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Teiva Manutahi : "Laissez-moi travailler !"


PAPEETE, 16 septembre 2015 – Le médiateur de la Polynésie française a reçu la presse dans ses locaux de l’immeuble Lejeune pour répondre à la question écrite adressée par le groupe UPLD au gouvernement.

"Ce n’est pas parce que je ne suis pas tous les matins dans la presse à dire ce que je fais que je ne travaille pas", lâchera-t-il au cours de cette longue mise au point un peu théâtrale. Devant Teiva Manutahi, sur la table, une pile de "1600 courriers" adressés au fil des 18 derniers mois à "plus de 400 familles". Quelques minutes plus tôt, en préambule de cette conférence de presse, il venait d'inviter tout le monde à visiter son bureau, une pièce sombre aux murs décrépits et mal peints. Après avoir mis en scène le spectacle d'une relative indigence de ses locaux, l'heure était venue de faire l'inventaire par le menu des actions menées depuis avril 2014.

Lundi, une question écrite adressée par le groupe UPLD au gouvernement et transmise le même jour à la presse, interpelle au sujet de l’activité réelle du médiateur de la Polynésie française.

Le groupe UPLD demande au gouvernement, par la voix de Eliane Tevahitua, de transmettre aux élus de l’assemblée le rapport d’activité du médiateur et d’indiquer les "privilèges et avantages en espèces et en nature attachés" à cette fonction. "Les fonctions de médiateur laissent apparemment beaucoup de temps libre à son titulaire actuel. Outre le fait qu’il cumule la présidence d’un parti politique et celle de la très récente Société des éditeurs compositeurs auteurs musiciens-interprètes de Polynésie française (Sécamap), on l’a vu ces jours-ci dans la presse s’employer à médiatiser deux sociétés commerciales nouvellement créées. Le médiateur ne craint visiblement ni le cumul des fonctions, ni les conflits d’intérêts, ni le mélange des genres !", s’étonne aussi le groupe souverainiste.

Teiva Manutahi s’est dit "surpris par la démarche" : le rapport d’activité du médiateur de la Polynésie a été réalisé par Hubert Derache, son ancien secrétaire-général, avant d’être transmis le 15 mai au Président Fritch et communiqué par ce dernier au président de l’assemblée, affirme-t-il avant d'en détailler le contenu.

Concernant le "cumul des fonctions" et les "conflits d’intérêts" dont le taxe l’UPLD : "Je ne suis pas en colère ; mais le mal est fait" explique Teiva Manutahi en affirmant n’avoir d’autre revenu que celui que lui vaut déjà son emploi de fonctionnaire détaché du ministère des Affaires sociales, catégorie B échelon 11 avec "15 ans d’ancienneté". Le miel, c'est sa femme. Il l'aide pendant ses congés. A la Sécamap, il est bénévole.

Attaché à votre fonction de médiateur, n’y a-t-il pas d’avantages en nature ?

Teiva Manutahi : Aucun. Je dis bien, aucun. Même pas un véhicule de service. Il n’y a aucun avantage en nature attaché à ma fonction.

L’UPLD adresse une question au gouvernement. Pourquoi vous empressez-vous d’y répondre ?

Teiva Manutahi : Le groupe UPLD a saisi le gouvernement et Jean-Christophe Bouissou, par rapport à son portefeuille ministériel. Mais, ne pensez-vous pas que c’est moi qui suis directement visé ? Pensez-vous que l’on peut salir le médiateur de la Polynésie sans qu’il ne puisse rien répondre ? Cette lettre vise Teiva Manutahi : elle est on ne peut plus explicite.

L’UPLD s’interroge sur le "mélange des genres".

Teiva Manutahi : Je ne vous ai pas trouvé inquiets lorsque M. Temaru allait jouer au golf alors qu’il était Président du Pays. Jouons cartes sur table : il cumulait les salaires de Président du Pays, de maire de Faa’a et sa retraite de douanier. (…) Moi, je suis bénévole dans la société Sécamap.

Souhaitez-vous être renouvelé à la fonction de médiateur de la Polynésie, l’année prochaine, lorsque votre premier mandat de deux ans arrivera à échéance ?

Teiva Manutahi : Qui que ce soit, la Polynésie a besoin d’un médiateur. Il faut bien un amortisseur social. L’outil est utile. C’est une nécessité vis-à-vis de la population. Je défendrai cela. Et si je dois être remplacé, je défendrai mon successeur.
Je connais les conditions de mon contrat. Si on me demande de rester, je reste. Sinon je réintègre mon administration.
Pour l’heure, mon souhait le plus profond c’est d’être respecté dans mes compétences et dans ma technicité. Que l’on arrête de dire que je suis un animateur : j’ai un diplôme d’éducateur spécialisé. J’ai financé mes études à Limoges puis à Bordeaux. Je suis parti à la PJJ de Versailles. Ici, j’ai failli être le directeur du Spip (le service pénitentiaire d’insertion et de probation, ndlr)
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Quelles sont vos relations avec Gaston Flosse aujourd’hui ?

Teiva Manutahi : Aucune en particulier. A part cette attaque frontale de l’UPLD, chacun a bien compris que j’exerce dans la neutralité la plus complète et que je suis fidèle et loyal au gouvernement, à ses ministres et au Président. Donc je ne vais pas vous donner de la polémique là où il n’y en a pas. Je n’ai rien à dire sur mes rapports avec qui que ce soit. Je bosse ; laissez-moi bosser ! Je pense que chacun a compris qu’il fallait laisser travailler le médiateur de la Polynésie française.

Le médiateur de la Polynésie française dans son bureau, au rez-de-chaussée de l'immeuble Lejeune à Papeete.
Le médiateur de la Polynésie française dans son bureau, au rez-de-chaussée de l'immeuble Lejeune à Papeete.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 16 Septembre 2015 à 14:58 | Lu 2937 fois