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Une petite histoire du cinéma en Polynésie française


PAPEETE, le 9 octobre 2015 - Marc E. Louvat vient de signer un livre intitulé "Cinematamua, une petite histoire du cinéma en Polynésie française". Cette histoire commence au début du XXe siècle pour s'achever à la fin des années 80. Il est paru en version numérique pour pouvoir s'enrichir encore dans les années à venir.

"Il ne s’agit en aucun cas d’une histoire exhaustive du cinéma en Polynésie", annonce Marc E. Louvat en préambule. "Car bien des films ont échappé à ma connaissance et un grand nombre d’œuvres, dont les titres sont parfois cités dans des écrits, a tout bonnement disparu."

Une petite histoire du projet


De 2003 à 2011, l’Institut de la communication audiovisuelle (ICA) avait pour mission la collecte, la conservation et la valorisation du patrimoine audiovisuel du Pays. Responsable des fonds audiovisuels dans cette structure, Marc E. Louvat y a étudié l’histoire cinématographique et audiovisuelle de la Polynésie française. Pendant huit années, avec son équipe il a cherché, rapatrié, visionné et restauré des centaines d’heures de films tournés à Tahiti, en Polynésie et en Océanie. En 2003, il créé avec Éric Bourgeois, le directeur de l'Institut de la communication audiovisuell,) et Heremoana Maamaatuaiahutapu, actuel ministre de la Culture et ancien directeur de la Maison de la culture, le ciné-club polynésien Cinematamua. "Le terme Cinematamua a été inventé par Heremoana en 2003", précise l'auteur au passage. "Il s'agit d'une contraction du mot français "cinéma" et de "mātāmua" qui signifie en langue tahitienne : premier, dans le sens de commencement."

Avec la création du ciné-club "nous nous sommes rendu compte que les Polynésiens étaient attachés au patrimoine audio-visuel qui a fixé sur la pellicule leur image, leur culture et leur histoire au fil des ans. Lorsque l’institut a fermé ses portes en décembre 2011, j'ai commencé à écrire cet ouvrage tout en poursuivant mes recherches documentaires." Marc E. Louvat a d'abord voulu faire une synthèse, un résumé de tout le fonds accumulé. "Mais finalement écrire une petite histoire du cinéma c'est aller plus loin que compiler des archives, c'est aussi tenir compte de témoignages, vérifier des informations parfois contradictoires, feuilleter des archives en ligne, etc.", indique-t-il en invitant tous ceux et toutes celles qui ont des éléments à se rapprocher de lui pour poursuivre la rédaction de son livre.

Dans l'attente la lecture est déjà possible. "Une petite histoire du cinéma en Polynésie française" s'adresse à "tous ceux et toutes celles que le cinéma intéresse, les amateurs de Cinematamua, les professionnels et chercheurs. Je précise que c'est plus un gros article qu'un livre finalement". Pour preuve, le texte compte 160 notes de bas de page.


Le choix du numérique

Librinova est une plateforme d'aide à l'édition. Elle a été créée par Laure et Charlotte, deux passionnées de livres, qui travaillaient dans une maison d'édition. Laure en était la directrice générale, charlotte la responsable numérique. En lançant Librinova elles ont souhaité "démocratiser l'accès à la publication", "faire émerger les talents de demain" et "créer une passerelle entre autoédition et édition traditionnelle". Elles proposent, via la plateforme, la création du livre numérique (maquette et couverture), l'immatriculation (attribution d'un EAN et d'un ISBN), la diffusion du livre pendant un an chez plus de 90 e-libraires, le versement semestriel de 90 à 100% des revenus et la recherche d'un éditeur à partir de 1000 ventes. L'auteur a choisi de passer par le livre numérique car d'après lui : "l'ouvrage doit pouvoir évoluer, être complété. Les archives du monde entier deviennent progressivement disponibles sur le net. Il y a encore beaucoup à découvrir sur l’histoire cinématographique du Fenua. Toutes les semaines, de nouveaux documents sont mis en ligne, ce livre ne peut être figé dans le temps. Avec l’édition numérique, je vais continuer à mettre à jour l'ouvrage régulièrement. L'édition numérique permet une actualisation annuelle des textes." Marc E. Louvat envisage tout de même une version papier lorsqu'il aura définitivement d'arrêter ses recherches. Ce qui permettra d'insérer des photos, ce qui n'est pas possible avec une version numérique.

Ce que l'on sait, c'est qu'en 1907, Léopold Sutto …

Voici un extrait de l'ouvrage : "Difficile de dire quel a été le premier film tourné en Polynésie. Les voyageurs qui font escale en Polynésie au début du 20ème siècle, ont laissé quelques photographies, de nombreux textes sur la vie locale, des romanes, des peintures, mais le "cinématographe" inventé par les frères Lumières en 1895, est une technique souvent trop complexe, fragile, coûteuse et encombrante pour la plupart des voyageurs.
Ce que l'on sait, c'est qu'en 1907, Léopold Sutto qui voyageait à bord du même bateau que Jack London a ramené les premières images d'Océanie pour Pathé Frères avec "Pêche à la dynamite dans les îles Salomon"1 (1909).
À Tahiti même, le photographe Max Bopp du Pont (1890/1965) commence à réaliser des prises de vue cinématographiques dès 1912 et envisage de tourner une adaptation cinématographique de "Rarahu" après avoir eu l'autorisation de Pierre loti2. En 1913, il filme le 14 juillet à Papeete. (…)
"
1 Les photos de Jack London à Tahiti sont montées dans un documentaire russe intitulé "Jack London" (1976) – Gaumon Arkeion – Référence 0400AKDOC01672
2 "Les Tahitiens" – Père O'reilly – Société des Océanistes



Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 9 Octobre 2015 à 15:26 | Lu 1487 fois