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Observatoire des communes : Les communes épargnent mais n'investissent pas assez


PAPEETE, le 09 mars 2017 - Pour la quatrième année consécutive, l'agence Française de développement (AFD) a présenté jeudi matin son observatoire des communes. L'agence révèle que les dépenses d'investissement sont à la baisse notamment dans les grandes communes et ce malgré de bonnes capacités de financement.

Les travaux de l'AFD révèlent que les recettes et les dépenses de fonctionnement des communes polynésiennes se stabilisent en 2015. L'épargne brute des communes s'élève à 2 milliards de Francs pacifiques, même si elle est positive, elle est en baisse par rapport à 2014. Le taux d'épargne brute s'établit à 5,8%. "Au niveau du fonctionnement, les communes ont eu à peu près la même différence entre les recettes et les dépenses. Elles ont dégagé une épargne, cependant elles n'en ont pas profité pour investir davantage. C'est ce qui est un peu inquiétant quand on regarde les comptes des communes. Sur le temps, elles dépensent de moins en moins en investissement alors qu'elles pourraient dépenser plus puisqu'elles ont des recettes d'investissement qu'elles ne mobilisent pas et d'autres comme l'emprunt qu'elles pourraient mobiliser davantage", explique Vincent Joguet, chargé de mission de l'AFD

Ainsi, comme l'explique Vincent Joguet, malgré l'existence d'une épargne, les dépenses d'investissement sont en recul pour la troisième année consécutive. Elles chutent de 7% pour l'année 2015 et atteignent ainsi 5,9 milliards de Francs contre 8,2 milliards en 2013. Selon les experts de l'AFD, cette baisse de l'investissement s'expliquerait surtout par une baisse des subventions d'investissement du Pays et de l'État. "On constate que le comportement des communes suit les subventions d'investissement versées de l'État et du Pays, or ces subventions sont en baisse. Si elles mobilisaient toutes leurs recettes, elles pourraient investir davantage. Les communes remplissent leurs fonds de roulement, c’est-à-dire qu'elles épargnent sans investir pour autant. Cette épargne pourrait être utile pour investir dans l'eau, les déchets, les routes…". En effet, les communes polynésiennes sont particulièrement dépendantes du Pays et de l'État. En effet, les subventions du Pays, de l'État ou mixtes financent environ la moitié (47%) des dépenses d'investissement. Ce taux de subventionnement influence le programme d'investissement des communes. Ainsi plutôt que de s'autofinancer et d'emprunter les communes calent leurs investissements sur les subventions. C'est pourquoi quand les subventions baissent, les investissements diminuent aussi.

Or, là où un problème se pose, c'est que d'ores et déjà, le montant cumulé de ces aides ne suffit pas pour répondre aux besoins d'investissement et faire face à l'obligation légale des communes d'assurer les besoins en eau potable, gestion des déchets et assainissement des eaux usées dès 2024.

Ainsi, pour parer la baisse des subventions, les communes peuvent avoir recours à l'emprunt, l'AFD par exemple pour certains projets propose des taux d'intérêt de 0%, "les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas, c'est le moment d'emprunter pour les communes, d'autant plus que ces taux risquent de remonter", assure Thierry Paulais, directeur de l'AFD en Polynésie. La masse totale des nouveaux emprunts représente 13% des dépenses d'investissement (hors remboursement en capital) soit 783 millions de francs. Les communes ont une capacité d'emprunt sous exploitée.

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Jeudi 9 Mars 2017 à 18:06 | Lu 1659 fois