Tahiti Infos

Une partie de la classe politique polynésienne sceptique après le message de Sarkozy


De g. à d. : N. Bouteau, J-C Bouissou, R. Tuheiava
De g. à d. : N. Bouteau, J-C Bouissou, R. Tuheiava
PAPEETE, 5 février 2012 (AFP) - Le scepticisme primait dans la classe politique à Papeete après le message de Nicolas Sarkozy aux Polynésiens, diffusé vendredi soir (samedi heure de Paris), dans lequel il annonçait des mesures pour l'emploi et une réforme du décret permettant l'indemnisation des victimes des essais nucléaires.

Seul Gaston Tong Sang, ancien président de cette collectivité d'outre-mer et candidat à l'investiture UMP pour les législatives, a salué "le plus fort discours que j'aie jamais vu".

"Surtout c'est le premier président à reconnaître le fait nucléaire (...) Fini le discours où il n'y a que la presqu'île de Tahiti qui a été irradié, soi disant selon les scientifiques, maintenant c'est toute l'île de Tahiti, 70 % de la population, c'est une décision importante", a-t-il souligné.

Cette décision n'a pourtant pas séduit les autres courants proches de la droite métropolitaine estimant comme Jean-Christophe Bouissou (parti Rautahi) ou Nicole Bouteau (No oe e te nunaa) que ce message "venait bien tard " et qu'il n'était "qu'un discours de candidat à l'élection présidentielle".

Une analyse partagée par les membres du parti indépendantiste, proches du Parti socialiste, comme le sénateur Richard Tuheiava, qui a fait voter récemment une loi au Sénat pour la reconnaissance des conséquences écologiques des essais nucléaires.

"Je ne peux m'empêcher de sourire sur l'intension profonde du président de la République", a-t-il commenté. "C'est juste une tentative de récupération des principaux thèmes qui ont jalonné son mandat et auxquels le camp souverainiste est particulièrement attaché: essais nucléaires, la loi Morin et réhabilitation de Pouvanaa a Oopa".

Le président indépendantiste de la Polynésie française n'a quant à lui pas souhaiter s'arrêter sur ce message.

La principale association de défense des victimes des essais nucléaires, Moruroa e tatou, a elle-même été déçue. "Il a dit qu'il allait alléger les systèmes de la loi Morin, mais ça fait quarante ans que l'on attend ça. Quand allons-nous vraiment avoir justice ?", s'est interrogé le président de l'association, Roland Oldham.

"C'est encore un truc en attendant les élections. Dès le début, on a dit que la loi Morin était une loi de non-indemnisation", a-t-il poursuivi, "c'est de la poudre aux yeux".

La ministre de l'Outre-mer, Marie Luce Penchard, arrivée dimanche en Polynésie française, accompagnée de Dominique Perben et du conseiller outre-mer de Nicolas Sarkozy pour une visite de six jours, devait aussi s'exprimer sur ce sujet.

Rédigé par AFP le Dimanche 5 Février 2012 à 09:52 | Lu 2063 fois