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Oeufs en batterie: 10% de la production française pas aux normes de l'UE


Oeufs en batterie: 10% de la production française pas aux normes de l'UE
PARIS, 4 janvier 2012 (AFP) - La France va devoir mettre rapidement aux normes européennes une petite centaine de ses élevages de poules en batterie, représentant 10% de la production, pour se plier à une directive de Bruxelles visant à améliorer les conditions de vie des volatiles.

La norme européenne adoptée en 1999, mais entrée en vigueur le 1er janvier, prévoit d'accorder un peu plus d'espace aux poules pondeuses, 750 centimètres carrés au lieu de 550 actuellement, et d'aménager plus confortablement les cages (nid, perchoir, litière, abreuvoir...).

En France, 80 à 90 élevages en batterie sur les 550 concernés par la directive européenne ne se sont pas encore mis aux normes, selon les estimations du ministère de l'Agriculture. En cause, selon le ministère, le coût des travaux, qui s'élève à un million d'euros par élevage. Au total, la mise aux normes des poulaillers français aura coûté 500 millions d'euros. 85% des élevages sont désormais aux normes, contre 15% il y a dix-huit mois.

3,7 millions de poules vivent dans les fermes retardataires sur les 34 millions de poules en batterie de l'Hexagone. Un élevage compte en moyenne 40.000 poules.

L'Etat français a accordé l'an dernier une aide de 20 millions d'euros aux éleveurs pour les aider à se mettre en conformité.

Le temps presse, car Bruxelles est en train de constituer des dossiers pour lancer des procédures d'infractions contre les 14 pays membres à la traîne. "Les lettres d'avertissement partiront courant janvier, ou en février", a indiqué à l'AFP Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire européen à la santé, John Dalli.

Des inspecteurs vétérinaires chargés de vérifier la conformité des textes, et parfois de visiter des fermes, seront aussi envoyés dans les pays réfractaires.

Les sanctions en cas d'infraction avérée n'ont pas encore été définies, mais les Etats doivent soumettre à Bruxelles "des plans d'action pour éviter que les oeufs illégaux ne voyagent", précise M. Vincent. Les oeufs produits à partir du 1er janvier dans des fermes non conformes sont considérés comme illégaux.

En attendant la mise aux normes de tous les élevages, les oeufs français éventuellement déclarés "illégaux" ne seraient pas jetés, mais envoyés à l'industrie, pour être transformés, en pâtes par exemple, indique-t-on au ministère de l'agriculture.

Les protecteurs des animaux sont toutefois loin d'être satisfaits par l'application de la norme européenne en France. "La France n'a pas fait son boulot. La directive est floue sur certains points et les industriels ont cherché à tirer dessus le plus possible", estime Brigitte Gothière de l'association L124 qui a visité certains des élevages français mis aux normes.

"Le perchoir est à seulement 3 cm du sol, on ne peut pas appeler ça un perchoir. Le "nid", c'est juste quatre lamelles plastiques où les poules peuvent un peu s'isoler", dénonce Mme Gothière, alors qu'elles "cherchent à s'isoler du regard des autres quand elles veulent pondre. Quand elles n'y arrivent pas, certaines peuvent se retenir jusqu'à une demi-heure, ce qui est douloureux pour elles."

"La petite augmentation de l'espace ne change de toute façon pas les conditions sanitaires des poules pondeuses" estime Mme Gothière. Seule l'interdiction totale des batteries permettrait de réduire les risques d'épidémie, selon elle.

Selon l'association L124, l'espace supplémentaire accordé aux poules par Bruxelles équivaut à la superficie de deux tickets de métro.

emi/fz/lo

Rédigé par Par Emmanuelle MICHEL le Mercredi 4 Janvier 2012 à 06:19 | Lu 240 fois