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Après les Tamari'i volontaires, Jean-Christophe Shigetomi signe Les Poilus tahitiens


PAPEETE, le 3 avril 2017 - Paru en 2015 chez 'Api Tahiti, le livre Les Tamari'i volontaires racontait les Tahitiens dans la seconde guerre mondiale. Deux ans plus tard, Jean-Christophe Shigetomi revient avec Les Poilus tahitiens. L'auteur inscrit dans le marbre les petites histoires des Tahitiens pendant la première guerre mondiale. Un travail de mémoire inestimable, émaillé d'anecdotes, de détails, de dates et de noms. Pour ce conflit, près de 20% de la population s'était "engagée", rejoignant les champs de bataille européens.

Jean-Christophe Shigetomi remonte les fils de l'histoire depuis plusieurs années. Ou plutôt il remonte les fils des histoires, celles des soldats et de leur famille. Au cours de ses recherches, il est tombé sur des "trésors" comme ces 400 cartes postales de la famille Bambridge passées à travers les mailles de la censure ou bien encore ce journal de guerre de l'un de ses propres aînés, détaillant le quotidien polynésien durant le conflit, photos à l'appui. Dans Tamari'i volontaires, les Tahitiens dans la seconde guerre mondiale et maintenant Les Poilus tahitiens il dit tout. Il donne au public tout ce qu'il a amassé. Un travail de mémoire unique en Polynésie et même au niveau métropolitain.

Dans votre livre Les Poilus tahitiens, vous dressez une liste très complète des soldats engagés, comment avez-vous fait?
"Tout d'abord, je précise qu'ils n'étaient pas engagés ! À l'époque on ratissait les campagnes et on faisait signer les hommes. Les Tamari'i pendant la seconde guerre mondiale, eux, étaient volontaires, ils ont suivi les traces de leur père. Pour revenir à la première guerre mondiale, j'ai en effet recensé 1 180 noms. Pour les obtenir j'ai utilisé plusieurs moyens."

Qui sont?
"Je suis allé sur le monument aux morts que j'ai photographié, ce qui m'a donné une première liste. J'ai étudié le journal officiel des établissements français d'Océanie où se trouvaient des tableaux d'honneur, j'ai pas ailleurs consulté un livre d'or, réalisé à la demande du gouverneur en 1920. J'ai pu aussi avoir accès, à partir de 2014, aux livrets militaires, j'ai lu tous les livrets de marche. J'ai recoupé les informations ce qui m'a permis d'obtenir des témoignages, anecdotes et parfois photos de chacun des hommes dont je parle."

Vous parlez de surprises et de trésors découverts au cours de vos recherches, dites-nous en plus.
"Et bien par exemple il y a des noms sur le monument aux morts de Tahitiens qui ne sont jamais partis, il y a des personnes qui apparaissent deux fois car, en coupant leur nom de famille très long on a considéré qu'il y avait deux soldats alors qu'il n'y en avait qu'un, j'ai été étonné de trouver le livret militaire de Pouvanaa a Oopa vide, il n'y a que des informations identitaires, je n'ai pas eu accès à tous les dossiers, celui de Théodore Copenrath est resté inaccessible, j'ai découvert que sur le front il y avait des combats fratricides, entre Kanaks, entre Polynésiens et Calédoniens…"

Vous dites tout dans votre livre?
"Oui, je raconte tout. Je donne le vrai nom du soldat inconnu mort en fait en 1967, je parle des Tahitiens dans la résidence de l'impératrice Sissi, je parle des soldats qui ont combattu face aux Bulgares, ceux qui ont été chameliers, ceux qui ont servi l'armée américaine ou britannique, les chasseurs alpins, ceux qui sont allés jusqu'à Vladivostok… Qui sait cela aujourd'hui?"

C'est votre message? Rappeler aux Polynésiens d'aujourd'hui ce qu'ont fait leurs aînés?
"Il y a actuellement des commémorations, mise en veille pendant les élections, mais on parle de la première guerre mondiale, mais demain? Et même aujourd'hui, même avec les commémorations, qui peut parler de ce qui s'est passé en Polynésie entre 1914 et 1918? Il reste quelques noms de rue, on se rappelle vaguement le bombardement de Papeete le 22 septembre 1914. On véhicule des approximations, pour ce qu'il en reste. Ce livre, l'exposition, le documentaire sauvent la mémoire."

Cet ouvrage est-il votre dernier ?
"Pour la seconde guerre mondiale et la première, ma mission est terminée, en effet. J'en ai fini. Je laisse ce que j'ai amassé ces dernières années et compilé aux générations futures, à elles d'aller plus loin dans la recherche. Elles pourront toujours trouver de nouveaux trésors. J'ai terminé la rédaction d'un nouvel ouvrage sur les Tahitiens dans la guerre d'Indochine et de Corée et je travaille maintenant sur le bataillon océanien dans la seconde guerre mondiale. Enfin, d'autres projets vont voir le jour sur l'aviation, je vais mettre de côté la guerre."

Pratique

La version collector de l'ouvrage est en pré-vente au tarif de 7 900 Fcfp au lieu de 9 900 Fcfp. Pour en profiter, rendez-vous sur le site ou à la librairie Archipel, rue des Remparts.
Les livres seront distribués lors d'une soirée spéciale, en présence de l'auteur.
Pour tous les passionnés d’histoire non résidents de Tahiti, le livre est disponible via un site de financement participatif.

Après les Tamari'i volontaires, Jean-Christophe Shigetomi signe Les Poilus tahitiens

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 3 Avril 2017 à 09:22 | Lu 2654 fois