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"Un juge doit avoir une bonne concentration car le surfeur ne passe pas longtemps sur la vague"


Chaque année huit arbitres jugent les performances des surfeurs lors de la Billabong Pro. Deux d'entre eux sont de Polynésie. Les autres sont des juges internationaux. Doumé, qui dirige l’école de surf itinui a été le deuxième juge polynésien sélectionné pour arbitrer la Billabong Pro. Un métier exigeant qui lui permet également de progresser dans sa pratique personnelle.

Comment devient-on arbitre d'une compétition de surf ?

Je me suis formé sur le terrain. Quand je suis arrivé sur le Territoire, j'ai emmené les élèves de mon école de surf Itinui au championnat de Tahiti, on m'a demandé de venir aider à juger car j'avais mon brevet d'état de prof de surf. Au fur et à mesure, la fédération tahitienne de surf (FTS) m'a demandé de juger des compétitions de plus en plus importantes. Cela m’a vite passionné, et je me suis rendu compte que d’analyser le surf en compétition me faisait progresser dans mon surf ainsi que dans mon métier, surtout pour les cours de perfectionnement. De plus, l’idée de pouvoir juger une étape du championnat du monde était mon rêve, ça m’a beaucoup motivé. J’ai commencé à juger en 2004 et j'ai été sélectionné en 2011 pour juger la Billabong.

Justement, sur quels critères juges-tu un surfeur ?

Les juges analysent la prestation du surfer, l'engagement et le degré de difficulté, s’il réalise des manœuvres innovantes, (ex : aerials 360 dit air reverse), s’il combine plusieurs grosses manœuvres, s’il varie ses manœuvres, et enfin s’il évolue avec de la vitesse, de la puissance et de la fluidité. Tout au long de l’histoire du surf, les critères n’ont cessé d’évoluer et cela a contribué à l’évolution du surf.
Un juge doit avoir une bonne concentration car le surfeur ne passe pas longtemps sur la vague. Une série dure 15 à 20 minutes et on retient les deux meilleures. Si l’un d’eux n’a pu avoir qu’une bonne vague sur 2, il risque fort de perdre sa série, et donc d’être éliminé. Ils recherchent la meilleure vague, c'est rare qu'ils en prennent plus de 10. Ils ont plusieurs tours à passer, celui qui gagne enchaîne donc plusieurs séries. Pour Teahupoo, il passe 6 ou 7 fois devant le jury.

Qu'est-ce qu'une bonne vague ?

Les meilleurs vagues à Teahupoo, sont celles ou le surfer se lève et descend en chute libre (Late Take Off) pour amerrir en bas, faire un gros virage (Bottom) pour se caler sous cette énorme lèvre, surfer le tube et surtout sortir proprement avec le souffle ! C’est ce que l’on appelle une bombe !


Quels sont les surfers qui t'ont marqué à Teahupoo ?
J'ai jugé des stars mondiales du surf comme Kelly Slater ou John John Florence, qui surfe Teahupoo comme personne. Chez les Tahitiens il y a de plus en plus de bons surfeurs comme Manoa Drollet, Tikanui Smith, Tuhiti Haumani et Matahi Drollet qui peuvent rivaliser avec les meilleurs mondiaux. D'ailleurs, pendant les trials, quelques jours avant la Billabong Pro, nous départageons les surfeurs tahitiens et les internationaux. Il y a 16 places pour les locaux et 16 places pour les internationaux. Ce sont les qualifications et il y 2 invitations à gagner pour la Billabong pro.

Quels sont les bonnes conditions météorologiques pour une compétition de surf ?

L'année dernière, pour la Billabong Pro, nous avions des conditions d'exception : du soleil, pas de vent, une grosse houle du Sud-Ouest. Plein de record ont été battus, c'était incroyable.

Vous manquez de juge en Polynésie ?

Oui, j'incite les gens à venir juger, ça peut paraître ingrat pour un surfeur mais en fait c'est un vrai travail d'analyse du surf. Pour ma part, ça m'a permis de progresser dans ma pratique du surf et je peux donner de meilleurs conseils à mes élèves. Nous manquons vraiment de juge en Polynésie.

Un conseil pour un juge qui veut se lancer ?

C’est important d'apprendre à juger toutes les catégories et les disciplines, ainsi tu travailles ta mémoire, ton analyse, ta concentration. Il faut beaucoup pratiquer pour arriver à un bon niveau.

La Billabong pro se déroulera du 14 au 25 août 2015 à Teahupoʻo, Tahiti

Les critères de jugements d'une compétition de surf :

> 1- Engagement, degrés de difficulté
> 2-Manoeuvres innovantes
> 3-Combinaison de manœuvres majeures
> 4-Variété des manœuvres
> 5-Vitesse, Puissance et Fluidité

Pour ceux qui veulent apprendre à juger :

Contacter Doume : 87 731 421
Sur Facebook : ecole de surf ITINUI

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Samedi 1 Août 2015 à 07:09 | Lu 1008 fois