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Nicole Bouteau : "Ce qui m'a marquée, c'est la volonté d'implication des communes dans le développement touristique"


PAPEETE, le 22 août 2016 - Du 15 au 20 août derniers, la commission du tourisme, de l’écologie, de la culture, de l’aménagement du territoire et du transport aérien de l'assemblée de la Polynésie française s'est rendue aux îles Sous-le-vent. Au programme : rencontre avec les maires et acteurs du tourisme et visites des sites attractifs de chaque île. Nicole Bouteau, la présidente de cette commission, revient sur les enjeux de cette visite.

Qu'est-il ressorti de cette visite aux Raromatai?

Ce qui m'a vraiment marquée, c'est la volonté d'implication des communes, de toutes les îles, dans le développement touristique. Par exemple, sur Bora Bora, le maire nous a présenté la démarche de développement durable sur lequel il travaille depuis 25 ans. A Tumaraa, j'ai été agréablement surprise de voir que la commune fait travailler le Centre des jeunes adolescents (CJA), un agriculteur qui développe une agriculture bio et un projet touristique haut de gamme sur l'île. La commune réussit à faire travailler ensemble le secteur primaire, les jeunes qui sont en formation et un professionnel qui a décidé de créer un produit d'hébergement très haut de gamme.
Enfin, toutes les îles ont développé au niveau de leurs communautés de communes, un travail sur le développement du tourisme nautique.

Quelles sont les choses qui restent à mettre en place?

Dans le cadre de sa stratégie de développement du tourisme 2015/2020, le ministère a construit un plan d'action, il y a un certain nombre de choses qui sont faites et d'autres qui restent encore à faire. En outre, il est réclamé dans les îles de la signalétique : notamment sur les sites culturels et historiques. Il faudrait également développer des infrastructures types sanitaires publiques. Il y a déjà eu des aménagements mais ce n'est pas suffisant. De plus, il faut continuer à mettre en valeur les sites culturels et historiques.
En matière de règlementation, concernant le tourisme nautique, il y a une volonté de mieux organiser les zones de mouillage dans chaque île : il faut de la concertation et figer les zones.

Comment allez-vous pouvoir les accompagner?

On vient de rentrer, je vais faire un certain nombre de demandes de rencontres avec les ministères concernés. Nous avons été saisis sur des choses concrètes qui peuvent se régler de manière immédiate, sans passer par l'assemblée.

Par exemple?

A Bora Bora, sur le sujet des transports en commun, nous avons été sollicités par une professionnelle qui a des jeunes qui souhaiteraient passer leurs permis transport en commun pour pouvoir conduire les trucks autour de l'île. Malheureusement, la seule auto-école qui dispose d'un véhicule de transport en commun pour faire passer le permis a son véhicule est en panne. Cela fait un an qu'ils attendent de leur faire passer le permis. Donc ce sont des emplois en attente. Nous n'avons pas besoin de passer par un texte, c'est plutôt un cas pratique. Tout ceci, nous allons en discuter avec le ministère des Transports.
Autre exemple, sur Huahine, nous avons été saisis par des professionnels de nuisances à l'environnement sur une zone touristique importante. Il faut faire cesser cela! Nous allons rencontrer le ministère concerné. Concernant les travaux de l'Assemblée, nous allons nous pencher sur les questions de mouillage. Enfin, il y a la question du pandanus. A Bora Bora, tout le monde l'utilise. Il y a une véritable économie derrière. Il pourrait y avoir une véritable filière à organiser. C'est un sujet sur lequel nous allons discuter avec nos collègues.

Et maintenant?

Un rapport d'information va être rédigé prochainement. Nous le transmettrons à tous les élus mais aussi aux communes et acteurs que nous avons rencontrés. L'idée est de donner suite à notre visite et peut être de faire tout un tas de recommandations sur tout ce qu'on a vu et entendu. Il y a une suite à donner à tout cela, il y a des attentes.

Allez-vous aller dans les autres archipels?

C'est notre souhait. Ce n'est pas prévu pour le moment mais nous aimerions y aller. J'aimerais faire au moins un archipel par an. La visite que nous venons de faire, avec les élus des trois groupes, a vraiment permis de créer une cohésion et du lien entre nous. Notre idée est de poursuivre ce genre d'initiatives dans les autres îles pour aller à la rencontre des gens et voir ce qu'ils attendent et proposent. Le prochain archipel pourrait être les Tuamotu.


Réaction

En tant que maire de Tumaraa et président de la communauté de communes, Cyril Tetuanui ne peut que se réjouir de ce déplacement. Selon lui, cela a permis aux trois tavanas de l'île et aux maires délégués des sections de communes de montrer tous les projets prévus. Il n'y a aucun projet grandiose en cours sur Raiatea mais plutôt une multitude d'aménagements pensés pour développer un tourisme respectueux de l'environnement et de la population. Les trois maires ne rêvent pas d'un tourisme à la Bora mais misent plutôt sur le tourisme nautique et le tourisme vert.

Cyril Tetuanui fait confiance à la délégation pour défendre leurs projets lors des discussions budgétaires car les membres de la commission ont pris conscience de l'importance d'un développement économique de Raiatea qui met la population au coeur des projets.

PATRICIA RUSSMANN-MAURIN

Une grande première

Après Tahiti en 2015 et Moorea en 2016, les élus de la commission tourisme ont pris la direction des îles Sous-le-vent. C'est la première fois que des membres de l'assemblée de la Polynésie française vont en mission ensemble. "Le règlement intérieur de l'assemblée ne prévoyait pas ce genre de choses jusqu'à présent. Depuis la dernière modification du règlement intérieur, les élus ont la possibilité de rédiger des rapports d'information sur des sujets particuliers. On s'inscrit dans cette démarche. Les élus ont pris en charge la totalité de leur déplacement : aérien, hébergement, des frais de repas. Nous avons eu un gros soutien logistique des communes pour le transport notamment. Le président envisage même de donner quelques moyens aux différentes commissions législatives pour faire des évaluations des politiques publiques sur le terrain mais aussi des missions d'information sur des sujets particuliers, ce qui a été le cas pour notre commission. Certes nous débattons différents sujets, nous votons, encore faut il le faire en connaissance de cause! Nous avons peut être trop tendance à penser qu'il n'y a que les élus des îles concernées qui pourraient apporter leur éclairage sur la situation mais il est important aussi que les élus d'autres archipels aient connaissance de ce qu'il se passe. Nous sommes élus de l'ensemble de la Polynésie!", explique Nicole Bouteau.

Rédigé par Amelie David le Lundi 22 Août 2016 à 16:42 | Lu 1925 fois