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La Grande loge nationale française veut démythifier la franc-maçonnerie


A droite, Jean-Pierre Servel, grand maître de la Grande loge nationale française. Il est ici avec Jacques Parot, grand maître du district international de la zone Asie Pacifique.
A droite, Jean-Pierre Servel, grand maître de la Grande loge nationale française. Il est ici avec Jacques Parot, grand maître du district international de la zone Asie Pacifique.
FAA'A, le 11 mai 2016. Les loges maçonniques de différentes obédiences se succèdent en ce moment à Tahiti. Après une présentation, la semaine dernière, de la Grande loge de France, c'est cette fois la Grande loge nationale française qui vient se présenter au grand public ce vendredi soir au lycée hôtelier de Punaauia.

Le passage de deux organisations maçonniques différentes à Tahiti au cours des deux dernières semaines ne serait dû qu'au hasard. "C'est une coïncidence, pas un concours de séduction" affirme le grand maître de la Grande loge nationale française, Jean-Pierre Servel. Ce déplacement avec Jacques Parot, grand maître du district international de la zone Asie Pacifique correspond à une visite "pour connaître les frères" précise-t-il. Dans le même temps, néanmoins la Grande loge nationale française (GLNF) en profitera pour tenir une réunion publique vendredi à partir de 18 heures dans l'amphithéâtre du lycée hôtelier de Punaauia. "Nous avons besoin, toutes obédiences confondues de démythifier la franc-maçonnerie, surtout dans les régions où elle est encore perçue comme un fantasme. Le secret qui nous entoure nous porte préjudice. C'est aux frères d'expliquer ce que nous faisons, à savoir des réunions d'hommes de bien" poursuit Jean-Pierre Servel.

Le grand maître de la GLNF ne nie pas les divisions entre diverses obédiences qui ont secoué la franc-maçonnerie il y a une quinzaine d'années et qui seraient, selon lui, très particulières à la France. "Nous avons traversé une crise très dure" reconnait-il. La Polynésie française n'a pas échappé à ces scissions et a vu, notamment, la création de la grande loge régulière de Tahiti (GLRT) qui n'est pas affiliée à la Grande loge nationale française et a divisé, de moitié, les frères tahitiens. Entre les deux entités, il n'y a pas d'animosité avouée, mais pas de contact non plus. Avec une centaine de membres, la GLNF compte quatre loges polynésiennes (trois à Papeete et une à Moorea), "nous espérons prochainement la création d'une cinquième loge et la reconstitution de la province de la Polynésie française".

Ordre, hiérarchie, ésotérisme et croyance en un Dieu (quel qu'il soit, puisqu'il est appelé ici "grand architecte de l'univers") sont le socle de cette franc-maçonnerie traditionnaliste où la mixité sexuelle est prohibée et où les rites traditionnels, répétés comme une "litanie" rythment inlassablement les réunions des frères. Ces rites seraient une "méthode de connaissance de soi" et un outil de "la dynamique de groupe". A les écouter, ces frères semblent avoir besoin de cette spiritualité masculine pour nourrir de longues séances de réflexion lors de leurs réunions mensuelles où la religion et la politique sont des sujets bannis.

Quant à la solidarité entre "frères", elle ne dépasserait pas un certain cadre d'honneur. Ancien avocat, Jean-Pierre Servel admet avoir "plaidé contre des francs-maçons. Je n'ai pas trahi mes clients en fonction de cette appartenance" et il conclut "c'est une solidarité dans l'honneur, pas dans la magouille". Enfin, l'entrée dans la franc-maçonnerie se fait encore majoritairement par la cooptation d'un parrain déjà initié. Les admissions spontanées sont rares, mais possibles. "Le plus gros problème, pour nous, étant d'être certain que le candidat croit en Dieu quand cette affirmation ne peut être corroborée par un parrain déjà membre".

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 11 Mai 2016 à 18:00 | Lu 7769 fois