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Va’a V1 – Te Aito 2016 : Le va’a polynésien se projette dans le futur

De nombreuses personnalités ont fait le déplacement ce mardi matin à Arue afin d’assister à la conférence de presse du Te Aito 2016. Pour l’organisation, c’est la dernière ligne droite puisque les deux journées de compétition sont prévues en fin de semaine, le vendredi 29 et le samedi 30 juillet. Une 29e édition innovante, à ne rater sous aucun prétexte.


Un nouveau départ pour le va'a polynésien ?
Un nouveau départ pour le va'a polynésien ?
De nombreuses personnalités étaient présentes pour la conférence de presse qui s’est déroulée ce mardi matin à Arue, notamment la Ministre des Sports Nicole Sanquer-Fareata, la présidente de la fédération internationale de va’a Lara Collins, le président de la fédération tahitienne de va’a Rodolphe Apuarii, Charley Maitere président de Ruahatu le club organisateur, Jean Chicou le président du Comité organisateur des championnats du monde de 2017 et 2018, Reynald Temarii le coordinateur général, les tenants du titre 2015 Kévin Céran Jérusalemy et Hinatea Bernadino, les représentants des différents médias et des différents partenaires…
 
Le Te Aito, créé en 1988 par Charley Maitere et Mara Aitamai, est un des grands évènements sportifs de l’année. Avec trois décennies d’existence, il réussit depuis quelques années à attirer de nombreux participants, près de 1000 en 2015 toutes catégories confondues, dont 70 étrangers. Il a donné naissance à des « Te Aito » dans divers pays du Pacifique et du monde, en Nouvelle Zélande, en Nouvelle Calédonie, aux îles Cook, au Brésil, en Italie, en France…
 
C’est donc logiquement que le COL, le comité organisateur des championnats du monde de va’a de 2017 (marathon) et 2018 (vitesse) a choisi le Te Aito en tant qu’événement-test. Le COL a donc collaboré avec l’organisation, en partenariat avec la fédération tahitienne de va’a, afin de moderniser la course. Ces nouvelles procédures pourraient servir de référence pour d’autres clubs organisateurs de courses, ce qui pourrait à terme moderniser le monde du va’a en général.

De nombreuses personnalités étaient présentes à cette conférence de presse
De nombreuses personnalités étaient présentes à cette conférence de presse
Modernisation de l’aspect sportif, de la sécurité
 
L’athlète, homme ou femme, est repositionné au centre de l’événement. Les bateaux suiveurs sont « pointés du doigt » car souvent le leader de la course rame à la force des bras et les poursuivants profitent, parfois malgré eux, des vagues des bateaux suiveurs pour combler l’écart. 20 bateaux statiques baliseront l’ensemble du parcours du Te Aito, la zone centrale sera totalement interdite aux bateaux suiveurs.
 
Cette disposition vise à permettre une course équitable pour les sportifs mais elle favorisera également l’aspect sécurité. Lorsque l’on pense par exemple à la deuxième étape d’Hawaiki Nui Va’a entre Raiatea et Taha’a, on se rend bien compte de manière générale que des améliorations peuvent être apportées en terme de sécurité par rapport à ces bateaux suiveurs. Un dilemme se pose : Avec moins de bateaux sur l’eau, l’ambiance risque d’en prendre un coup, ce sera sans doute le prix à payer pour entrer « dans l’ère moderne ».
 
Six jet skis seront sur zone pour pallier à tout problème, casse matériel ou autre, soit plus de 30 embarcations au total pour l’organisation. Trois « poti marara » de secouristes seront également positionnés le long du parcours, en plus du poste de secours principal de la pointe Vénus et de celui du stade d’Arue.

Comme chaque année Tahiti Infos sera au cœur de l'évènement
Comme chaque année Tahiti Infos sera au cœur de l'évènement
Modernisation de l’aspect médiatique, des dispositifs sur terre
 
Le Te Aito va bénéficier d’une couverture médiatique exceptionnelle grâce à un partenariat Tntv-Tahiti Infos-Radio 1. La course principale sera retransmise samedi en direct tv et en direct sur le web, un live-blog sera animé par Tahiti Infos et des interviews seront proposées par Radio 1 à travers une page web dédiées au Te Aito. Comme chaque année, le service des sports de Tahiti Infos sera au cœur de l’événement Te Aito. Rappelons au passage que le tenant du titre du Te Aito 2015 Kévin Céran Jérusalemy était sur le podium du concours Tahiti Infos ATN Challenger 2016.
 
Un des artisans de cette modernisation médiatique est Reynald Temarii. On se souvient de l’impulsion donnée par M. Temarii au moment de la coupe du monde de beach soccer en 2013, ce qui avait permis à l’organisation de se rapprocher des standards internationaux. C’est ce qui est visé également pour le va’a, en prévision des grands évènements à venir que sont le championnat du monde de Va’a marathon en juin 2017 et les championnats du monde de va’a vitesse en juin 2018.
 
Une convention a été signée avec Céline et Hélène, responsables de plusieurs associations de quartier, visant à inclure dans l’événement 250 bénévoles qui œuvreront au sein de l’organisation. L’aspect social est annoncé comme important par les organisateurs du Te Aito, comme pour le COL qui organisera les championnats du monde de va’a en 2017 et 2018.
 
Une fan zone va être mise en place à terre avec un écran géant, un chapiteau, des gradins, une scène, avec également des jeux divers, des stands divers. Une pasta party géante sera proposée le vendredi 29 juillet. Une dizaine de parkings seront créés dont trois à la pointe Vénus et sept excentrés, avec 600 places disponibles.

Lara Collins Présidente de la FIV
Lara Collins Présidente de la FIV
La présidente de la FIV, Lara Collins :
 
Vous avez évoqué plus de 5000 licenciés en Nouvelle Zélande ?
 
« Oui, il y a 5 ans nous avions 2 500 licenciés, nous en avons désormais 5000, soit le double en cinq ans. Cela a été une progression très rapide, avec beaucoup de jeunes de moins de 19 ans, ce qui est positif pour l’avenir de ce sport qu’on appelle Waka Ama en Nouvelle Zélande et qui est très bon pour la santé. Nous sommes très confiants en l’avenir. »
 
Le rêve de tout rameur néozélandais est de venir à Tahiti ?
 
« Oui, ils veulent venir à Tahiti, beaucoup de rameurs néozélandais voient les Tahitiens comme les meilleurs. D’autres, en mai dernier en Australie, ont battu certaines équipes, c’était énorme pour eux. Je suis sûr qu’à Tahiti en 2018 les Tahitiens seront très très forts. Qu’il y ait une rivalité sportive, c’est bon pour le développement de ce sport. Mais oui, les gens de l’extérieur veulent ramer dans une eau magnifique, avec de beaux paysages, pour rivaliser avec les meilleurs rameurs du monde. Le Te Aito est le parfait événement pour cela. »
 
L’année prochaine il y aura un championnat du Pacifique en V1 ?
 
« Oui, l’année prochaine, le gagnant de cette année ira en Nouvelle Zélande pour le Te Aito Aotearoa, puis le gagnant du Te Aito Tahiti et du Te Aito Aotearoa iront concourir au Te Aito Taratoni en Nouvelle Calédonie. Un titre de champion du pacifique sera décerné. A long terme, avec le développement des courses Te Aito dans le monde, c’est tout à fait envisageable d’avoir un titre mondial. » Propos recueillis et traduits par SB

Jean Chicou Président du COL
Jean Chicou Président du COL
Jean Chicou, président du COL :
 
Comment une course de va’a peut être modernisée ?
 
« En rendant plus professionnelle son organisation. Le but final est d’organiser des événements qui pourront se décliner dans d’autres pays. On doit faire venir les gens, ils doivent être bien reçus, bien accueillis. Nous voulons axer la course sur le rameur plutôt que sur le nombre de participants ou les accompagnateurs. Le rameur doit être la pièce centrale de l’événement. La compétition doit être un mano à mano entre hommes, pas un mano à mano entre les bateaux qui sont à côté. »
 
« Le deuxième point important, c’est de rendre le plus internationale possible cette course. Nous avons 13 pays cette année, c’est un lobbying que nous le COL avons pu réaliser en amont, en Australie au mois de mai ou en mission en Asie dernièrement, pour permettre à ces Pays de découvrir le va’a. On va partir en Amérique du Sud en fin d’année pour faire connaître cette nouvelle vision que l’on a du va’a. »
 
Vous avez donc collaboré avec Charley Maitere pour ce Te Aito ?
 
« Oui, pour nous c’est un « test-event », les championnats 2017 c’est dans 11 mois, le but c’est de répéter toutes les structures avec tous les intervenants de l’organisation pour voir ce qui marche et ce qui sera à améliorer. Le but c’est aussi de développer le « World Tour Pacifique » et développer le va’a à l’international en général. »
 
La place du public est importante ?
 
« Bien sûr. On va installer des écrans géants, vous avez la course principale en live qui pourra être suivie de Raiatea, Tahiti ou de la presqu’île, ceux qui ne pourront pas se déplacer pourront voir la course en direct. Ils la verront mieux quasiment qu’en étant sur un bateau accompagnateur. Le point « négatif » c’est par rapport aux gens sur les bateaux car ce qui est bien pour eux n’est pas bien du tout pour les rameurs. »
 
« On a bien vu sur les interviews, ils n’en veulent pas, ils veulent être tranquilles, ils veulent se battre entre eux. Cela pénalisera 300 à 400 personnes sur l’eau qui ne verront pas grand chose mais cela favorisera des milliers de personnes qui pourront voir la course derrière leur écran. »
 
Moderniser également en incluant la population ?
 
« Complètement. Nous en sommes aux prémices. Ce qui est important, c’est le développement économique avec le côté social. Avec la crise économique, il faut dynamiser les gens, leur donner de l’espoir. Il faut leur donner quelque chose qui reste dans leur quartier. Les faire venir comme bénévoles, on parle de 250 personnes, cela fait bouger les gens. »
 
« Alors bien sûr, on pourra faire mieux en leur donnant du travail mais en attendant cela peut leur donner envie de faire de la rame, un de ces quatre matins. On veut leur ouvrir les yeux sur ce qui peut se passer en dehors de leur vallée. Ils vont voir les étrangers, des jeunes qu’ils n’ont jamais vus, certains jeunes ne savent pas nager. Ce n’est pas seulement un événement sportif, c’est tout ce qui vient à côté qui est important et essentiel. »
 
Un dernier mot ?
 
« Merci à l’équipe qui m’entoure. C’est du travail que de rendre tout ça professionnel, les gens ne s’en rendent pas forcément compte. Tout le monde doit être professionnel : Les rameurs doivent l’être, dans leur engagement, dans le respect du parcours, les partenaires privés doivent l’être, nous le comité on doit l’être à tous les niveaux car cela permettra de remonter le niveau de cette compétition. »
 
« Les gens qui vont venir de l’étranger, s’ils sont bien accueillis, ce sont eux qui vont faire la publicité pour la Polynésie. Cela ne peut que faire de bonnes retombées pour nous. Le but final c’est que le va’a soit un « produit » qui puisse s’exporter. C’est quelque chose que les gens nous envient. Donc essayons de le mettre en valeur et ces évènements sont là pour ça. » Propos recueillis par SB

Rédigé par SB le Mardi 26 Juillet 2016 à 16:26 | Lu 1449 fois