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Vanille de Tahiti : Attention aux arnaques


PAPEETE, le 18 septembre 2017 - Le cours de la vanille est en pleine explosion. L'exportation de la vanille non préparée est interdite afin de préserver la qualité de la vanille de Tahiti. Les services phytosanitaires constatent depuis quelque temps une hausse des infractions à la réglementation. Des touristes se font régulièrement duper.

Le 17 août dernier, l'Établissement vanille de Tahiti a lancé un avis aux producteurs de vanille du fenua, les appelant à respecter la réglementation relative à l'exportation. En effet, de plus en plus de touristes se plaignent auprès de l'Établissement de la vanille de Tahiti de s'être fait duper. Certains producteurs de vanille vendent de la vanille mûre, non préparée, en la faisant passer pour de la vanille préparée. Or quand elle n'est pas séchée, la vanille est gorgée d'eau et inutilisable.


Certains producteurs profitent de la flambée des prix pour vendre tout et n'importe quoi. En effet si la vanille mûre se vend entre 10 000 et 15 000 francs le kilo, le kilo de vanille préparée frôle quant à elle, les 65 000 francs.

"Il est rappelé aux producteurs et préparateurs de vanille que conformément à l'article 4 de l'arrêté n°1198 CM du 3 novembre 1992 relatif à la production et à la commercialisation de la vanille produite en Polynésie française – toutes les vanilles mûres destinées à la vente doivent être apportées sur le marché et présentées aux comités de surveillance des vanilles mûres  - autrement dit, la vanille mûre doit préalablement être contrôlée par un comité de surveillance de vanille mûre avant d'être préparée et vendue. Il est donc interdit de vendre des gousses de vanille mûres directement aux touristes", informe l'Établissement.


Par ailleurs, seuls les détenteurs d'un brevet de préparateur de vanille peuvent acheter de la vanille mûre. "Nous ne faisons qu'appliquer la réglementation, si des personnes veulent foutre en l'air l'image et la filière de la vanille de Tahiti ce ne sera pas grâce à nous. Nous, nous sommes là pour appliquer la réglementation. Ce sont les touristes qui se font duper. Toujours est-il que je constate que de plus en plus de vanille non réglementaire circule", explique Djeen Cheou chef du service phytosanitaire. Ainsi normalement, si les producteurs avaient respecté la réglementation, les touristes n'auraient pas eu de question à se poser. Ils n'auraient pu acquérir que de la vanille de haute qualité. "Je rappelle également que seules les vanilles classées en catégorie Extra et en première qualité sont autorisées à la vente. La vanille classée en deuxième qualité est destinée uniquement à l'exportation ou à la transformation". Et Carine Vairaaroa, directrice de l'Établissement vanille de Tahiti, de conclure, "de tels comportements nuisent fortement à l'image de la qualité de notre vanille commercialisée à travers le monde et entraînent des conséquences graves sur la filière vanille"

Carine Vairaaroa Directrice de l'établissement public de la vanille de Tahiti "Notre objectif est de préserver l'image de marque de la vanille de Tahiti"

Quel est le problème qui a été constaté ?
"On a deux types de vanille. Il y a la vanille mure et la vanille préparée. Les infractions ont été relevées au niveau de la vanille mûre. C'est-à-dire que les touristes ou des personnes qui vont visiter des exploitations agricoles achètent de la vanille brune, mais qui n'a pas été séchée au soleil. Cette vanille qui n'a pas été préparée est interdite à la vente aux particuliers".

Comment cette infraction a-t-elle été constatée ?
"Des touristes sont allés à la direction de la biosécurité pour qu'on leur délivre le certificat phytosanitaire en vue de l'exporter pour la ramener chez eux. C'est là que l'alerte a été donnée par les services, car la vanille mûre non préparée ne peut pas être exportée par des particuliers. Lorsque j'ai sorti cette note, j'avais quasiment quatre à cinq personnes par jour pour se plaindre de ce problème-là".

Comment se fait-il qu'on ne puisse pas acheter de la vanille mûre ?
"Toute la vanille mûre destinée à la vente doit faire l'objet d'un contrôle au niveau du comité de surveillance de l'île. Ensuite, cette vanille doit être préparée. Pour la préparer en vue de la vente, il faut être titulaire d'un brevet réparateur. Cette interdiction est liée à l'image de la vanille de Tahiti. Nous vantons notre vanille de Tahiti pour sa qualité. Elle est bien brune, ridée et huileuse et là, vendre de la vanille mûre en faisant croire que c'est de la vanille préparée, c'est tromper le consommateur.
Le consommateur ne pourra même pas l'utiliser parce qu'il aura une gousse gorgée d'eau".

Quelles sont les sanctions pour les producteurs de vanille peu scrupuleux ?
"C'est à la Direction générale des affaires économiques, la DGAE, de sanctionner ces producteurs malveillants. La sanction sera au cas par cas. Ils s'attaquent à une clientèle particulière, à des touristes et des gens qui n'y connaissent rien en vanille. On n'a pas pu identifier les producteurs, mais l'île de provenance a bien été identifiée. Nous avons donc lancé une note d'information directement aux producteurs pour leur rappeler la réglementation vis-à-vis de la vente de la vanille".

La vente de la vanille est-elle bien encadrée ?
"Tout d'abord, seuls les détenteurs d'un brevet de préparateur peuvent acheter de la vanille mure. Les producteurs doivent vendre leur vanille le jour des ventes programmées. S'ils veulent la vendre à des particuliers ils ne peuvent pas leur vendre de la vanille mure, sauf s'ils ont leur brevet préparateur et si la vanille a été préparée. Tous ceux qui vendent la vanille à des particuliers dans un but commercial doivent être détenteurs d'un brevet préparateur. Notre objectif est de préserver l'image de marque de la vanille de Tahiti".


Rédigé par Marie Caroline Carrère le Lundi 18 Septembre 2017 à 17:22 | Lu 10906 fois