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L'hospitalisation à domicile d'ici 2018, loin d'être gagnée


L'hospitalisation à domicile d'ici 2018, loin d'être gagnée
PAPEETE, le 01 décembre 2016 -L'hospitalisation à domicile est inscrite au schéma d'organisation de la santé depuis 2002. Là où le bât blesse, c'est qu'en 14 ans et malgré son inscription à tous les schémas directeurs, rien n'a changé, il n'y a toujours pas d'hospitalisation à domicile en Polynésie française.

Sylvain Rigaud directeur adjoint de l'APAIR s'inquiète de l'immobilisme qui entoure la mise en place de l'hospitalisation à domicile (HAD) en Polynésie Française. "La HAD est un peu l'arlésienne de la Santé parce qu'est c'est inscrit dans tous les schémas organisation depuis 2002 et depuis 2002 rien ne se passe. Sur le dernier schéma d'organisation 2016-2021 publié au JOPF, il y a un axe : "privilégier le maintien à domicile et améliorer la qualité de prise en charge" et dans les sous items apparaissent les mentions "structurer le réseau de l'aide à domicile avec articulation à trouver avec l'hospitalisation à domicile" par ailleurs l'échéancier inscrit au schéma pour la mise en place de la HAD est 2018. À ce jour, l'hospitalisation à domicile n'existe toujours pas."

En effet, le 11 décembre 2015 le président du Pays, Édouard Fritch évoquait l'hospitalisation à domicile dans un discours rappelant que c'est une priorité pour une amélioration de la qualité des soins apportée aux malades. Il est vrai que les hôpitaux et les centres de soins publics sont saturés, par ailleurs les cliniques privées ne sont pas en reste. La HAD permet de libérer des lits dans les hôpitaux afin de répondre aux besoins de soins de la population. Le ministre de la Santé indique " Le Schéma d'organisation sanitaire n'est qu'un schéma, ce 'est pas quelque chose qui se met en route comme cela du jour au lendemain c'est quelque chose qui va s'étaler dans le temps. Dans le schéma d'organisation sanitaire vous avez énormément de choses que nous allons pousser sur le circuit de l'application petit à petit, ce n'est pas comme une graine que l'on plante et ça pousse rapidement, ça va mettre un peu le temps, probablement quatre cinq ans pour créer les conditions pour que l'hospitalisation à domicile puisse tourner à peu près correctement. "

"Nous avons rencontré tous les opérateurs, et nous avons fait une analyse des besoins. Pour les professionnels de santé à ce jour, uniquement sur les centres hospitaliers territoriaux et Te Tiare, 54 patients ont été identifiés. 17 au centre Tetiare et 37 au CHPF. Ce sont 54 patients captifs faute d'une hospitalisation à domicile, mais également 54 lits pris qui pourraient servir à d'autres patients. Si on ajoute à ce chiffre le secteur privé, nous pouvons estimer à 80 le nombre de personnes qui pourraient bénéficier de l'hospitalisation à domicile", estime Sylvain Rigaud.

Le ministre de la Santé Patrick Howell explique cet immobilisme par la mise en place d'une organisation des acteurs. "Dans ce type de dossier, il y a une phase de préparation. Pour l'hospitalisation à domicile, il est évident pour nous qu'au vu d'un certain nombre de pathologies qui montent en puissance l'hospitalisation à domicile devient une évidence, mais dans la prise de décision nous avons quand même des partenaires comme la CPS qui paie dont il faut tenir compte nous avons également le milieu hospitalier dont les capacités de pouvoir traiter les patients dans les chambres, il faut également organiser les familles qui seront d'accord d'assumer cette hospitalisation à domicile."

Selon le président de l'association spécialisé dans les soins à domicile, "rien n'existe ne serait-ce qu'au niveau de l'estimation de la rémunération de l'activité. Tout est à faire. Tout est à construire. C'est pour ça qu'à l'APAIR on avait déposé un dossier et on était tous partis pour commencer à tout mettre en place dès 2017 pour qu'en 2018 nous soyons aptes à répondre à l'item "l'articulation à trouver avec l'hospitalisation à domicile". Là où on a été un peu plus étonné. C'est quand on a déposé notre dossier ça a été refusé pour des raisons budgétaires dans un premier temps puis pour des raisons juridiques dans un deuxième temps."

D'autant que selon l'association un développement de 7% de l'HAD entrainerait une baisse de 35 millions d'euros des dépenses de santé. Par ailleurs, toujours selon l'APAIR, la HAD demande certes de gros investissements dans un premier temps, mais elle entrainement également de grosses économies sur le long terme, sans oublier que selon leur estimation, "une journée d'hôpital coute environ 50 000 XPF par jour tandis qu'une journée d'hospitalisation à domicile reviendrait pour les services de santé à 20 000 XPF par jour. Les chiffres parlent d'eux même."

De son côté le ministre de la Santé Patrick Howell répond "Les prestataires disent ce qui les arrange, ils souhaiteraient qu'il y ait de l'hospitalisation à domicile comme ils l'entendent, mais ça ne va pas se passer comme ça. Il faut que l'ensemble des partenaires soit d'accord de A à Z, il ne faudrait pas qu'il y ait un maillon de la chaine ne soit pas d'accord. Dans ce maillon la CPS est importante parce que c'est l'organisme qui paye et c'est l'organisme qui va vérifier que toutes les conditions sont réunies ou pas pour bénéficier de la HAD."


Qu'est ce que l'hospitalisation à domicile ?

L'hospitalisation à domicile (HAD) est une forme d'hospitalisation. Elle permet d'assurer à votre domicile des soins médicaux et paramédicaux importants, pour une période limitée mais renouvelable en fonction de l'évolution de votre état de santé. L'HAD intervient exclusivement sur prescription médicale et avec l'accord de votre médecin traitant, qui assure la prise en charge médicale tout au long du séjour.


Rédigé par Marie Caroline Carrère le Jeudi 1 Décembre 2016 à 17:40 | Lu 2785 fois