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Un adolescent radicalisé jugé pour avoir tenté d'assassiner un enseignant juif


Paris, France | AFP | mercredi 01/03/2017 - Pour la première fois, un tribunal pour enfants va juger en matière criminelle terroriste: un adolescent radicalisé qui avait attaqué à la machette un enseignant juif à Marseille il y a un an comparaît mercredi à huis clos, un procès attendu par la victime pour "aller de l'avant".

C'est la première attaque à caractère jihadiste commise ces dernières années sur le sol français à être jugée.
Depuis plus d'un an qu'il est en détention, l'adolescent a pris conscience de la gravité de son geste, "et il regrette énormément", a déclaré à la presse son avocat, Me Merabi Murgulia. Son évolution est "flagrante", "impressionnante, dans le sens positif", a ajouté l'avocat, et va présenter ses excuses à la victime lors du procès.
Regrets et excuses attendus par l'enseignant Benjamin Amsellem, et qui représentent pour lui une "étape importante pour pouvoir aller de l'avant et retrouver une vie normale".
L'adolescent "a toute sa vie devant lui, il est jeune et je pense qu'il peut décider de devenir meilleur, j'espère que c'est dans ce sens-là qu'il avance aujourd'hui", a ajouté M. Amsellem.
Son avocat, Me Fabrice Labi aurait souhaité que les débats soient publics, "pour que l'opinion publique comprenne, pour que tout le monde sache exactement ce qui s'est passé et surtout quelle est la souffrance de la victime".
Poursuivi pour tentative d'assassinat, aggravée en raison de l'appartenance de la victime à une religion déterminée et en relation avec une entreprise terroriste, l'adolescent risque jusqu'à 20 ans de prison.
Âgé de 15 ans au moment des faits, le jeune homme, un Turc d'origine kurde - une communauté dont des milices combattent le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak - avait dit avoir agi "au nom d'Allah" et vouloir "+planter+ les juifs et les policiers", qualifiés de "mécréants".
Déclarations qui font "froid dans le dos", a souligné Me Labi.
Il s'était aussi réclamé de l'EI, tout en assurant en garde à vue avoir agi seul. Le groupe jihadiste lance des appels à ses partisans pour des passages à l'acte isolés dans des pays qu'il considère ennemis, comme la France.
Benjamin Amsellem, professeur dans une école confessionnelle, avait été agressé en pleine rue le 11 janvier 2016. Il avait réussi à se défendre en parant les coups avec la Torah qu'il tenait à la main, et n'a souffert que de blessures légères.
L'adolescent, en classe de seconde, avait été interpellé quelques minutes après l'agression. Dans sa fuite, il avait abandonné sa machette et son sac de classe. A la ceinture, il cachait une deuxième lame: un couteau qu'il comptait utiliser pour tuer les policiers qui allaient finalement l'interpeller.
Arrivé en France à 11 ans pour rejoindre son père réfugié dans ce pays, l'adolescent n'a laissé deviner quasiment aucun signe de sa radicalisation à ses amis, parents ou professeurs.
Il administrait un compte Twitter relayant des appels au jihad, avait dans son téléphone des photos de jihadistes et d'armes, mais n'était pas dans le radar des services de renseignements. Il a acheté la machette quelques jours avant, dans un magasin de bricolage.
Le président du consistoire local avait conseillé de s'abstenir de porter la kippa dans la rue, par sécurité, ce qui avait suscité une vive polémique.
Le président François Hollande avait, lui, jugé "insupportable" que des citoyens français estiment nécessaire de "se cacher".
Le procès doit se tenir jusqu'à jeudi, et la décision du tribunal devrait être rendue en fin de journée.
Selon une source judiciaire, 53 mineurs sont mis en examen dans des dossier jihadistes.

le Mercredi 1 Mars 2017 à 05:36 | Lu 261 fois