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Claude Morlot invité à l’Agora Gallery de New York


Verena, agent de l’artiste, Claude Morlot et Rose de la galerie des Tropiques (de gauche à droite).
Verena, agent de l’artiste, Claude Morlot et Rose de la galerie des Tropiques (de gauche à droite).
PAPEETE, le 14 février 2017 - Son travail de l’année a séduit la galerie d’art américaine Agora. Ses sculptures, photographiées et mises en ligne par son agent, ont été repérées à New York, puis Claude Morlota été invité à réaliser des œuvres pour une exposition en cours : Mélange of Milieu. Les temps de disette sont loin, la reconnaissance est là.

Verena, agent du sculpteur Claude Morlot gère sa communication, ses publications et sa promotion. Comme elle le fait depuis des années, elle a immortalisé puis diffusé les clichés des sculptures conçues pour le rendez-vous annuel de l’artiste à la Galerie des Tropiques, sur le front de mer de Papeete. "Suite à ça", raconte-t-elle, "l’Agora Gallery a appelé Claude pour l’inviter à exposer à New York".

"La galerie américaine voulait certaines des pièces qu’ils avaient vues en ligne, ce qui n’était pas possible car elles étaient toutes vendues", précise Claude Morlot. "J’ai dû travailler d’arrache pied pour proposer de nouvelles sculptures. J’avais peu de temps, j’en ai réalisé cinq, la fin d’année 2016 a été très chargée."

En effet, réaliser une sculpture prend du temps. "Au bas mot, pour une petite pièce, il faut compter une semaine." La plus grande des pièces envoyées à New York mesure près d’un mètre. Malgré les délais, l’artiste n’a pas revu ses ambitions à la baisse. Il a réalisé cinq femmes car, "c’est ce qui a attiré les organisateurs". Elles sont de différentes tailles et se distinguent par leur silhouette.

Jeu de contrastes


La particularité du travail de Claude Morlot est de jouer sur les contrastes. Tout commence par un dessin, un croquis, parfois une maquette en argile "quand mon projet est vraiment complexe". Ensuite il gagne le lit de la rivière non loin de son atelier. "Je sculpte au fond de la vallée d’Orofero à Paea, il y a tout ce qu’il faut là-bas et même plus. Surtout depuis les pluies, c’est un véritable supermarché." Dans le lit de la rivière, il récupère des blocs bruts. Pour les grandes sculptures, l’artiste doit faire appel à une machine pour déplacer les blocs.

Une fois dans son atelier, il travaille le basalte, cette pierre dure avec laquelle "il mène combat". Il utilise des outils aux diamants car les outils traditionnels ne tiennent pas. Il passe et repasse ses outils jusqu’à voir briller les faces choisies de ses pièces. D’autres surfaces restent plus brutes, tranchant avec le noir polie et lisse du reste de la sculpture.

Le corps à corps de l’homme et de la matière dure depuis plusieurs années. Électronicien de formation, Claude Morlot est arrivé en Polynésie il y a plus de 30 ans. "J’ai été embauché sur le territoire avec un contrat local. J’ai fini par quitter cet emploi pour me consacrer à ma seule passion, la sculpture. Ce qui me plaît avec cet art c’est l’espace, les trois dimensions, le plat comme le dessin et la peinture ne me vont pas." Installé à Bora bora il a d’abord utilisé le bois. "Tout simplement parce que j’en avais beaucoup à portée de main."

Il laisse le bois pour la pierre

Après plus de dix années sur la perle du Pacifique, le sculpteur a gagné Tahiti. "Là, j’ai trouvé de la pierre. Il y en avait à foison." Il est donc devenu sculpteur sur pierre. Il était seul ou presque à avoir fait ce choix. Malgré les périodes disettes, "ça n’a vraiment pas été drôle tous les jours", assure-t-il, il ne regrette pas son choix. "Je n’ai jamais eu la moindre lassitude en 25 ans, vous connaissez beaucoup de métier comme ça ? Et encore, je parle de métier mais pour moi ça n’en est pas un."

Un jour de 1999, Claude Morlot a rencontré Rose Vermande, de la Galerie des tropiques. "Les gens n’étaient pas du tout ouvert à la sculpture à l’époque. Personne n’était sensible à cet art ici. Mais d’abord j’ai une grande sensibilité personnelle à cet art et puis, quand c’est beau, c’est beau et il faut le montrer." Le duo a organisé une première exposition. Puis, une deuxième a vu le jour. "Ce qui a suscité l’intérêt des gens, c’est la pierre. Le déclic ça a été le changement de matière", se rappelle Rose Vermande.

Depuis, chaque année en novembre, Claude Morlot honore son rendez-vous. Il présente son travail de l’année. Toutes ses pièces trouvent preneurs en Polynésie. Bientôt il pourrait aussi avoir à répondre à des commandes américaines.

Mélange of Milieu, melting pot de nationalité

L’exposition collective à laquelle Claude Morlot participe réunit plusieurs artistes venus du monde entier, "Russe, Japonais, Américain, Européen…", indique-t-il. Ils sont peintres ou sculpteurs et ont été invités pour leurs origines. "C'est en fait ça le thème de l’exposition, on est là parce qu’on vient d’endroits différents."
À l'Agora Gallery
Du 14 février au 7 mars.


Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 14 Février 2017 à 16:23 | Lu 1718 fois