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A Hong Kong, la vogue des funérailles en mer devant la cherté des terrains


A Hong Kong, la vogue des funérailles en mer devant la cherté des terrains
HONG KONG, 24 juin 2012 - Les prix des logements à Hong Kong sont parmi les plus élevés au monde, y compris pour les morts. Devant la rareté et la cherté des places au cimetière, de plus en plus de familles de ce territoire du sud de la Chine optent pour des funérailles en mer.

La dispersion des cendres des défunts au large reste encore une niche, car la tradition chinoise veut que le corps soit enterré, ou du moins que les proches puissent se recueillir devant une plaque en souvenir du mort, par exemple dans un colombarium, où sont disposés des urnes contenant les cendres des morts incinérés.

Procéder autrement est considéré comme irrespectueux et interdit à l'âme du défunt de reposer en paix, selon la tradition.

Mais les mentalités évoluent ces dernières années, souligne Alex Cheung, employé d'un salon funéraire qui conduit des ensevelissements en mer.

"Les gens ne l'acceptaient pas au début. Nous n'avions qu'un tout petit bateau. Mais maintenant, je conduis ce genre de cérémonies pour 80 à 100 familles tous les mois", déclare-t-il. "Je crois que c'est une vraie tendance et que de plus en plus de gens vont opter" pour cette pratique.

"La mort est la mort. Quelle que soit la cérémonie qu'on choisit, le résultat est le même", déclare ainsi Michael So, un entrepreneur immobilier, lors de la dispersion en mer des cendres de sa mère, décédée à 92 ans.

"Pour moi, lorsqu'une personne nous manque, cela veut dire qu'il y a un endroit, un lieu dans mon esprit, où je peux aller pour prier pour elle. Je pense que laisser le corps à la mer est une bonne chose", explique-t-il.

Lai Sai-foon, président de la société du Confucianisme à Hong Kong, souligne qu'une personne doit être mise en terre, car le ciel, la terre et l'homme représentent les trois éléments fondamentaux de cette philosophie dominante en Chine.

Impossible d'inhumer à cause du manque d'espace

"Un corps doit être enterré car cela signifie le retour à la terre", explique-t-il. "Mais les temps changent. Autrefois, il n'y avait pas de problème pour trouver un terrain mais maintenant, si vous voulez être inhumé, c'est devenu presque impossible à cause du manque d'espace".

"Ce qui ne change pas en revanche, c'est que nous devons nous souvenir de nos ancêtres, même si c'est par d'autres moyens, car le confucianisme insiste sur la dévotion aux aïeux", ajoute Lai Sai-foon.

Le gouvernement met à disposition des familles un ferry, dont la capacité a été augmentée en début d'année, à 200 passagers. Le nombre de funérailles sous cette forme reste modique --661 en 2011-- mais il n'en représente pas moins un quadruplement en quatre ans.

"Cette approche respecte l'environnement et peut aider le développement durable dans un lieu aux ressources (terrains: ndlr) limitées", souligne York Chow, secrétaire à la Santé et à l'Alimentation du gouvernement de Hong Kong.

Une parcelle dans un cimetière privé s'achète 250.000 dollars de Hong Kong (25.700 euros). Dans un cimetière public, une concession pour six ans démarre à 3.190 HKD (327 euros). Au bout de six ans, le corps est exhumé et incinéré, ou les ossements enfouis dans une parcelle bien plus petite.

Mais même les colombariums manquent cruellement de place. Le gouvernement a promis d'"ouvrir" 120.000 nouvelles niches d'ici 2012, un chiffre insuffisant au regard des 41.400 décès annuels en moyenne dans ce territoire de sept millions d'habitants.

Outre le prix des terrains à Hong Kong, le gouvernement se heurte, pour l'ouverture de nouveaux cimetières, à la réticence des habitants qui redoutent le mauvais sort et une baisse de la valeur de leur logement à proximité.

Sur le ferry au large de Hong Kong, Alex Cheung aide les familles à placer les cendres de leur défunt dans un sac biodégradable, qui glissera ensuite doucement dans la mer via un petit toboggan de bois.

"Ma mère pensait qu'un ensevelissement en mer lui correspondait car elle voulait être en communion avec la nature. Cette façon-là de procéder respecte la nature" et "donne lieu à une cérémonie très paisible" pour les familles, estime Michael So.


Par BEH Lih Yi

Rédigé par AFP le Samedi 23 Juin 2012 à 23:18 | Lu 468 fois