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Tahiti Mahana Beach : une étude d'impact pour régulariser la situation


A l'emplacement de l'ancien hôtel Sofitel Maeva Beach, des monticules de terre, prêts à être utilisés pour des remblais attendent depuis plus d'un an et demi d'être utilisés. Mais l'étude d'impact environnemental n'arrive que maintenant.
A l'emplacement de l'ancien hôtel Sofitel Maeva Beach, des monticules de terre, prêts à être utilisés pour des remblais attendent depuis plus d'un an et demi d'être utilisés. Mais l'étude d'impact environnemental n'arrive que maintenant.
PUNAAUIA, le 15 décembre 2015. Alors que c'est en fin de cette semaine que le Pays doit signer un protocole d'accord avec le lauréat aménageur du Tahiti Mahana Beach en vue de la construction d'un vaste complexe de tourisme, une étude d'impact sur l'environnement est lancée. Elle s'intéresse aux remblais préparatoires sur le terrain de l'ex hôtel Sofitel. Le problème ? Ils sont réalisés depuis longtemps…

C'est une simple annonce de quelques lignes seulement qui met en évidence cette procédure de régularisation, très tardive. "Une étude d'impact sur l'environnement concernant la réalisation de remblais préparatoires de 66 000m3 sur l'emplacement de l'ancien hôtel Sofitel Maeava Beach est consultable dans les mairies de Punaauia et de Faa'a et au service de l'urbanisme aux heures ouvrables pendant un mois à compter du 17 décembre 2015". Sur le moment on se frotterait presque les yeux. L'ex hôtel Sofitel Maeva Beach a été détruit en août 2014 et dans les mois qui ont suivi cette démolition, la parcelle a été nettoyée, terrassée puis a accueilli des monticules de terre, savamment disposés en tertres faisant parfois jusqu'à cinq mètres de hauteur. Tous ces aménagements ont été faits au vu de tous… mais sans avoir scrupuleusement respecté la réglementation en vigueur.

Ainsi, cette étude d'impact sur l'environnement concernant des travaux de terrassement et la mise en place de 66 000m3 de remblais est-elle faite, on le comprend aisément, très largement a posteriori. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une régularisation tardive. Car les travaux sont déjà effectués et depuis longtemps. Dans cette optique on se demande bien ce qui se passerait si les administrés des communes concernées, "invités à inscrire leurs observations sur le cahier de doléances" exprimaient leur profond rejet de ce projet et trouvaient même des arguments solides arguant d'impacts importants pour l'environnement.

DES TERRES STOCKEES EN ATTENDANT LES REMBLAIS

A priori, néanmoins, il ne se passera rien qui risquerait de nuire ces "remblais préparatoires" du futur complexe du Tahiti Mahana Beach : la période choisie pour l'étude d'impact (17 décembre-17 janvier) n'est certainement pas la plus propice à une forte mobilisation des populations concernées. De plus, le stockage de ces monticules de terre, ne semble pas poser de problème environnemental majeur. Bref, tout devrait se dérouler sans anicroche, mais cette régularisation tardive démontre que, dans la volonté d'agir très vite sur ce grand projet, certaines procédures n'avaient pas été respectées à la lettre. Au risque de mettre en danger tout le projet. C'est pourquoi, TNAD (Tahiti Nui aménagement et développement), établissement public industriel et commercial du Pays en charge des grands travaux et notamment de ce projet de complexe touristique, souhaite border réglementairement toutes les étapes. Sollicitée ce mardi par Tahiti Infos au sujet de cette régularisation sur l'étude d'impact environnemental qui démarre ce jeudi 17 décembre, la direction de TNAD n'a pas répondu à nos questions : "le directeur est en réunion toute la journée" nous a-t-on répondu avant même d'avoir pu exposer le motif de notre appel.

La terre déposée en vue de procéder à des remblais sera utilisée dès que les procédures d'expropriation des dernières parcelles littorales du projet Tahiti Mahana Beach arriveront à leur terme. En août dernier, l'utilité publique de l’acquisition, par le Pays, des terrains nécessaires au projet Tahiti Mahana Beach était reconnue et l'expropriation des derniers irréductibles d'Outumaoro était donc autorisée. Le commissaire enquêteur en charge de l’enquête publique avait rendu un avis favorable sans réserve ni recommandation, soulignant "qu’au-delà de son impact sur le développement touristique, le projet Tahiti Mahana Beach devrait être un atout indéniable pour la relance économique de la Polynésie française". Une enveloppe de près de 600 millions Fcfp était prévue pour financer ces dernières acquisitions foncières.


L'investisseur lauréat du projet Tahiti Mahana Beach sera connu samedi

Fin novembre, le comité de suivi du projet Tahiti Mahana Beach, se réunissait pour la 3ème fois. Quelques jours plus tôt, le groupe Tower Crest et le groupement Recas-China Railway avaient remis leurs offres finales au Pays. Le calendrier des étapes suivantes, envoyé aux médias, indiquait que le choix du lauréat devait être effectué le 8 décembre dernier. Mais il n'a pas été annoncé publiquement pour que les dernières négociations de cadrage avant la signature du protocole d'accord puissent se dérouler sans pression supplémentaire. Albert Solia, le ministre de l'Equipement nous a confirmé, en fin de semaine dernière, que des discussions juridiques très pointues se sont ouvertes immédiatement avec le lauréat pressenti. Elles doivent aboutir en fin de cette semaine, le samedi 19 décembre précisément, à la signature d'un protocole d'accord entre le Pays et cet aménageur/investisseur. En cas d'échec au cours de ces derniers réglages sur le protocole d'accord, le candidat malheureux pourrait être repêché in extremis.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 15 Décembre 2015 à 21:53 | Lu 2268 fois