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Travailleurs handicapés : l'APRP plus nécessaire que jamais


PAPEETE, le 28 septembre 2017 - Les ateliers pour la réinsertion des travailleurs handicapés sont le seul établissement de travail protégé agréé en Polynésie. En fonction depuis dix ans, ils accueillent une vingtaine de personnes en situation de handicap et les aident à s'insérer dans le monde de l'entreprise.

Dans la vallée de Titioro à Papeete, le balai des monte-charges et des transpalettes s'accélère en ce mardi matin. Il est un peu moins de neuf heures. Les employés des différentes entreprises travaillent depuis plusieurs heures. Au milieu de cette fourmilière, les équipes de l'atelier pour la réinsertion professionnelle (APRP) s'affairent elles aussi à la tâche. Au rez-de-chaussée, c'est l'atelier conditionnement. Une partie des employés s'occupe de la mise sous carton d'aliments. Un peu plus loin, d'autres trient et filment les différents produits.

Cette entreprise est semblable aux autres. Seule différence: les employés. Les ateliers pour la réinsertion professionnelle s'appuient sur les compétences de personnes en situation de handicap. 19 hommes et femmes, d'âges et d'horizons différents, y travaillent chaque jour. "Nous avons une mission d'intérêt général qui est l'insertion des travailleurs handicapés sur le marché du travail", déclare Candice Simier, la directrice.

En retrait de l'agitation de l'atelier, dans un bureau, un homme tapote sur son clavier. Des chiffres et des noms défilent sur l'écran. "Voici un de nos stagiaires qui sera bientôt embauché, assure la directrice de l'APRP, Candice Simier en lui souriant. Nous sommes tous satisfaits de son travail." Chaque employé suit ce parcours. Avant d'obtenir un contrat à dure indéterminée (CDI), les demandeurs d'emploi passent par la case stage. Pendant six mois, ils observent et travaillent. Le Sefi leur verse une indemnité toute la durée du stage.

Une dizaine de pas plus loin, une autre salle se dévoile. Exit les cartons et les étiquettes. Place aux photocopies et au tirage de plans. Les APRP proposent des prestations de reprographie. Les personnes profitent de ces expériences, à la fois professionnelle et sociale, pour se préparer au monde de l'entreprise. L'objectif de la directrice n'est pas de garder "ses travailleurs" mais de leur donner les clés de la réussite.

Pour la directrice, l'APRP contribue à la construction sociale de la Polynésie française. "Il est essentiel d'insérer ou de réinsérer dans le monde du travail tous ceux qui peuvent l'être. Il ne faut pas tenir les gens en marge de l'emploi, insiste Candice Simier. Cela permet de construire une société plus juste."

100 % D'INSERTION

Une fois les employés prêts à être insérés dans une autre entreprise, Candice Simier les met en relation avec leurs potentiels patrons. "Nous faisons des bilans réguliers de chaque personne. Nous les proposons ensuite aux contacts que nous avons. Il y a aussi des entreprises qui viennent nous voir d'elle-même, sans être soumis à l'obligation d'avoir des employés en situation de handicap. Il y a un pur élan social, ce qui m'a beaucoup surpris au départ", reconnaît-elle.

Selon les chiffres de la directrice, l'APRP atteint 100 % d'insertion. Le secret de cette réussite? Des compétences valorisées. Chaque personne recrutée possède un savoir-faire et une capacité d'apprendre. Les équipes de l'APRP les aide à mettre tout ceci en musique. "Ici, les gens savent bosser ! Leur salaire, ils le méritent!"


Travail et handicap : que dit la loi?

En Polynésie française depuis 2007, tout employeur occupant au moins 25 salariés est tenu d'employer des travailleurs handicapés dans la proportion de 2 % de l'effectif total de ses salariés. Faute de quoi, il est tenu de s’acquitter, au bénéfice du Fonds pour l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés (FIPTH), d’une participation financière annuelle équivalente à 2500 fois le SMIG horaire, pour chacun des travailleurs handicapés manquant ou correspondant à l'obligation d'emploi. Cette participation peut être réduite, voire totalement compensée, si cet employeur dispose d’un contrat de sous-traitance ou des prestations de services avec les Ateliers pour la réinsertion des travailleurs handicapés (APRP).


A l'origine…

Les ateliers pour la réinsertion professionnelle sont nés en 2007 de la volonté d'un privé. Une personne handicapée a eu l'idée de monter cette entreprise pour aider les personnes en situation de handicap en leur donnant du travail. Entreprise à part entière, l'APRP figure dans le code du travail au chapitre des entreprises adaptées. Une convention entre celle-ci et le Pays a été mise en place afin de dresser le cadre de sa mission. Problème : la perte de compétitivité reste inévitable. Pour la compenser, l'APRP compte sur le principe d'une subvention mensuelle du gouvernement, qui tarde parfois à venir. En début de mois, la ministre du travail, Tea Frogier a présenté deux projets d'arrêtés qui visent à octroyer une subvention. Le gouvernement prévoit de verser cette année 47,3 millions de francs aux APRP.

Rédigé par Amelie David le Jeudi 28 Septembre 2017 à 17:31 | Lu 2972 fois