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Un magasin gratuit et un café-boutique solidaire, le nouveau défi de Lénaïk Bertho


FINISTERE, le 30 août 2016. Lénaïk Bertho, ancienne animatrice télé et radio sur RFO Polynésie, a pour projet d'ouvrir un magasin gratuit et un café-boutique solidaire à Fouesnant, dans le Finistère. Un projet pour mettre fin à la surconsommation et au gaspillage.

Comment est né le projet d'ouvrir un magasin gratuit et un café-boutique solidaire ?
Lénaïk Bertho : À l'occasion d'un casting à Paris, en novembre dernier, j'ai entendu parler de la Boutique sans argent et j'ai décidé d'aller voir le lieu. C'est alors une révélation ! L'une des responsables sur place me présente le projet et me parle d'une formation, le CFGA (certificat de formation à la gestion associative). C'est ainsi que je me suis inscrite pour une formation intensive d'un mois et demi. Cette formation a démarré en février.
L'examen a eu lieu en juin. Le diplôme en poche je suis rentrée à Fouesnant où j'ai proposé le projet à la commune. Ce projet s'est imposé à moi de façon naturelle. J'ai découvert de nouveaux termes, l'économie sociale et solidaire et de merveilleux autres projets similaires en France et ailleurs dans le monde. Des exemples inspirants que j'ai souhaité transposer dans le Finistère sud où j'habite aujourd'hui au travers de valeurs et d'activités que j'aime et qui me tiennent à cœur : le bien-vivre ensemble, le partage de biens et services, la sensibilisation à la surconsommation, au gaspillage et à la gestion des déchets...

Pourquoi avez-vous choisi Fouesnant pour mettre en place ce projet ?
Tout simplement parce que mon mari y vit ! Et puis, parce qu'il y fait bon vivre ! La mer, les fruits de mer, les habitants chaleureux, la fraîcheur !
Le hasard faisant bien les choses, j'y ai même trouvé des liens avec le fenua ! Un rond-point du Pacifique avec des tiki et des ti'i et une pancarte indiquant le nombre de kilomètres entre Fouesnant et Tahiti ! Même l'eau claire me fait penser à celle de nos lagons polynésiens ! Et puis, il se trouve qu'il y a déjà une autre tahitienne qui y vit : Verna Teiti, l'ancienne directrice de la maison du tourisme à Paris, la grande sœur d'une copine de collège ! Le monde est petit !

Comment ce projet Ker Lodenna (la maison du partage) pourra-t-il fonctionner financièrement ?
Comme toutes les associations, le mécénat et les subventions publiques seront des sources de financement incontournables. Toutefois, je souhaite que l'association ne soit pas tributaire et dépendante de ces subventions, c'est pourquoi il est prévu dans le projet un espace "commercial", avec un café et une boutique solidaire. Dans le premier espace, une cantine vegan participative afin de proposer des menus élaborés grâce à des fruits et légumes invendus et récupérés directement sur les marchés et supermarchés, pour sensibiliser la population au gaspillage et offrir des menus originaux et sains à prix libres.
Dans le second espace, des articles neufs seront vendus aussi à prix libres. Nous pourrons pour cela nous fournir au sein d'une autre association, l'agence du don en nature qui s'est spécialisée dans la récupération de produits destinés à l'incinération pour diverses raisons, auprès de sociétés partenaires. La boutique solidaire pourra également être la vitrine d'artisans, de producteurs et d'artistes locaux.
D'autre part, il est prévu d'organiser des ateliers, des conférences-débats, des rencontres afin de partager des expériences, des savoir-faire, etc. À prix libres !

Que pourra-t-on trouver dans ce lieu ?
Tout ce que l'on peut trouver dans une maison, de la cave au grenier en passant par le garage, la cuisine... autrement dit, des outils, du linge de maison, de la vaisselle, des livres, des jouets, des vêtements, des meubles, bref, tout ce que chacun possède chez soi mais n'utilise plus. L'idée est donc de redonner vie à ces objets oubliés dans les placards. C'est une alternative à la poubelle, au vide-grenier ou aux marchés aux puces que tout le monde n'aime pas faire. Et puis, c'est une magnifique occasion de faire le tri chez soi. Comme tout ce qui est récupéré est en bon état et qu'il n'y a aucune réparation ni transformation, tous les objets seront remis en circulation après avoir été pesés et répertoriés. Ceci afin de justifier de notre activité auprès de nos mécènes. Comme nous participons dans une certaine mesure à la gestion des déchets, il est important de savoir combien d'objets transitent par le magasin gratuit.
Ce magasin a bien sûr une dimension sociale parce qu'il permettra à des gens dans le besoin de pouvoir trouver des objets qu'ils ne peuvent s'offrir en raison d'un budget trop serré, mais celui-ci étant ouvert à tous (sans distinction de revenus ou de statuts), il œuvre surtout à faire rencontrer l'autre, le voisin de palier, comme l'inconnu du bus ! Puisqu'il n'est pas inscrit sur notre front nos pouvoirs d'achats, l'un et l'autre peut faire connaissance sans a priori, sans clichés, libres et égaux sur des sujets passionnants et fédérateurs tels que l'économie sociale et solidaire, la préservation de l'environnement, les prises de conscience, le bien-être, l'alimentation...
Dans ce lieu, on pourra donc faire son shopping, se reposer, lire, discuter, se nourrir, échanger, apprendre, participer, donner, prendre, rire et sourire !

Est-ce que ce projet signifie que vous avez mis de côté votre carrière d'animatrice ?
Oui... et non. J'ai très envie de transmettre mon expérience à la nouvelle génération. C'est pourquoi, j'ai aussi prévu une radio et une web-tv dans le projet !




Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 30 Août 2016 à 16:41 | Lu 10275 fois