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William Salmon, le « pollueur de Haapiti » livre ses vérités


William Salmon.
William Salmon.
PAPEETE, le 13 octobre 2016 - Apres les révélations, la semaine dernière dans les médias, sur sa condamnation à payer 4,5 milliards de francs au Pays pour l’exploitation d’une décharge sauvage sur son terrain à Haapiti entre 2008 et 2013, William Salmon a tenu à livrer ses vérités au sujet de cette affaire.

Selon lui, tout a commencé lors de la mandature du dernier maire Raymond Bastolaer, un ami de longue date, lorsque celui-ci l’a approché pour lui demander un service. "L’ancien maire m’a demandé d’utiliser pour une période de cinq à six mois mon terrain pour la décharge des carcasses de voitures et autres déchets encombrants appartenant à la population de Moorea et cela, en attendant que l’ancienne municipalité fasse venir les équipements et les machines adéquats pour tout évacuer et nettoyer le site. J’ai accepté sa demande pour rendre service à la population et pour que cette ile reste propre. Je précise à tout le monde que je n’ai rien demandé en retour, c’était du bénévolat", se défend William.

Ce n’est toutefois que 3 ans plus tard que le territoire lui fait parvenir tout ce qui était nécessaire pour l’évacuation des déchets vers Tahiti : les machines telles que compacteurs et broyeurs, les engins lourds, les conteneurs (pour transporter les déchets compactés)…

Alors que les travaux venaient à peine d’être entamés, William se rappelle qu’un évènement de la politique locale qui a tout chamboulé.

"Tout aurait été nettoyé en quelques mois"

"Quelques temps après les travaux, le gouvernement Temaru, qui gérait le pays pendant cette période, s’est fait renverser par Gaston Tong Sang. Le nouveau gouvernement a estimé alors qu’il y avait des encombrements prioritaires à traiter à Tahiti. Toutes les machines et les équipements ont donc été ramenés en ville au grand étonnement des employés territoriaux sur place. Ils n’ont même pas pris la peine de remplir les conteneurs vides avant de les ramener. Apres cela, je n’ai plus eu de leurs nouvelles pour le nettoyage de mon terrain, regrette William. C’est vraiment dommage car si les travaux avait continué, tout aurait été nettoyé en quelques mois…"

Pour la suite, William assure avoir voulu mener les discussions avec l’ancienne municipalité et l’agent de la direction de l’environnement, en charge de cette affaire, afin de trouver une issue à ce problème. "On n’a jamais réussi à se mettre autour d’une table. Une fois c’était l’ancien maire qui n’était pas disponible, une autre fois c’était l’agent du territoire. Ils trouvaient toujours des excuses", se souvient-il.

Autre reproche à son égard : son obstination à avoir voulu continuer à ouvrir cette décharge malgré plusieurs avertissements. Mais là encore, celui-ci pointe du doigt le manque d’infrastructure sur l’ile sœur pour, cette fois- ci, le traitement des déchets verts. "Les entreprises, les hôtels et les particuliers ne savaient pas où amener leurs déchets verts. Les employés du dépotoir de Temae refusent ce type de déchets et ont conseillé aux gens de venir me voir pour s’en débarrasser. Pour ma part, j’ai accepté d’utiliser tous ces déchets pour nourrir mes animaux (il a un élevage d’animaux) et aussi, parce qu’il n’y avait pas d’autres solutions sur Moorea. Depuis un an, certains hôtels transforment eux -mêmes leurs déchets verts pour la fabrication de composte dans leur jardin. Mais les autres n’ont pour l’instant toujours pas de solution."

William dénonce toutefois le comportement d’incivisme de certaines personnes qui, sans son consentement, aurait jeté des déchets polluants tels que les batteries sur son terrain. "Je n’ai pas toujours eu le temps de contrôler les déchets à cause de mes travaux. Certains en ont abusé", rajoute-t-il pour assurer de sa bonne foi.

William Salmon et son avocat vont se rencontrer dans quelques jours pour décider des actions à poursuivre après la lourde condamnation de la justice. Mais l’accusé ne comprend toujours pas cette décision. "J’ai l’impression d’être le bouc émissaire dans cette affaire et qu’on a pas cherché à comprendre ce qui s’est réellement passé. Il fallait trouver un coupable tout de suite", regrette-t-il avant de conclure : "J’avais accepté d’utiliser mon terrain pour la décharge des déchets encombrants de toute l’ile par solidarité envers l’ancienne municipalité et la population de Moorea. C’était une erreur. Maintenant, je vois que les personnes que j’avais voulu aider et qui sont concernées par cette affaire m’ont abandonné."

Rédigé par Toatane Rurua le Jeudi 13 Octobre 2016 à 13:29 | Lu 9010 fois