés sur un troisième bateau . "Une fois les lignes remontées, je déciderai quels sont les requins à marquer et à prélever", a-t-il expliqué. "Aujourd'hui on sait exactement où sont plus ou moins leur zone de vie ou de repos et c'est là qu'on ira les chercher. Il est plus difficile de les attraper quand ils font leurs excursions sur la côte". Vingt des 23 requins pêchés et marqués l'ont été "hors de la Réserve naturelle marine" qui longe le littoral et qui est accusée par les surfeurs de les attirer, selon Antonin Blaison.

Dans un communiqué, la réserve a demandé que "les prélèvements" ne soient pas "effectués en nombre massif", au risque de "déséquilibrer l'écosystème". Elle ajoute qu'en tout état de cause, ces pêches "n'amèneront en aucun cas un risque zéro sur les sites de spots de surf".

ii/rh/gc

Rédigé par Par Idriss ISSA le Vendredi 10 Août 2012 à 06:00 | Lu 584 fois