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Une plainte déposée pour abandon d'animaux domestiques


(Photo Eimeo Animara)
(Photo Eimeo Animara)
PAPEETE, le 31 août 2017 - Loin d'être isolés en Polynésie, les abandons d'animaux restent des sujets tabous. Rares sont ceux qui en parlent et encore moins qui osent les dénoncer. Pourtant, la justice considère cet acte comme un délit.

Les plaintes pour abandon d'animaux domestiques se chiffrent sur les doigts de la main en Polynésie française. "En 22 ans de service, j'ai vu deux plaintes", confie un agent des forces de l'ordre. La deuxième a été déposée ce mardi par une habitante.

Dans la journée de lundi, cette dernière, qui a souhaité rester anonyme, a été témoin d'une scène qui l'a mis en rage. A Motu Uta, à Papeete, un homme a laissé quatre chatons de six semaines sous une pierre.

En Polynésie, ce genre d'abandons reste loin d'être inhabituel selon les associations de défense des animaux. Rare sont les témoins qui portent plainte.

Après avoir vu la scène, la vahine appelle Eimeo Animara, association de défense des animaux, pour leur demander conseil. "Il fallait porter plainte. Je l'ai accompagnée à la police. La première phrase que nous avons eu quand nous sommes arrivés était : "Ha, je ne sais pas si cette plainte va aller très loin", affirme Alice Clairotte-Rouget, présidente de l'association et accompagnatrice de la plaignante. A partir de là, aucun doute que beaucoup se découragent." Les services de police assurent que les plaintes sont correctement réceptionnées.

Après avoir insisté, les deux femmes sont finalement reçues. Tous les éléments recueillis par la témoin ont été transmis aux autorités compétentes. La plainte a été enregistrée à la direction de la sécurité publique (DSP). Eimeo Animara s'est constituée partie civile et a demandé 100 000 francs de dommages et intérêts. Si Alice Clairotte-Rouget est habituée à ce genre de démarches en tant qu'association, ce n'est pas forcément le cas d'autres citoyens.

DEUX ANS D'EMPRISONNEMENT

"Certains ne savent pas qu'ils peuvent porter plainte, explique Carole Couturier, présidente de l'ARPAP. D'autres craignent de voir leur nom apparaître sur la plainte et d'être sujet à des représailles. Enfin, il faut pouvoir trouver le bon endroit où la plainte est acceptée…"

Du côté de la gendarmerie, le nombre de plaintes recensées pour ce genre de fait est "nul". Pourtant, le code pénal applicable en Polynésie française précise : i["Le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros (3,5 millions de francs) d'amende […] est puni des mêmes peines l'abandon d'un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité, à l'exception des animaux destinés au repeuplement." ]i

Les présidentes des associations de protection des animaux encouragent tous les citoyens témoins d'un abandon d'animaux à porter plainte. "Le mieux est de se faire accompagner par une association", précise Alice Clairotte-Rouget. Elle espère que la plainte aboutira dans les meilleurs délais.

Les quatre chatons récupérés lundi ont été placés. L'un l'a été en famille d'accueil et l'autre chez un vétérinaire, à Pirae, qui les mettra à l'adoption.
Les associations rappellent tout de même que la stérilisation reste la meilleure des solutions pour éviter la souffrance et la surpopulation des animaux. Alice Clairotte-Rouget précise : "Une stérilisation est égale à quatre caisses de bière."

Informer et sensibiliser, une mission de l'ARPAP

L'alliance pour le respect et la protection des animaux de Polynésie (ARPAP) s'est fixée plusieurs objectifs. L'un d'entre eux est l'information. Carole Couturier, la présidente, explique : "Nous voulons travailler avec les autorités pour qu'il y ait des informations auprès des services sur les plaintes à recevoir et la manière dont les traiter. Nous voulons aussi développer notre communication auprès de la population. Il faut que tout le monde sache qu'ils ont le droit de porter plainte et comment le faire."

Rédigé par Amelie David le Jeudi 31 Août 2017 à 17:21 | Lu 6400 fois