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Une proposition d’arrêté ministériel ébranle "l’unité orange"


Le siège d'Air Tahiti Nui, à Papeete
Le siège d'Air Tahiti Nui, à Papeete
PAPEETE, 7 octobre 2014 – Le Tahoera’a Huira’atira se réunit en conseil politique pour évoquer une proposition d’arrêté du Conseil des ministres prévoyant la nomination de Teva Rohfritsch et d’Antony Géros au sein du conseil d’administration d’ATN.

Les deux représentants d’opposition à l’Assemblée de Polynésie française sont pressentis, selon les termes de ce projet d’arrêté soumis à l’avis de la Commission de contrôle budgétaire et financier (CCBF), pour remplacer Edouard Fritch et Marcel Tuihani, au sein du CA de la compagnie aérienne Air Tahiti Nui.

Pour l'heure, "Aucune décision n’a été prise", s’est défendu dans l’après-midi de mardi Jean-Christophe Bouissou, le ministre en charge des Transports aériens et porte-parole du gouvernement. Il précise : "On ne peut pas dire cela. Dans un souci de transparence, le gouvernement propose simplement de prendre des dispositions pour qu’ATN ne soit plus un sujet de discordes politiques à l’Assemblée et que tout le monde se trouve parfaitement informé sur les décisions stratégiques adoptées".

L'entourage du président du Tahoera'a ne l'entend pas de cette oreille. A propos du remplacement de Marcel Tuihani : "En touchant le plus proche fidèle de Gaston Flosse", estime Christine Bourne, une proche de Gaston Flosse, "le président Fritch entre non plus dans une guerre jusqu'ici larvée, malgré les belles paroles d'appel à l'union, mais dans une guerre fratricide grave. Très grave pour le parti orange".

L’éditorialiste du site Tahiti Today poursuit en parlant de "vrai crime de lèse majesté" au sujet du projet de remplacer Marcel Tuihani par Teva Rohfritsch (ATP) ou Antony Géros (UPLD), "malgré l'opposition formelle du conseil politique et du haut conseil du Tahoeraa dont finalement il semble bien qu'Edouard Fritch ne tienne pas compte".

"Si ça ne convient pas, on ne fera pas"

Le projet de texte a été transmis à l’APF le 3 octobre. La CCBF n’a pas encore rendu son avis en somme que déjà ce projet du gouvernement Fritch est dénoncé comme un "projet d’alliance" par les instances dirigeantes du Tahoera’a. Un parti orange dont le président, Gaston Flosse, était donné pour "agacé", mardi, à l’heure d’ouvrir un conseil politique aux allures de "petite explication de famille" pour les uns et de véritable tribunal d’inquisition, pour les autres.

La réunion s’est tenue comme chaque semaine à Erima, de 16 à 19 heures, devant la centaine d’élus et de présidents de fédération qui composent l’instance dirigeante du parti. Seul Jean-Christophe Bouissou s’y est rendu pour le compte de l'exécutif afin d'expliquer le choix du gouvernement.

Rien n'est décidé : "Si ça ne convient pas, on ne fera pas : on est dans le même parti politique", explique d'ailleurs un proche collaborateur d’Edouard Fritch.

"C’est un épiphénomène édifié en champignon atomique pour signifier que l’on cherche la division", nous confie un autre observateur de l’exécutif avant de questionner : "A chaque fois que le gouvernement prendra une décision, y aura-t-il un conseil politique érigé en tribunal pour la contester ?"

L'équipe envisagée pour représenter le Pays au conseil d’administration d'ATN serait donc composé de Geffry Salmon, Nuihau Laurey, Jean-Christophe Bouissou, Anthony Géros (en remplacement d’Edouard Fritch), Teura Iriti, Teva Rohfritsch (en remplacement de Marcel Tuihani), Daniel Palacsz, Michel Monvoisin et Gilles Bernède.

Après la fuite du salaire hors norme du président du Haut conseil, la semaine dernière, voilà un nouveau vent de discorde entre le leader autonomiste déchu de tous ses mandats électifs mais fermement arrimé à son parti, et le "fils spirituel" qui peine chaque jour un peu plus à gouverner.

Rédigé par JPV le Mardi 7 Octobre 2014 à 17:08 | Lu 7037 fois