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"La Polynésie française sous la bombe 1966-1974" : une exposition pour la mémoire


PAPEETE, le 27 juin 2016 - Le Centre économique et social de Polynésie française accueille, depuis hier et jusqu'au 8 juillet, une exposition dédiée aux essais nucléaires qui se sont déroulés sur le territoire de 1966 à 1974.

Une trace de l'Histoire de la Polynésie encore bien présente dans les mémoires : le 1er juillet marquera le 50ème anniversaire du premier essai sur le territoire. A cette occasion, le Centre économique, social et culture de Polynésie, le ministère de la Culture et les associations Moruroa E Tatou ainsi que Tamarii Moruroa et 193 ont uni leurs forces pour présenter une exposition intitulée : "La Polynésie française sous la bombe 1966-1974". Le sujet, toujours délicat, est évoqué sous la forme de différents tableaux où sont décrits les essais, le contexte politique de l'époque et le déroulement de l'opération.
"Aujourd'hui, la parole est plus libérée, a souligné Winiki Sage, président du CESC dans son discours inaugural de l'exposition. Et le discours du Président de la République lors de sa visite représente une véritable avancée en matière de reconnaissance. Pourtant, il y a encore beaucoup de choses à faire. Tout n'a pas encore été éclairci…"
L'exposition a pour but de mettre en lumière cette partie sombre de l'Histoire de la Polynésie. Pour les organisateurs et participants, il est important que les habitants du fenua comprennent le passé. "Cette date doit réunir tous les Polynésiens et non pas les diviser, a expliqué le Père Auguste, président de l'association 193. Tous les Polynésiens sont victimes de ces essais."
Si le sujet est beaucoup moins tabou qu'il y a quelques années, la question divise encore. Cette exposition a pour mission de remémorer, d'apporter quelques réponses mais aussi de fédérer.

"ENVISAGER UNE SUITE A CETTE EXPOSITION"

Dans la continuité de nombreux travaux engagés, "La Polynésie sous la bombe" pourrait être aussi le commencement d'une nouvelle ère. "Il faut envisager une suite à cette exposition", a lancé le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu.
Parmi les représentants des associations présentes, tous ont évoqué la construction d'un centre de mémoire dédié à la période des essais nucléaires "pour que les promesses ne restent pas que des promesses" a insisté Roland Pouira Oldham, président de l'association Moruroa E Tatou.
Enfin, beaucoup souhaitent aussi que cette partie de l'histoire ne soit plus occultée des programmes scolaires. En somme, que l'Histoire entre dans les cahiers d'histoire.

Pratique

- Quand ? Du lundi 27 juin au vendredi 8 juillet (de 8h à 17h du lundi au jeudi et jusqu'à 16h le vendredi)
- Où ? Au Conseil économique, social et culturel, avenue Pouvanaa a Oopa à Papeete.
- Combien? Gratuit
- Pour qui ? Tous ceux désireux d'en savoir plus sur les effets nucléaires et leurs conséquences.
Une conférence débat/politique publique aura lieu au CESC vendredi 1 juillet à 9 heures en présence des membres des associations et de l'ancien maire de la ville d'Hiroshima.

Trois question à Bruno Barillot, concepteur de l'exposition

"L'exposition est un signe que nous avançons vers les questions de la mémoire de la période des essais."

L'exposition a été préparée il y a 10 ans, pour le 40ème anniversaire du premier essai nucléaire. Quelles choses ont changé en 10 ans ?
Il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées en 10 ans. Il y a eu, par exemple, la loi Morin en 2010. Cela n'a pas été un grand succès car on sait que cette loi est un peu une loi d'affichage. Jusqu'à présent, sur plus d'un millier de dossiers de victimes, il n'y a eu que 20 personnes qui ont été indemnisées. De plus, cette année, François Hollande est venu en visite. C'est la première fois qu'un président de la République prend position en disant clairement que les essais nucléaires ont provoqué des conséquences sanitaires et environnementales…

Certains lui reprochent de ne pas s'être clairement excusé…
Oui, bien évidemment, on veut toujours plus. On veut qu'il demande pardon, qu'il s'excuse etc… Un chef d'État, ce n'est peut-être pas son langage, surtout dans une République laïque. Mais je trouve que ce qu'il a fait, c'est déjà extraordinaire. C'est un pas nouveau qui va peut-être permettre d'aller vers relations plus apaisées entre l'État et le gouvernement du Pays. Et peut-être faire avancer aussi les différentes revendications. L'exposition est un signe que nous allons avancer vers les questions de la mémoire de la période des essais. Maintenant qu'il y a 20 ans que les essais sont arrêtés, nous nous rendons compte que beaucoup de jeunes ignorent pourquoi nous en sommes là aujourd'hui.

Avez-vous apporté des modifications à cette exposition?
Il y a eu d'autres expositions depuis. Il y a eu d'autres manières pour se remémorer cette période. Nous avons développé tout un programme audiovisuel pour que tous les Polynésiens s'intéressent à la problématique. Il y a eu aussi une exposition de portraits des témoins de la bombe et de nombreux livres. Ce sont sûrement des travaux à poursuivre. Le recueil de ceux qui ont vécu cette période est important.

Une marche autour d'île pour protester

Depuis hier et ce jusqu'à, les associations de défenses nucléaires organisent une marche autour de l'île de Tahiti pour dénoncer les effets des essais nucléaires sur la population polynésienne.
Les étapes de la marche :
➢ Lundi 27 juin : Papeete – Paea (21 kms)
➢ Mardi 28 juin : Paea – Mataiea (26 kms)
➢ Mercredi 29 juin : Mataiea – Taravao (15 kms)
➢ Jeudi 30 juin : Taravao – Hitia’a (17 kms)
➢ Vendredi 01 juillet : Hitia’a – Mahina (23 kms)
➢ Samedi 02 juillet : Mahina – Papeete (23 kms)
Départ à 8h00 sauf le samedi 02 juillet, départ à 9h00.

Rédigé par Amelie David le Lundi 27 Juin 2016 à 17:11 | Lu 1444 fois