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La montagne, joyau des îles hautes polynésiennes


PAPEETE, le 13 juillet 2016 - Si le mythe de la nouvelle Cythère aura surtout retenu de Tahiti la beauté de ses plages et de ses lagons, la montagne luxuriante gorgée de vallées inaccessibles a toujours suscité l’admiration et la curiosité de ses habitants comme de ses visiteurs. Paule Laudon nous invite à découvrir la randonnée comme une activité au contact de la faune et de la flore polynésiennes, qui ne cesse de séduire toujours plus d’adeptes et de passionnés.

"Souvent couronnées, encapuchonnées ou couvertes de nuages visibles à soixante miles marins, les montagnes polynésiennes signalent la présence de la terre. Elles guidèrent vers elles les navigateurs, premiers découvreurs ma’ohi, puis premiers visiteurs européens et leurs innombrables successeurs", rappelle Paule Laudon. De même qu’elle a successivement offert refuge aux tribus vaincues lors de guerres entre chefferies et aux exclus ayant transgressé des tapu irréversibles ; elle est devenue la tanière des mutins européens, des beachcombers, des insoumis au protestantisme et des réfractaires au protectorat français, dont les mamaia sont les plus notables.

Aujourd’hui elles totalement inhabitées et encore peu exploitées, mais jadis les vallées et les plateaux étaient très bien connus des autochtones. Les fameux pi’imato en parcouraient les crêtes à la recherche des plumes d’oiseaux sacrés pour la confection de parures et costumes, tandis que les crânes des chefs et prêtres influents y étaient enterrés. Sans parler de l’édification de nombreux paepae et marae qui, aujourd’hui encore, ne cessent de surprendre les randonneurs sur des hauteurs à donner le vertige (notamment au sommet de l’Orohena, culminant à 2 241 mètres).

De la balade contemplative au circuit sportif

Ouvrage de référence, pour les résidents polynésiens comme pour les nouveaux arrivants et touristes de passage, ce guide s’adresse à tout un chacun désireux de s’approprier un patrimoine intérieur riche de découvertes et encourage la pratique d’une activité des plus saines, sportive ou non.

Ce guide, au contenu actualisé, propose une quarantaine de circuits sur Tahiti, cartographiés et dont les itinéraires sont minutieusement détaillés, classés selon le niveau de difficulté : quatre sentiers ascendants des crêtes et sommets ; treize excursions dans les vallées de Tahiti Nui et trois sur la presqu’île ; neuf randonnées sur les plateaux et dix circuits de traversées de long en large.

L’île sœur n’est pas en reste puisque cinq circuits sont proposés, entre découverte de cascades : ascension du mont Rotui et Mouaputa, traversée entre Vaiare et Paopao, jusqu’au col Tamarutofa. Les panoramas sont d’ailleurs sublimés par les clichés de Philippe Bacchet et Pascal Le Cointre.

Géologie, culture, environnement

Faisant exception en matière de randonnée, il aborde l’aspect géologique des îles de Moorea et Tahiti. Il raconte notamment les montagnes, reliquats de l’éruption de trois volcans désormais éteints, à l’origine de l’incroyable caldeira centrale de Tahiti Nui. Leurs boyaux de lave ont laissé intactes les incroyables lavatubes. Les nombreux cirques, prismes et orgues basaltiques sont des particularités polynésiennes qui valent le détour, notamment dans la vallée de la Tuauru.

Sous l’effet de la tectonique, on comprend mieux comment les îles ont jaillis de l’océan, façonnant un relief singulier articulé autour des cinq principales vallées de l’île que l’on découvre à travers divers circuits pédestres : la Papenoo, la Fautaua, la Tuauru, la Punaruu et la Vaihiria. La luxuriance et la magnificence de la faune inoffensive et de la flore, entre espèces endémiques et introduites, est habilement valorisée, dans une optique de préservation et d’apprentissage des espèces que l’on y croise. Bon nombre de plantes comestibles et médicinales sont ainsi renseignées, ainsi que leurs usages et la manière de les préparer.

Paule Laudon, l’intrépide aventurière

Impliquée dans la défense du patrimoine naturel et culturel polynésien depuis cinquante ans, Paule Laudon est avant tout une femme d’action aux compétences multiples. Docteur en chimie, formée en œnologie, investie dans de nombreuses fouilles archéologiques, passionnée d’art et en particulier des travaux de Gauguin et Matisse, c’est une athlète hors norme, toujours prête à sillonner les crêtes et les montagnes de Polynésie, puis du monde. Dans cet ouvrage méticuleusement réalisé, elle emmène le lecteur à la découverte de romantiques promenades dans les vallées profondes, le long des rivières, en bordure des lacs hauts perchés ; part à l’ascension de sentiers méconnus longeant des vallons et canyons sauvages, tirant vers des grottes mystérieuses, traversant des plateaux encore vierges de toute activité humaine.

Conseils pratiques

Pour favoriser le bon déroulement des randonnées, il est préconisé de partir tôt le matin pour profiter de la fraîcheur et de la lumière, de progresser à son rythme mais de manière ininterrompue. Lors de l’ascension, la prudence et la vigilance sont de mise : bien que dense, la végétation peut être trompeuse, les prises sont à vérifier avant de s’y accrocher. Les éboulements de crêtes ou de piste en contrebas de basalte friable sont à craindre. Pour les mêmes raisons, la pratique de l’escalade est fortement déconseillée. En période de pluie, les crues soudaines peuvent être très dangereuses, le plus prudent reste d’annuler les excursions en cas de fortes précipitations.



Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 13 Juillet 2016 à 07:55 | Lu 2439 fois