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Une exploitation de carrière va être autorisée à la Punaru'u


En septembre 2013, une extraction dans la rivière Punaru'u dénoncée par les riverains de la vallée. L'exploitation de carrières serait une alternative pour ne plus avoir à toucher aux matériaux issus du fond des rivières.
En septembre 2013, une extraction dans la rivière Punaru'u dénoncée par les riverains de la vallée. L'exploitation de carrières serait une alternative pour ne plus avoir à toucher aux matériaux issus du fond des rivières.
PUNAAUIA, le 30 juillet 2015. Pour éviter d'avoir à prélever des agrégats en rivières pour alimenter les programmes de construction, le Pays veut développer l'exploitation de carrières à Tahiti. La première pourrait être exploitée sous peu dans la vallée de la Punaru'u.

Dans quelques jours à peine, le gouvernement pourrait prendre la décision d'ouvrir une carrière à Tahiti. "Actuellement le dossier de demande d'exploitation de cette carrière est en phase finale d'instruction" détaille Jean-Paul Le Caill, le directeur du service de l'Equipement. Si ce dossier, déposé par la société Tahiti Agrégats va jusqu'au bout "ce serait le premier projet d'exploitation de carrière d'envergure sur Tahiti". L'ouverture de carrière (de préférence en roche massive) est la principale alternative à l'extraction de matériaux d'agrégats dans les rivières de l'île. Une pratique qui a de plus en plus de mal à être acceptée par les riverains et les associations de protection de la nature, car elle fragilise considérablement l'état naturel des vallées tahitiennes.

Pour autant, il faut pouvoir continuer à alimenter en matériaux de construction les besoins de l'île principale de la Polynésie française. Le projet de carrière porté par Tahiti Agrégats sur un terrain dont la société est propriétaire dans la vallée de la Punaru'u porte sur un gisement estimé à un million de m3. La société annonce dans son dossier de demande d'exploitation une capacité de 90 000 m3 par an : à ce rythme le site serait donc épuisé en une dizaine d'années. Cette capacité de production annuelle est à comparer aux 168 000 m3 de matériaux issus des extractions qui ont été autorisées dans les rivières du Pays en 2014. Si ce volume ne couvre donc pas tous les besoins de Tahiti, ce sera "autant de matériaux qui n'auront pas besoin d'être prélevés dans les rivières" note avec philosophie le directeur de l'Equipement. Et sans doute de nombreuses sources de conflit en moins dans les vallées.

GISEMENT A PAPENO'O

Cette carrière mi roches, mi alluvions de la Punaru'u entre les mains d'un exploitant privé ne sera qu'une étape avant que d'autres carrières d'abattage puissent être ouvertes à Tahiti. Il y a quelques mois déjà une étude de faisabilité d'une carrière, en roche massive sur un terrain du domaine public du Pays a démarré dans la vallée de la Papeno'o. Et pour une fois la concertation sur ce projet a démarré dès le début des études. Aux premières loges des interlocuteurs de l'Equipement, le comité syndical No Te Aru Tai Mareva qui fédère les associations de 37 rivières de Tahiti. Chaque mois, un comité de suivi permet à tous les intervenants de savoir précisément où en est le projet et d'exprimer directement ses inquiétudes et ses réserves sur le site, l'accès des engins et des camions, le mode d'exploitation et la préservation de vestiges patrimoniaux par exemple.

Le gisement de Papeno'o serait le plus riche de Tahiti en matériaux nobles, il est évalué à environ 10 millions de m3. Mais d'autres études, moins avancées existent sur au moins quatre autres lieux et des prospections très précises devront être menées notamment par les agents du Laboratoire des travaux publics de Polynésie. A Papara, un éperon rocheux au-dessus de la Taharu'u a éveillé la curiosité mais n'a pas encore été apprécié avec précision. Pour les riverains de cette vallée c'est un motif d'inquiétude supplémentaire avec ceux, plus classiques, liés aux extractions effectuées depuis quelques mois dans le cadre de l'aménagement de cette rivière.

Mais même pour le projet de carrière en roche massive le plus avancé, celui de Papeno'o on est loin encore du lancement d'une exploitation. Une carrière publique (dont la gestion pourrait être déléguée à un prestataire) serait une vraie nouveauté à Tahiti. Jusqu'ici seules les rivières ont apporté leurs pierres à l'édification des bâtiments de toute l'île. La seule expérience d'une carrière sur le domaine public menée jusque-là en Polynésie française, se situait aux Marquises mais l'entreprise privée qui l'exploitait s'est retirée. "Elle est fermée actuellement, les besoins locaux pour le bâtiment ont baissé pour le moment sur place" commente Jean-Paul Le Caill.

Pour Tahiti Agrégats, un parcours du combattant de six ans

La demande d'exploitation d'une carrière dans la Punaru'u déposée par la société Tahiti Agrégats date de 2010 ! "Nous sommes une des rares sociétés à avoir acquis du foncier pour pouvoir disposer de réserves de tout-venant" explique Jean-Marie Tantau, directeur général de Tahiti Agrégats. Mais le parcours administratif de ce projet a nécessité une bonne dose de patience. "Nous jouons le jeu des études nécessaires et des autorisations requises pendant que d'autres régularisent leurs exploitations après coup". Pour la société qui fournit des matériaux de construction, l'ouverture de cette carrière "va nous permettre de pérenniser notre existence (…) alors que depuis 15 ans nous ne prenons plus de matériaux dans la rivière" poursuit Jean-Marie Tantau. Tahiti Agrégats compte actuellement un effectif de 22 salariés.

La redevance sur les carrières a été multipliée par quatre

En 1977, une délibération de l'assemblée de Polynésie portant réglementation des carrières fixait des tarifs de redevance pour la délivrance du permis d'exploitation de matériaux de carrière. Celle-ci était alors fixée à 20 Fcfp par mètre cube de matériaux produits. Une redevance qui vient d'être multipliée par quatre. Le 16 juin dernier, le gouvernement a pris un arrêté modifiant ce tarif et le faisant passer désormais à 80 Fcfp par mètre cube. A titre de comparaison cette redevance est de 100 Fcfp/m3 pour les extractions en terrain privé et de 400 Fcfp/m3 lorsqu'il s'agit d'extractions de matériaux réalisées en rivières.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 30 Juillet 2015 à 17:58 | Lu 2338 fois
           



Commentaires

1.Posté par macox le 31/07/2015 01:01 | Alerter
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" A Papara, un éperon rocheux au-dessus de la Taharu'u a éveillé la curiosité mais n'a pas encore été apprécié avec précision."
N'importe quoi!!!!!!!!!!!
Heureusement qu'on n'est pas corse!!!!!!!!!!!!!

2.Posté par tutua le 31/07/2015 09:50 | Alerter
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il ne faut pas oublier le bois pour construire les maisons ou petits immeubles, c'est moins cher ( en principe ) plus rapide, nous avons des pinus un peu partout pas exploité, et même des scieries, certaines à l'abandon ...quel gaspillage

3.Posté par Faut pas pousser! le 31/07/2015 10:02 | Alerter
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Flosse ne les avait pas mis là par hasard ; il savait qu'en nommant deux anciens "bétonneurs" pour rester poli, comme ministre et directeur de l'équipement, il disposerait de professionnels zélés pour ses projets de travaux pharaoniques.
Fritch par contre n'a sans doute pas réfléchi, une fois encore vous me direz, en reconduisant cette équipe... Et n'oublions pas le troisième larron du même calibre à la tête du labo des TP.
La boucle est bouclée et nous pouvons dire adieu à notre patrimoine culturel et environnemental.....

4.Posté par Oti le 31/07/2015 12:04 | Alerter
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Eh faut arrêter avec le culturel et l'environnemental... Il faut développer Tahiti et fournir du travail à tous... Et vite lançons le Mahana Beach...

5.Posté par el macovitch le 31/07/2015 14:46 | Alerter
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Lançons le Mahana Beach avec en même temps un bordel et un casino. Si ces deux atouts ne font pas partie du projet, les chinois resteront à Macau

6.Posté par tutua le 01/08/2015 10:48 | Alerter
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la question est qu'est ce que nous voulons pour notre pays ? un vaste complexe hôtelier aux coûts faramineux mais qui n' a rien de Polynésien, une usine à touriste avec un casino où atterriront les bénéfices escomptés ... faut pas se leurrer

7.Posté par Georg Hoppenstedt le 02/08/2015 11:59 | Alerter
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@4: fournir le travail, il y a des fournisseurs de travail ? Si il n'y a pas de travail en faranésie, allez cherchez ailleurs, le monde est grande !

8.Posté par emere cunning le 03/08/2015 20:53 | Alerter
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@ Tutu'a, Faut pas pousser !
l'un n'empêche pas l'autre. SAUF qu'une maison en bois, si c'est plus chaud, agréable à vivre en plus d’être beau (voire parfait avec du pandanus), cela demande BEAUCOUP d'entretien, et donc ça coûte pour une durée de vie bien moindre chez nous vu notre climat, même quand le bois est de qualité (et je parle en connaissance de cause). Je ne sais pas ce que vaut notre pinus en qualité et prix, mais vu tes bons conseils et regrets Tutu'a, je suppose que ta maison est en pinus (comme celle du frère Maxime qui tenait le même discours hier soir à la télé) et que tu es en mesure de nous renseigner, n’est ce pas. Je persiste quand même à dire que le bois de qualité est aussi devenu un luxe (suite)

9.Posté par emere cunning le 03/08/2015 21:03 | Alerter
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@ Tutu’a, Faut pas pousser !
Aujourd’hui où beaucoup se construisent "la maison de leur vie", je comprends qu’ils optent pour le béton qui est incontestablement plus solide, résistant aux cyclones et durable. Faut pas pousser, tu fais bien d'aborder le problème du patrimoine environnemental qui est détruit par le feu et la main de l'homme avec toutes les conséquences constatées de partout aujourd’hui. Impossible de ne plus en tenir compte, que ce soit ici ou ailleurs. Quand tu auras fait le centième de ce que notre ministre et directeur de l’Equipement font, alors tu auras droit à la parole.

10.Posté par tutua le 03/08/2015 22:09 | Alerter
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emere,
please, j'ai le droit à la parole quelque soit le sujet ou le ministre.