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D'où vient l'insulte ? Canal+ se penche sur "un flagrant délit d'humanité"


D'où vient l'insulte ? Canal+ se penche sur "un flagrant délit d'humanité"
PARIS, 28 juin 2012 (AFP) - Après le présidentiel "Casse-toi, pauv'con!" de Nicolas Sarkozy et, dans un univers footbalistique, le récent "Fils de pute" de Samir Nasri, Canal+ diffusera le 4 juillet (à 22H40), un très pertinent documentaire en forme d'anthologie et de décryptage de l'insulte.

Phénomène répertorié dans toutes les cultures, l'insulte est "comme des épices qui pimentent la cuisine des mots, comme un péché mignon auquel il est difficile de résister. Quoi de plus jubilatoire qu'une bonne bordée d'insultes pour se libérer d'une tension ?", souligne Canal+.

Se gardant bien de signer un plaidoyer en faveur des gros mots et du langage fleuri, Pierre-François Gaudry qui a réalisé ce documentaire intitulé "L'insulte n'est pas inculte", donne la parole à des experts de renom qui ont osé faire de l'insulte leur domaine de recherche.

D'emblée, le ton est donné avec une citation de Freud: "Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu'une pierre, est le fondateur de la civilisation".

Gilles Guilleron, professeur agrégé de Lettres Modernes et auteur du "Petit Livre des Gros Mots" (First Editions), va plus loin estimant qu'"insulter est une preuve de civilisation".

"Pour se défendre, on a abandonné la massue pour le maniement des mots. L'insulte est un flagrant délit d'humanité", ajoute M. Guilleron rappelant que l'injure est aussi une rupture jaillissante ou assumée avec les codes sociaux.

Le documentaire est ponctué des insultes et "coups de gueule" les plus célèbres dont ceux de Serge Gainsbourg, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen et plus récemment Jean-Luc Mélenchon. Dans un inventaire des plus fleuris, on redécouvre aussi les insultes préférées et plutôt châtiées de personnalités dont Brigitte Bardot ("Que le cul te pèle!") et même Soeur Emmanuelle ("Espèce de chameau!").

Eminent linguiste, Jean-Paul Colin suggère des cours d'insultes pour améliorer le vocabulaire, estimant que "les excès de la morale peuvent aboutir à une créativité intense", d'autant que la plupart des grossiers ont plusieurs siècles d'existence. "Fils à putain" et "vil bâtard", à peine modernisés aujourd'hui, étaient très en vogue à la Renaissance.

De l'insulte spontanée pour se protéger, en passant par l'insulte réfléchie "dans une stratégie perverse pour affaiblir l'autre", l'injure en dit beaucoup sur son auteur, souligne le sociologue François Jost, se désolant d'ailleurs de la perte de conscience des hommes politiques qui s'autorisent un langage grossier.

Auteur d'un dictionnaire des injures du capitaine Haddock, Albert Algoud qui estime que la crise offre de beaux jours à l'insulte, met en garde: "Méfions-nous des +pisse-froids+ qui ne pratiquent pas l'insulte et prétendent avoir la bouche propre!".

le Mercredi 27 Juin 2012 à 20:11 | Lu 1442 fois