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Un web jam de trois jours entre Tahiti et le Québec


PAPEETE, le 4 décembre 2017 - Du 1er au 3 décembre, un évènement inédit a été organisé entre Tahiti et le Québec. C'était un Web Jam de trois jours où les élèves du CNAM Polynésie française ont collaboré avec ceux d'une université canadienne, avec le renfort de décrocheurs scolaires, pour créer des sites internet originaux sur l'histoire de l'art entre nos deux territoires.

Trois équipes d'étudiants en Polynésie et autant au Québec ont participé ce week-end à un vrai défi nommé Web Jam. Ils ont eu 48 heures pour créer un site internet sur le thème "La Polynésie et l'Amérique, une histoire d'art ?". C'est la première fois qu'un tel évènement était organisé à Tahiti, mais un deuxième, organisé avec Lyon cette fois, est déjà prévu pour janvier prochain.

Les participants polynésiens étaient les 10 élèves du CNAM inscris dans le cursus Développeur-Analyste, avec 5 autres participants sélectionnés par l'association FACE, des décrocheurs scolaires ou personnes en reconversion qui s'intéressent au numérique. Nous les avons rencontrés vendredi matin, au tout début de l'événement (voir interviews).

L'inclusion de personnes extérieures était une bonne idée à portée sociale, qui a également été adoptée par les équipes canadiennes. Elles sont composées d'un mélange entre les étudiants de l'UQAT (Université du Québec en Abitibi-Tamiscamingue) et des volontaires issus d'autres domaines que celui du numérique.

La meilleure équipe a été sélectionnée dimanche, et a bien été récompensée de ses efforts puisqu'elle a gagné un Oculus Rift pour chacun des cinq membres de l'équipe (ce sont des casques de réalité virtuelle). Leur projet pourrait être bientôt mis en ligne.

Legende : L'équipe de Cédric Tchung Koun Tai en train de travailler à son idée de frise historique pour comparer l'art Polynésien à l'art Amérindien.
Légende 2 : Léon Dupuis entouré d'une équipe d'élèves polynésiens

Le gagnant du premier Web Jam de Tahiti

C'est l'équipe Boréale, de l'UQAT, qui a remporté ce Web Jam avec son projet Polymérie. Voici la description qu'ils en offrent : "Les créateurs ont voulu rendre un site plutôt divertissant qui permet de générer une oeuvre contemporaine en mélangeant des éléments des cultures traditionnelles Polynésienne et Amérindienne. L’oeuvre créée étant déterminée par l’état d’esprit de l’utilisateur grâce à une série de choix qui caractérisent son tempérament. Le site fut réalisé en 48h."

Le projet est disponible en ligne à http://kcturpin.com/equipe6/.

Léon Dupuis, chargé de projet au CNAM, organisateur du premier Web Jam de Tahiti

Léon Dupuis entouré d'une équipe d'élèves polynésiens
Léon Dupuis entouré d'une équipe d'élèves polynésiens
Qui sont les étudiants canadiens qui participent à ce Web Jam tahitien ?
Ces équipes viennent de l'UQAT, donc l'Université du Québec en Abitibi-Tamiscamingue, une région à 650 km au nord de Montréal. C'est là que j'ai fait mes études en création numérique, et c'est surtout une des universités les plus réputées dans ce domaine au Canada. Donc j'ai appelé des amis professeurs là-bas, et ils ont été emballés par l'idée. C'est comme ça qu'est né le Web Jam entre Tahiti et le Canada.

Quel est le thème choisi ?
Le thème est "La Polynésie et l'Amérique, une histoire d'art ?", donc il faut qu'ils débattent un petit peu là-dessus, qu'ils déterminent s'il y a des ressemblances au niveau de l'art, s'il y a eu des développements qui se sont faits de façon similaire entre Tahiti et le Québec… Parce qu'on parle de deux peuples qui ont subi une colonisation, du coup il y a une ressemblance dans l'histoire, et l'art a été impacté d'une façon similaire. Le thème est assez restrictif donc, mais il n'y a pas de restrictions techniques, ils peuvent faire ce qu'ils veulent… et c'est aussi un défi, parce qu'ils vont avoir des idées ambitieuses mais ils n'ont que 48 heures. Ils ne vont pas réinventer la lune en deux jours, donc il faut qu'ils se restreignent. Mais ils s'en sortent bien pour l'instant.

Toi qui a déjà participé à des Web Jam ou des Hackathons, qu'est-ce qu'on y apprend ? Car souvent les projets ne vont pas beaucoup plus loin que le défi…
C'est le processus qui compte. On en apprend beaucoup sur la gestion des projets, la gestion du temps, et sur nos forces et nos faiblesses, c'est ce qui est intéressant. Et passer 24h ou 48h debout, c'est un défi, et c'est là qu'on voit ceux qui sont capables de laisser de côté la fatigue pour continuer à travailler, et réaliser des choses souvent formidables.

Cédric Tchung Koun Tai, élève développeur-analyste au CNAM

L'équipe de Cédric Tchung Koun Tai  (il est à droite) en train de travailler à son idée de frise historique pour comparer l'art Polynésien à l'art Amérindien.
L'équipe de Cédric Tchung Koun Tai (il est à droite) en train de travailler à son idée de frise historique pour comparer l'art Polynésien à l'art Amérindien.
"On a commencé les cours il y a quatre mois seulement, et c'est vrai que je ne sais pas si on est assez bons pour ce projet ! (rires) Mais on le prend assez bien, ça nous donne de l'expérience pour la suite ! Là on pense faire un site sous forme de timeline, pour regrouper chronologiquement les créations artistiques des "first nation" au Québec et des Polynésiens ici. C'est éducatif, à destination du grand public, pour ceux qui s'intéressent aux similitudes qu'il y aurait eu entre nos deux cultures à un moment de nos histoires !"

Antoine Niaulon, participant à la Web Jam sélectionné par l'association FACE

"J'ai trouvé ça par hasard sur Facebook, et je me suis inscrit parce que je trouvais sympa de développer un site web pour la Polynésie, qui pourra peut-être servir à tout le monde. Moi j'ai eu mon bac informatique, mais après j'ai changé de domaine pour aller à l'université en licence d'anglais. Mais aujourd'hui j'ai envie de me replonger dans le numérique, qui m'intéresse beaucoup plus. Et ce projet, ça va permettre de donner un coup de boost à mes connaissances, et me permettre de mieux cerner ce que je veux vraiment. Là on a décidé de créer une page web où on regroupera les tatouages amérindiens et ceux des Marquises, de Tahiti, ou des Australes. On veut présenter la signification de tous les tatouages, et par la suite, si on a le temps de le développer, permettre aux visiteurs du site de sélectionner une partie de leur corps, comme un bras, et voir le tatouage sélectionné sur ce bras pour voir si ça leur plaît !"

Gaëtan Deso, docteur en art contemporain

"J'ai soutenu une thèse en métropole sur l'évolution de l'art contemporain entre la Polynésie française et la Nouvelle Zélande. Comme j'ai grandi ici, je suis rentré en Polynésie pour travailler, et on m'a invité au Web Jam. Les projets des élèves sont très intéressants, tant à Tahiti qu'au Canada. Ce qui est bien, c'est qu'ils essaient de tisser un lien culturel entre deux populations qui, à priori, n'auraient pas de lien. Je suis là pour essayer de les guider, discuter avec eux. Ils ont déjà des connaissances, que ce soit sur le graffiti, l'art urbain, leurs propres cultures. Ils savent déjà beaucoup de choses et je leur permets de confirmer ou non des hypothèses qu'ils ont."

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 4 Décembre 2017 à 11:10 | Lu 2012 fois