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Un pas de plus vers la reconnaissance constitutionnelle des Aborigènes


Un pas de plus vers la reconnaissance constitutionnelle des Aborigènes
CANBERRA, vendredi 20 janvier 2012 (Flash d’Océanie) – Julia Gillard, Première ministre australienne, a annoncé jeudi le franchissement d’une nouvelle étape en vue de parvenir à une reconnaissance officielle et constitutionnelle des peuples premiers de ce pays, et en premier lieu les aborigènes.
Mme Gillard a fait cette annonce après avoir reçu le rapport final d’un comité d’experts chargés spécifiquement de fournir des recommandations quant à la faisabilité pratique de prochains amendements à la Constitution australienne.

Les travaux de ce comité, composé de parlementaires, mais aussi de juristes et autres experts constitutionnels, a mené au cours des douze derniers mois une série de consultations publiques (un total annoncé de plus de deux cent cinquante réunions dans quatre vingt quatre lieux différents) afin de réunir des éléments lui permettant de formuler des recommandations en ce sens concernant un statut spécial des peuples premiers d’Australie, à savoir les Aborigènes et les Insulaires du Détroit de Torrès (extrême Nord du pays, tout près de la Papouasie-Nouvelle-Guinée).
Au cours de ce processus, les dirigeants indigènes ont eu aussi l’occasion de s’exprimer et de formuler leurs propositions.
Parmi les recommandations de ce rapport ([www.youmeunity.org.au, on peut notamment trouver un article stipulant que les Aborigènes et les insulaires de Torrès furent les premiers occupants de l’île-continent.


Un pas de plus vers la reconnaissance constitutionnelle des Aborigènes
Dans l’histoire récente de la région, l’Accord de Nouméa (Nouvelle-Calédonie) signé en mai 1998 entre le gouvernement français et les deux principaux blocs politiques locaux (l’un pro-France et l’autre indépendantiste) et qui est souvent décrit comme un Constitution de fait pour cette collectivité française d’Océanie, avait inscrit en préambule un paragraphe relatif à la reconnaissance du fait que ce territoire, lors de la prise de possession de a France, « n’était pas vide » (voir lien vers le texte de cet Accord).
Le contenu du rapport australien devrait faire l’objet d’un référendum, conditions préalable incontournable à tout amendement à la Constitution.

Au plan historique, l'Australie n'a reconnu que tardivement l'existence officielle du peuple aborigène : il a fallu attendre 1992 pour qu’un verdict rendu par la Haute Cour renverse l'ancienne notion de "terra nullis" qui ignorait l'existence d'un peuplement aborigène avant l'arrivée des premiers Européens.
Cette affaire, connue sous le nom de "Mabo" (du nom de l'Aborigène, Eddie Mabo, qui l'avait porté en justice) avait, à l'époque, marqué un tournant dans le combat des Aborigènes pour leur reconnaissance et ouvert la voie à l'élaboration de lois portant sur la gestion foncière des terres reconnues comme étant indigènes.

Tous les 26 janvier : Australia Day

Tous les 26 janvier, l’Australie observe son jour national, l’ « Australia Day ».
Au cours des versions précédentes de cette journée censée commémorer l’arrivée des premiers européens, un 26 janvier 1788, plusieurs figures de la communauté aborigènes avaient été distinguées, dont, en 2009, l’universitaire Mick Dodson, qui s’est illustré par son combat de plusieurs décennies en faveur d’un mouvement de réconciliation nationale entre le peuple premier et les autres ethnies qui composent la population de ce pays.
Ces cinq dernières années, après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement à majorité travailliste, d’abord dirigé par Kevin Rudd puis, depuis juin 2010, par Julia Gillard, un accent particulier a aussi été placé sur une volonté de réconciliation et de « destin commun » au-delà des clivages ethniques, pour la population australienne.
En février 2008, cette volonté avait pris le devant de la scène, à l’occasion d’un Australia Day marquant alors le 220ème anniversaire de l’arrivée des premiers Européens.

Les excuses de Kevin Rudd

M. Rudd avait alors prononcé, au Parlement fédéral, pour la première fois, des excuses à la communauté aborigène, notamment au regard de ce qu’il a été convenu d’appeler la « génération volée », résultat d’un programme gouvernemental d’intégration forcée des aborigènes et qui passait par le placement de jeunes enfants indigènes soit dans des familles d’accueil, soit dans des institutions spécialisées.

"Sorry Day" contre "terra nullis"

Depuis 1998, l’Australie observe aussi, fin mai de chaque année, la « Journée Nationale des Excuses» (National Sorry Day), censé commémorer et rendre hommage aux enfants aborigènes (ou métis aborigènes) qui, entre le début du 19ème siècle et les années 1970, ont été confisqués à leurs familles biologiques.
Ce « Sorry Day » annuel a été institué à la suite des recommandations d’une commission d’enquête, en 1997.

Jusqu’ici, néanmoins, la Constitution australienne ne consacre aucun article particulier à un éventuel statut spécial de ces populations, précisait jeudi Mme Gillard, qui insiste sur la nécessite de renforcer le processus national de « réconciliation ».
« Les excuses nationales aux Australiens indigènes ont contribué à jeter des ponts de respect entre les indigènes et les non-indigènes (australiens) », a-t-elle déclaré.
« Elles ont permis de créer un climat de confiance de manière à ce que nous puissions travailler ensemble en vue de s’attaquer aux indigènes défavorisés. La reconnaissance des peuples indigènes dans la Constitution est une étape de plus dans ce voyage, une étape critique pour nos efforts en vue de réduire la fracture », a-t-elle ajouté.

pad


***Le rapport (environ trois cent pages, en Anglais) du panel d’experts à l’adresse suivante :
www.youmeunity.org.au..


Le texte de l’Accord de Nouméa (Nouvelle-Calédonie)

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000555817&dateTexte=

Un pas de plus vers la reconnaissance constitutionnelle des Aborigènes

Rédigé par PAD le Vendredi 20 Janvier 2012 à 05:59 | Lu 1372 fois